Dans son discours prononcé dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse, jeudi 28 septembre, Emmanuel Macron a déclaré qu’il était favorable à une “autonomie à la Corse”. Une annonce accompagnée par celle d’une inscription de l’île dans un article propre de la Constitution. Réactions.
Le sujet est sensible. Au lendemain du discours d’Emmanuel Macron à l’Assemblée de Corse, les réactions des politiques nationaux sont peu nombreuses mais clivées.
Jeudi, dans un discours d’une quarantaine de minutes, le chef de l’État a notamment déclaré, devant les élus territoriaux, être favorable à “une autonomie à la Corse” et à “ce que les spécificités de la communauté insulaire corse soient reconnues dans la Constitution au sein d’un article propre”.
"Nous ne voterons pas cette autonomie"
Une plaidoirie que Sébastien Chenu, porte-parole du Rassemblement National (RN), déplore. Interrogé par FranceInfo, ce vendredi 29 septembre, il précise : “Ça ouvre une page sur la déconstruction de ce qui solidifie notre pays, de ce qui le tient. Je crois qu’à force de tripatouiller, de donner des statuts parallèles, de donner des idées d’autonomie ou d’aller dans ce sens, et bien, on déconstruit l’unité nationale. Emmanuel Macron devrait plutôt s’attacher à solutionner les problèmes que rencontrent nos compatriotes corses.”
Quant à la position du RN lors de la présentation de la réforme constitutionnelle devant le Parlement rassemblé en Congrès. Sébastien Chenu répond : “Nous ne voterons pas cette autonomie. On est favorable à travailler sur les spécificités et les difficultés que rencontre la Corse, mais on n’est pas favorable à ce qu’elle devienne autonome avec un statut sur les résidents, avec un bilinguisme.”
Une “remise en cause de l’unité nationale” également soulignée par Nicolas Dupont-Aignan, président du parti Debout le France. Selon lui, par cette annonce, le président de la République “ne résout en rien les problèmes de l’île de beauté.” “Assez de cette démagogie, nos compatriotes méritent mieux !”, écrit-il dans un tweet.
“Un centralisme inefficace et d'un autre âge”
À Saint-Malo au congrès des régions de France lors du discours d’Emmanuel Macron à Ajaccio, le président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, a déclaré : “J’entends que le président de la République parle de plus de liberté, d’autonomie pour la Corse, pour agir dans des domaines importants comme le logement, les langues ou d’autres sujets, eh bien nous demandons la même chose.”
Dans un tweet, il précise sa position : “La modification de la Constitution annoncée par Emmanuel Macron ne doit pas oublier les autres collectivités de France. On ne peut avoir des élus avec plus d’autonomie d’action en Corse, et maintenir les autres dans un centralisme inefficace et d’un autre âge.”
Un “centralisme” également dénoncé par le député du Morbihan, Paul Molac, membre du groupe Libertés et Territoires à l’Assemblée nationale, groupe dont font partie les trois députés nationalistes insulaires. “Il ne marche nie en Bretagne ni en Corse : la demande d’autonomie exprimée par nos collectivités est une réponse à cette inefficacité des politiques publiques de l’État que les citoyens ressentent au quotidien. Rapprochons les décisions au plus près des réalités locales.”
Quant au député La France Insoumise, Eric Coquerel, “il n’y aurait rien de pire que ce soit une nouvelle promesse non tenue.”
En visite durant deux jours en Corse, Emmanuel Macron a quitté l’île ce vendredi 29 septembre après une ultime étape dans l’extrême sud où il a notamment rencontré le maire de Porto-Vecchio, Jean-Christophe Angelini.