Avant l’été, affirment les ministres; à l’automne, regrettait, il y a quelques jours l’exécutif du groupe ADP (aéroport de Paris). Depuis, neuf compagnies aériennes dont Air Corsica font pression pour une réouverture d’Orly le 26 juin. On pourrait avoir la réponse ce jeudi.
"Peut-être avant l’été". C’est la dernière information disponible sur l’éventuelle réouverture d’Orly, et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on n’est pas très avancé. Ces mots ont été prononcés ce mercredi matin sur Europe 1 par la ministre de la Transition écologique. Interrogée sur cette réouverture, Elisabeth Borne a répondu qu'elle pourrait intervenir "peut-être avant l'été", sans préciser de date, soulignant néanmoins que les "conseils scientifiques" étaient consultés sur le sujet. Sans plus de détails.
« Pas seulement pour quelques vols »
Cette annonce s’inscrit dans la droite ligne des déclarations ministérielles sur le sujet depuis la mi-mai ; mais elle tranche singulièrement avec les propos des responsables d’ADP.Le 7 mai, dans Challenges, le directeur général exécutif du groupe ADP, Edward Arkwright, expliquait ainsi que l’aéroport du sud de Paris, fermé le 31 mars faute de trafic, pourrait le rester jusqu’à l’automne. "Nous aimerions évidemment qu'Orly rouvre le plus tôt possible, précisait Edward Arkwright. Mais pour cela, il faudrait qu'il y ait un trafic suffisant. Or, il n'y a pas encore de visibilité sur le niveau de la reprise des vols qui va dépendre à la fois de la demande des passagers, mais aussi du rythme de réouverture des frontières en Europe et à l'international, sans doute beaucoup plus tardivement. Cela n'aurait aucun sens économique et financier de faire redémarrer une plateforme de la taille d'Orly, qui accueille en temps normal entre 80.000 et 100.000 passagers pour seulement quelques vols."
Pas "seulement pour quelques vols", c’est exactement ce que déclarait quelques jours plus tard le PDG d’ADP Augustin de Romanet, selon le quotidien Les Échos, lors de l’assemblée générale des actionnaires qui s’était tenue à huis clos.Cela n'aurait aucun sens économique et financier de faire redémarrer une plateforme de la taille d'Orly, qui accueille en temps normal entre 80.000 et 100.000 passagers pour seulement quelques vols. -Edward Arkwright, ADP.
26 juin, sous conditions
Mais cette analyse qui fait bondir les compagnies aériennes, à commencer par le président du directoire d’Air Corsica, l’une des neuf compagnies à avoir demandé à l’État de rouvrir Orly le 26 juin."Croyez-vous que les gens comprendraient qu’on concentre à Ajaccio l’activité des quatre aéroports de Corse en attendant le retour de notre trafic habituel ? Bien sûr que non, et nous ne le faisons pas", résume Luc Bereni.
Cette date du 26 juin, fixée par les utilisateurs d’Orly que sont Air Corsica, mais aussi Air France, Air Caraïbes ou Level, est aussi avancée par le gouvernement.
Le 10 mai, au grand jury RTC-LCI-Le Figaro, le secrétaire d’État aux Transports Jean-Baptiste Djebarri, a laissé entrevoir une ouverture partielle en cette veille du premier week-end des vacances d’été, "si l'ensemble de conditions sont réalisées", la première étant l’amélioration de la situation sanitaire.Croyez-vous que les gens comprendraient qu’on concentre à Ajaccio l’activité des quatre aéroports de Corse en attendant le retour de notre trafic habituel ? Bien sûr que non, et nous ne le faisons pas. -Luc Bereni, Air Corsica"
D’où les attentes très fortes du secteur aérien vis-à-vis des annonces que doit faire ce jeudi 28 mai le Premier ministre. Edouard Philippe se prononcera notamment sur la limite des 100 km. Et cela pourrait tout changer dans le ciel. "Est-ce que la règle des 100 km disparaîtra le 2 juin ? Tout dépend de cela, estime encore le président du directoire d’Air Corsica. La fermeture d’Orly ne tient que tant que les déplacements sont restreints."
Le détail de la phase 2 du déconfinement devrait donc mettre un terme au suspense concernant Orly. Car dans cette affaire, c’est le gouvernement qui aura le dernier mot.