Découvrez la faune sauvage méditerranéenne dans le documentaire Pélagos, ce mercredi à 21h45 sur ViaStella !

À travers le voyage d'un groupe de rorquals du Sud au Nord de la Méditerranée, les réalisateurs de ce documentaire nous permettent de faire connaissance avec certaines espèces, parfois méconnues, et de prendre conscience des dangers qui les menacent...

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La Méditerranée ne constitue pas, de par sa superficie, une grande partie des mers et océans terrestres, puisqu'elle n'en représente qu'un "petit" pourcent.
Il n'en est pas de même pour sa biodiversité car le Mare Nostrum regroupe près de 10% des espèces recensées dans le monde ! Parmi elles, au large, une multitude d'êtres vivants occupe la partie supérieure de la colonne d'eau, proche de la surface. On appelle ces espèces "faune pélagique". Cette richesse a éveillé les consciences, dès la fin du siècle dernier, et une zone maritime internationale dédiée à la protection des mammifères marins et de leurs habitats en Méditerranée a été créé en 1999.

Le sanctuaire de Pélagos

Un accord multilatéral entre la France, l’Italie et la principauté de Monaco a permis l'inscription de cet espace de 87000 km2, appelé Pélagos, sur la liste des Aires Spécialement Protégées d’Importance Méditerranéenne (ASPIM) dans le cadre de la Convention de Barcelone.

Son rôle est de promouvoir des actions et des mesures de gestion harmonisées en faveur de la protection des cétacés et de leurs habitats contre tous les dangers potentiels et les principales causes possibles de perturbation et de mortalité d’origine humaine.

Ce sanctuaire ne peut néanmoins pas être considéré comme une véritable zone de protection (la pêche n'y est d'ailleurs pas totalement interdite, mais plutôt limitée et contrôlée dans ces modes d'action), mais plutôt comme un territoire couvert par un accord où les actions de protection et de gestion sont menés conjointement par 3 pays.

Le film, "Voyage au large de la Méditerranée"

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Suivez la migration des rorquals de Méditerranée dans ce magnifique documentaire ! ©France 3 Corse ViaStella / Les films du vivant / Fanny Productions

Frédéric Larrey et Thomas Roger, les 2 réalisateurs, sont 2 passionnés de la mer et des océans, aux multiples casquettes. Cinéastes, bien entendu, mais aussi photographes émérites (ils ont reçu en 2013 le prix mondial du livre de l'image sous-marine pour leur ouvrage, également intitulé "Pelagos") et organisateurs de balades en mer, pour faire découvrir les richesses immenses de notre mer  au grand public, et leur faire prendre conscience de l'importance de leur préservation.

Ce film, qui est une aventure de longue haleine, comme expliqué dans l'interview en fin d'article, nous ramène à la fin de l'hiver 2022. Un "monstre des mers", le rorqual commun, 20 mètres et 40 tonnes, débute sa migration du Sud de la Méditerranée vers les eaux plus froides du Nord, pour sa reproduction. Nous accompagnerons quelques spécimens, et au fil du voyage, nous ferons la connaissance d'une partie des espèces de ce riche écosystème. Baleines, cachalots, dauphins, tortues caouanne, poissons lunes, requins, thons, méduses, diables des mers, crustacés ou organismes planctoniques de toutes sortes…

Des rencontre originales, qui vont nous permettre de découvrir des situations insolites, et des comportement surprenants, de la tortue caouanne, qui sert de "maison" à tout un mini-écosystème, jusqu'à la méthode originale de protection des cachalots pour leurs bébés face à des dauphins agressifs, en passant par la danse de reproduction des diables de mer.

Une mer et ses habitants en danger

Le monde marin est en souffrance, car il est confronté à plusieurs dangers, pour la plupart d'origine humaine.

Le réchauffement climatique : phénomène d'ampleur mondiale, ce dérèglement touche les mers et océans de diverses façons. L'acidification des océans, notamment, qui affecte principalement les mollusques et coraux, pour qui la calcification des coquilles est essentielle. Mais aussi et surtout les "événements météorologiques" (vagues de chaleur, tempête extrêmes, érosion...) qui peuvent provoquer des migrations et une raréfaction des ressources (poissons et coraux).

