Décès de Léo Micheli : une page de l'histoire de la Corse se tourne

Il était le dernier survivant des chefs de la Résistance insulaire. Léo Micheli est mort à l'âge de 98 ans au terme d'une vie faite de courage et de convictions. Retour sur un parcours hors-normes.

Il était né Etienne Micheli, à Bastia, un soir d'automne 1923. Mais tout le monde le connaît sous le nom de Léo.   

"Léo", c'est le nom qu'il prend, au sortir de l'adolescence, alors que l'Europe ploie sous le joug fasciste. Et que le jeune étudiant entre en Résistance. 

Aux âmes bien nées...

Au sein du lycée Pétain, en haut du boulevard Paoli, Léo suit les cours de l'Ecole normale. Loin des regards de la police de Vichy. Dès 1941 il y mène des opérations de plus en plus ambitieuses de propagande pour le Parti Communiste, puis le FN (Front National), qui en est une émanation. 

Remarqué par la direction du PC de la zone Sud, il est nommé, en 1942, au poste de responsable aux cadres du parti pour la Haute-Corse. Il n'a même pas vingt ans. Léo Micheli, jour après jour, multiplie les initiatives pour lutter contre les occupants. Il devient ainsi le créateur du Front patriotique des jeunes en Corse, qu'il implante à travers l'île, en prenant soin de passer sous le radar des autorités. 

Lorsque les troupes italiennes débarquent, en novembre 1942, il est l'un des deux seuls dirigeants communistes du département à ne pas quitter Bastia. L'autre est Raoul Begnini, dont il est très proche. 

En 1943, Etienne Micheli devient Leo Micheli même pour les occupants. Lors des émeutes de Bastia, en mars, il se fait remarquer par la police de Vichy et les italiens, et lui qui, jusque-là, faisait acte de résistance au cœur même de la machine fasciste, est contraint de prendre le maquis. Le 8 septembre 1943, il participe activement à l'insurrection menée par le PC et le Front National à Bastia.

Un homme de convictions

Après la Libération de la Corse, Léo Micheli ne dépose pas les armes. Mobilisé, il part à Alger, et au sein d'un régiment de tirailleurs nord-africains, traverse de nouveau la Méditerranée lors de la libération de la France. 

Dans la France de l'après-guerre, durant une dizaine d'années, Léo Micheli vit, travaille, et respire communiste. Il est appelé à Paris, devient cadre national du PC, et enseigne à l'école nationale du parti. 

La raison, le XXème Congrès du Parti communiste de l'Union Soviétique. Un événement qui enclenche le processus de destalinisation du parti, à la suite du rapport lu par Nikita Khrouchtchev.

Le PC français refuse de rendre public ce rapport, ce qui provoque la colère de Léo Micheli. Ce dernier critique publiquement cette décision, et Micheli quitte ses responsabilités au comité central du Parti communiste et au secrétariat de Jacques Duclot .  

Un héros très discret

Prenant ses distances avec la chose publique, Léo Micheli travaillera, durant de longues années, chez Larousse, où il occupera un poste de cadre supérieur. 

Humble, et très discret concernant les nombreux actes héroïques qui lui ont valu décorations et reconnaissance au plan national, Léo Micheli avait néanmoins accepté en 2012, de se prêter au jeu de l'entretien avec Dominique Lanzalavi, qui lui a consacré un long et précieux documentaire, Nom de code : Léo, et un livre, En homme libre. 

Etienne Micheli s'est éteint à l'âge de 98 ans. Ce siècle, il l'aura traversé animé d'une foi à toute épreuve en l'idée de liberté. Sans jamais mettre genou à terre.

Peu importe le prénom qu'on lui donnait. 

Hommages fournis parmi les élus insulaires

Depuis l'annonce de son décès, les hommages se sont multipliés du côté des élus insulaires.

"Etienne Micheli, Léo de son nom de guerre, nous a quittés. Entré en Résistance à l’âge de 16 ans en 1939, il fut fidèle toute sa vie aux idéaux de justice et de liberté. Sa présence et ses choix continueront à éclairer notre chemin. U pienghjimu. Cunduglianze afflitte à i soii", s'émeut Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse, dans un tweet.

Michel Stefani, chef de file du Parti communiste corse, retrace, dans une longue lettre, le parcous "d'un héros" intimement lié aux fondements du communisme insulaire. Un message repris par le Parti communiste français, qui honore dans un communiqué posté dans la soirée du 31 août "l’histoire de Léo, pseudo de Résistant choisi dans la clandestinité, se confond intimement avec celle des débuts du communisme bastiais et insulaire dont il fut l'un des principaux acteurs." 

"C'est une très grande figure de la Résistance et de la gauche insulaire qui disparaît", déplore enfin Emile Zuccarelli, président d'honneur du Mouvement Radical. "Homme de courage, il avait été le benjamin des responsables de cette résistance dont il servira toute sa vie la mémoire à propos notamment de Jean Nicoli. Homme de fidélité il n’avait jamais renié les idéaux qui l’avaient conduit au Parti Communiste Français et lui valaient l’estime de toute la Gauche." 

Léo Micheli, poursuit l'ancien maire de Bastia, "était aussi un homme de culture qui allait faire une brillante carrière dans l’édition. Toujours sur la brèche il avait eu l’honneur d’être choisi pour s’exprimer au nom de la résistance corse devant le président de la République lors du 70eme anniversaire de libération de la Corse. A son épouse, à ses enfants et petits-enfants nous disons notre affectueuse sympathie."

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