Emmanuel Macron en Corse : "des mots forts", "un acte majeur", "une volonté posée", "plus de ligne rouge", les réactions des élus insulaires au discours du chef de l'Etat

Le président de la République a tenu un discours de près d'une heure face à l'Assemblée de Corse, à Ajaccio, ce jeudi 28 septembre. Un moment très attendu par les élus insulaires, qui s'estiment dans l'ensemble plutôt confiants - quoique prudents - pour la suite du processus de Beauvau.

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Un moment "important", voire même "historique"... Les espoirs, à l'approche du discours tant attendu d'Emmanuel Macron face aux élus de l'Assemblée de Corse, pour cette deuxième journée de déplacement officiel de chef de l'Etat sur l'île, étaient nombreux.

La prise de parole aura finalement duré près d'une heure, et s'est conclue par des applaudissements nourris, - auxquels n'ont néanmoins pas pris part plusieurs élus nationalistes -. Au sortir de l'hémicycle, certains témoignent rapidement de leur satisfaction. "Cela rejoint ce pour quoi nous nous battons depuis longtemps, estime Jean-Charles Orsucci, à savoir la prise en compte de la spécificité de la Corse dans la République à travers son inscription dans la Constitution."

"Des mots, et une ambition très forte"

"Il y a quand même eu des mots très forts avec une ambition très forte, à savoir une communauté insulaire qui soit reconnue dans sa dimension culturelle et linguistique, souligne le maire de Bonifacio. Je crois que tout ça va dans le bon sens. Mais il reste encore beaucoup de travail, il faut qu’on arrive en Corse à dégager des majorités très larges. C’est l’objectif qu’il faut réussir pour que la représentation nationale puisse suivre le mouvement et encourager les décisions qui auront été prises sur l'île."

Jean-Charles Orsucci en est convaincu : "Un accord est possible si chacun est capable de dépasser un engagement partisan, pour servir uniquement l’intérêt général, l’intérêt supérieur de la Corse et de la République. Dans ce cas-là, on peut dépasser les clivages qui sont mortifères et qui n’aboutiraient qu’au chaos alors que l’on veut la réussite de cette île."

"C'est un acte majeur"

Le député de droite de la première circonscription de Corse-du-Sud, Laurent Marcangeli, affirme se reconnaître "profondément dans le discours qui a été prononcé par le président de la République. C’est un acte majeur, qui était appelé par toutes les forces politiques représentées à l’Assemblée de Corse mais également au-delà."

Maintenant, poursuit-il, "il nous appartient de rendre ce discours palpable, par une production qui ne pourra s’effectuer que par la voie du consensus, le président l’a rappelé, et par la validation des Corses. C’est un discours qui nous engage, qui engage également l’État et qui je pense engage l’avenir de la Corse. Je suis pleinement satisfait par ce qui a été proposé."

"Le président de la République a ouvert le jeu"

Côté nationaliste, Jean-Félix Acquaviva, député Femu a Corsica de la seconde circonscription de Haute-Corse, constate "un président de la République qui a quand même ouvert le jeu. Il ouvre une discussion autour d’un article qui est consacré à une autonomie de la Corse, au sein de la République parce que c’était l’enjeu. Avec la définition à la fois d’un pouvoir d’habilitation mais en même temps d’un pouvoir normatif direct qui reste à définir dans ses champs de compétences ; une reconnaissance linguistique et de la communauté corse historique qu’elle représente."

Aujourd'hui, rappelle-t-il, "l’étape institutionnelle comme une étape historique a été évoquée, il s’agit bien d’une autonomie. Aujourd’hui, on peut s’atteler à réaliser la deuxième phase du processus. Des mots importants ont été prononcés, même si ce ne sont pas ceux de la délibération du 5 juillet. C’est la première fois qu’un président de la République les prononce devant l’Assemblée de Corse."

"Je pense que la volonté est posée"

Jean-Christophe Angelini, chef du groupe Avanzemu à l'Assemblée de Corse, indique lui avoir "besoin d'en parler avec l'ensemble" des membres du PNC, "mais à ce stade, il y a un très grand intérêt pour les termes qui ont été prononcés, et je le crois qui viennent illustrer le sentiment d’ouverture qu’on a pu ressentir hier au soir. Il y a même, semble-t-il, il une piste très sérieuse qui est désormais ouverte. Charge maintenant à nous tous d’analyser plus finement les choses et d’en débattre largement."