Surpêche et surfréquentation des mers : le premier effet négatif est bien évidemment la baisse des stocks. Selon des organismes spécialisés comme la Commission Générale des Pêches pour la Méditerranée, 93% des poissons et crustacés sont "surpêchés", ce qui est particulièrement préoccupant pour des espèces essentielles comme la sole et le thon rouge. Ces stocks en baisse peuvent créer des déséquilibres importants dans la chaîne alimentaire et impacter d'autres variétés de poissons, en manque de nourriture par effet "ricochet". Au niveau économique et social, cette surexploitation provoque des difficultés importantes pour des communautés dépendantes de la pêche, qui sont menacées de faillite et/ou de perte d'emploi. Enfin, l'augmentation exponentielle du trafic maritime, entraîne, au-delà des fréquentes collisions, décrites dans le film, une perturbation pour une partie de la faune, contrainte de changer ses habitudes, voire son habitat.

Pollution : urbanisation, industrialisation de la pêche, tourisme, agriculture intensive ou transports maritimes sont un véritable fléau pour les mers et océans, donc pour leurs habitants et, au bout de la chaîne, pour l'espèce humaine. La Méditerranée est l'une des mers les plus  "contaminées" par le plastique et les microplastiques, et pourrait, selon le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), contenir jusqu'à 1,25 million de tonnes de plastiques d'ici 2050. Les déchets marins, tels que les filets de pêche abandonnés, les emballages en plastique et les débris, menacent la vie marine et peuvent entraîner la destruction d'habitats côtiers. On peut également parler de la pollution chimique (pesticides, métaux lourds, hydrocarbures et marées noires) qui altèrent la qualité de l'eau et le métabolisme des organismes vivants.

3 questions à Thomas Roger, co-réalisateur du film

Combien de temps a duré ce tournage, et quelles sont les principales difficultés rencontrées ?

Le tournage a duré près de 3 ans, mais il en fait le fruit d'une réflexion et d'un travail débutés il y a 20 ans. Les difficultés ont été diverses. Financières, bien entendu, car un projet de cet envergure nécessite des moyens, administratives ensuite, avec la nécessité de l'obtention d'un droit de "dérangement des espèces protégées", accordé par la Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement. Enfin, une fois l'aventure débutée, il a fallu réussir à trouver les animaux, et, plus difficile encore, à s'en approcher. Entre méfiance et timidité, certaines espèces nécessitent des trésors d'ingéniosité pour être filmées. On peut par exemple citer l'exemple du dauphin, attiré par les bateaux, mais peu ou pas par les plongeurs. Nous avons du "bricoler" un système de harnais, et les filmer depuis des embarcations, en marche ! Pour terminer, évidemment, nous avons du faire face aux aléas de la météo. Additionnés, ces éléments expliquent la durée du tournage


Cette biodiversité est, comme on peut le voir dans le film, mise en danger à la fois par la surpêche, la pollution et le réchauffement climatique…. Quelle est pour vous la menace la plus sérieuse, celle où il est vraiment urgent d’agir ?

Je ne suis pas un scientifique, et je pense que bon nombre d'entre eux ne seront pas d'accord avec moi, mais la menace la plus prégnante est pour moi la surpêche.
La surconsommation de poisson a entraîné une raréfaction des stocks d'espèces comme les anchois, sardines ou calamars, qui sont la base de l'alimentation de toute une chaîne. La surpêche, mais aussi la surfréquentation des bateaux dans certaines zones (1 cétacé rentre au moins une fois dans sa vie en collision avec un navire), et le massacre d'espèces jugées nuisibles par les pêcheurs, comme le phoque moine, mettent en danger l'existence même de la faune marine de Méditerranée. Pour lutter, il est nécessaire de mettre en place et d'intensifier les quotas, et de changer les mentalités pour faire baisser la consommation mondiale.

La création de réserves et de sanctuaires tels que Pélagos ont-ils eu les effets escomptés et permettent-ils une protection efficace ?

Pélagos n'est pas une réserve. La pêche n'y est que partiellement interdite. L'immense superficie de la réserve ne permet pas une surveillance continue. Néanmoins, cette zone qui concentre la plus forte densité de cétacés de Méditerranée peut être considérée comme un exemple. D'une part car elle résulte d'une collaboration internationale, et d'autre part parce qu'elle est un formidable espace de protection, d'étude, et donc de réflexion pour la mise en place d'un plan de gestion, pour aboutir à  la signature de conventions de sauvegarde de ces espèces menacées...

Pélagos, voyage au large de la Méditerranée - Mercredi 17 janvier à 21h45 sur ViaStella
Un film de 52 mn de Frédéric Larrey et Thomas Roger.
Une coproduction Les films du vivant / Fanny Productions / France Télévisions, en collaboration avec Regard du vivant.
Rediffusions jeudi 18 janvier à 16h45 et vendredi 19 à 10h15.
Un documentaire également disponible en replay sur notre plateforme France.TV dès le lendemain de sa diffusion en cliquant ici.

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