Après une session extraordinaire dédiée aux dérives mafieuses, l'Assemblée de Corse passe à la pratique. Les premiers ateliers ont débuté vendredi 17 février, avec un objectif d'ici la fin du mois de juin : proposer des mesures concrètes.
L'objectif, rédiger un rapport avec des propositions concrètes pour lutter contre les dérives mafieuses. Pour ce faire, vendredi 17 février, cinq commissions ont été installées à la Collectivité de Corse.
L'une d'elles, intitulée “éthique et politiques publiques”, est celle qui cadre le plus avec les compétences de l'institution. Alex Vinciguerra, conseiller exécutif et président de cette commission, précise ce qu'elle recouvre : “Il y a les marchés publics, mais il y a aussi toutes les politiques, ça va des politiques de formation, de développement économique, bien sûr, des politiques de soutien divers et variés, ça concerne aussi les politiques de recrutement, l'organisation des élections, etc. Donc c'est un champ assez large et la gageure, c'est d’arriver à cibler vraiment ce qu'attend le public de nos réflexions.”
Propositions
Les propositions pourront néanmoins concerner un panel très large, comme l'indique Léo Battesti, porte-parole du collectif A maffia no, a vita ié. “Ce qui est esquissé, c'est qu'il y aura des propositions dans tous les thèmes qui tiennent de la politique publique mais pas seulement, de la collectivité également, ou qui sont sur les territoires de la collectivité. Il n'y a pas une seule institution pour éviter précisément toutes ces porosités."
Au programme également, une réflexion sur la politique pénale avec deux thèses qui s'affrontent. L'arsenal législatif actuel est-il suffisant ou faut-il le renforcer ?
Témoins et experts seront auditionnés, comme le précise Jean-Martin Mondoloni, co-président du groupe Un soffiu novu. “Nous avons pris le parti d'auditionner des témoins des deux thèses, et puis les élus dont je fais partie, et il y en a, qui n'ont pas d'avis arrêté sur cette question, qui attendent qu'on aille au fond des choses pour se faire un avis définitif. Je pense qu'il ne faut pas avancer avec dogmatisme sur cette question, mais avec pragmatisme, et utiliser simplement, et je crois que c'est le principe de réalité qui le commande, les outils réellement adaptés à la situation.”
Enjeux éducatifs
Chaque commission mêle conseiller territoriaux et représentant de la société civile. Au-delà de l'aspect économique ou criminel, les enjeux sont également éducatifs pour Marceddu Jureczek, membre du collectif Massimu Susini.
“Ce que nous savons, c'est que les jeunes ont besoin de constater qu'il y a d'autres solutions dans la vie que l'avenir qu'on leur propose, c'est-à-dire une réussite individuelle basée uniquement sur l'argent, l'accumulation de l'argent. Il nous faut un modèle de société. Or, malgré ce que nous espérions, en tout cas je parle là en mon nom, depuis l'élection de 2015, il n'y a pas de projet de société.”
Un rapport devrait être présenté devant l'Assemblée d'ici à la fin juin.
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