La page des violences, de l'incompréhension avec Paris est-elle pour autant, ce jeudi 28 septembre, enfin tournée ? Pas encore, estime Jean-Christophe Angelini, qui le souligne pour autant : "Je pense que la volonté est posée. Elle est posée à travers le choix de mots forts : l’autonomie, c’est la première fois je le crois qu’un président de la République dans l’Assemblée prononce ce mot-là. L’affirmation d’une communauté singulière, insulaire, historique, avec une langue propre et une culture particulière. Il a également été question de franchir un seuil nouveau, de changer radicalement de cadre, je crois qu’il y a les éléments d’une nouvelle perspective, c’est le débat des prochaines heures."

Le président de la République a indiqué son intention que ce travail "constitutionnel et organique mène à un accord d'ici six mois". Un délai raisonnable, pour le maire de Porto-Vecchio. "Nous avons beaucoup travaillé pendant ces 18 derniers mois. Incontestablement, les six mois qui viennent peuvent largement nous permettre d’entériner les termes d’une doctrine et d’aller plus loin ensemble. Mais ça suppose deux temporalités : une propre aux élus de la Corse, on a besoin d’aller plus loin ensemble, notamment sur la base des délibérations divergentes du 5 juillet, et l’autre entre la Corse et Paris, parce qu’on a besoin, ça a été clairement demandé, d’un consensus, y compris avec l’Assemblée nationale et le Sénat."

"Il faut noter un ton courtois, mais il n'y a pas eu de mots forts"

Chef de file du mouvement indépendantiste Core in Fronte, Paul-Félix Benedetti avait décliné son invitation, la veille, au dîner républicain tenu en préfecture de Corse-du-Sud. Bien présent dans l'hémicyle ce jeudi matin, il note, à l'issue de ce discours, "qu’il n’y a plus de lignes rouges, qu’on ouvre un cycle pour aboutir à un projet politique fondé. Je considère que le projet fondé a été déjà validé par la Collectivité de Corse avec ce vote du 5 juillet pour un projet conforme à nos attentes et conforme à la norme européenne pour les autres îles de Méditerranée."

"Je crois, reprend-il, que la balle est aujourd’hui dans le camp du pouvoir français pour qu’il valide définitivement ce projet." Cependant, reproche-t-il, s'il "faut noter un ton courtois, il n’y a pas eu de mots forts. Le mot peuple corse n’a pas été prononcé, alors que des prédécesseurs, dans le même contexte l’ont prononcé. Il y a eu le mot autonomie mais avec des adjectifs qualificatifs, une autonomie spécifique… C’est là où ça montre encore des points qui sont bloquants."

"Ce que je retiens du discours du Président, c'est qu'il n’y a aucune ligne rouge"

En fin d'après-midi, depuis la place Saint-Nicolas à Bastia, Gilles Simeoni a également réagi au discours d'Emmanuel Macron.

"Je pense que le président de la République a créé les conditions pour que la deuxième partie du processus puisse s'ouvrir dans de bonnes conditions. Il y a une référence claire à un statut d'autonomie pour la Corse, il y a la volonté de consacrer un titre ou un article spécifique à la Corse avec une mention dans ce titre, ce sont les termes du président de la République, de la reconnaissance d'une communauté historique, culturelle et linguistique", indique le président de l'Exécutif. 

"Il y a également la perspective d'un pouvoir normatif, soumis au contrôle du Conseil constitutionnel, ce qui peut apparaître comme une pré reconnaissance d’un pouvoir législatif, donc il y a un certain nombre d'éléments, il y en a d'autres qui font défaut, mais ce que je retiens également des propos du président de la République, c'est qu'il a dit qu’il n’y avait aucune ligne rouge", poursuit-il.

"Donc nous allons pouvoir dans les semaines et les mois à venir discuter de tout sans tabou et bien sûr, nous allons continuer, en ce qui nous concerne, à plaider en faveur des éléments qui avaient été votés à une très large majorité par l’Assemblée de Corse."

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