Déserts médicaux : la Corse manque de médecins généralistes et de spécialistes

Une carte interactive révèle la fracture médicale en France. Elle a été réalisée par l'association UFC Que Choisir qui souligne "l'état déplorable de l'accès géographique et financier aux soins". En Corse, la situation est encore plus préoccupante que sur le continent.

Une situation alarmante. C’est le constat que tire l’UFC Que Choisir dans une étude, publiée ce mardi 8 novembre, « Fracture sanitaire, des constats dramatiques imposant des réformes d’ampleur ».

Ainsi, pour les médecins généralistes et trois spécialités (ophtalmologie, pédiatrie et gynécologie) la Corse fait face à de nombreux déserts médicaux. Ainsi certains insulaires sont dans l’obligation de faire 45 minutes de route pour consulter un praticien. D’autres, classés en « accès difficile », sont séparés par 30 minutes de route d’un cabinet médical.

Pour la médecine de spécialité, l’île est quasiment classée en intégralité en désert médical, avec une situation particulièrement alarmante pour la pédiatrie. « C’est une situation gravissime, parce que nous, médecins généralistes, on a un rôle d’adressage où l’on doit maîtriser un certain nombre de sujets, mais à un moment, on est obligé de passer le relais. Et on se rend compte que maintenant, plus le temps passe, et dû à cette carence de médecins, on est obligé de se sur-spécialiser nous-mêmes dans certaines disciplines dont la pédiatrie. On est obligé de prendre en charge des nouveaux nés chose qui avant n’était pas nécessaire quand on avait un certain nombre de pédiatres sur place », regrette le docteur Cécilia Costa, vice-présidente de l'union régionale des médecins libéraux de Corse.

Selon les données nationales, 2.6 % de la population vit dans des déserts médicaux et environ un quart de la population française éprouve des difficultés pour accéder aux soins. La situation en Corse est superposable quoi que plus inquiétante encore. Alors que la moyenne d’âge des médecins est de 62 ans, l’union régionale des médecins libéraux pousse la sonnette d’alarme. « Il est urgent d’augmenter le nombre de médecins, ça passe bien sûr par la formation et le cursus. Il y a eu ce numerus clausus dont nous souffrons aujourd’hui. On n’ouvre pas assez les portes aux jeunes qui souhaitent s’installer. On ne leur donne pas aussi l’envie, il faut dire ce qui est. Ce sont des études qui sont soumises à beaucoup de stress », continue Cécilia Costa.

Augmentation « saisissante » des dépassements d’honoraires

Et la situation s’aggrave, selon l’UFC Que Choisir lorsque sont pris en compte la dimension financière de l’accès aux médecins avec, plus particulièrement, la pratique des dépassements d’honoraires. 

« Au-delà d’être saisissante, cette situation inquiète, et cela, d’autant plus qu’on constate que la part des spécialistes qui pratiquent des dépassements d’honoraires a augmenté de manière vertigineuse entre 2016 et 2020 », alerte l’association. Ainsi, durant cette période, la part de médecins les pratiquant, au niveau national, est passée de 58.2 % à 64.3 % pour les ophtalmologues, de 39 % à 46.9 % pour les pédiatres et de 61.8 % à 68.6 % pour les gynécologues. Selon l’UFC Que Choisir, ces dépassements d’honoraires ont atteint 3.5 milliards d’euros en 2021, soit « le montant annuel le plus élevé jamais enregistré ».

Pour l’association, les politiques d’incitations à l’installation pour tenter de réduire la fracture sanitaire des gouvernements successifs ont toutes « montré leurs limites ». « Elles concernent peu de médecins et/ou ne créent que des effets d’aubaine : la plupart n’ont quasiment pas eu d’effet sur le choix du lieu d’installation, mais ont permis aux médecins concernés d’augmenter leurs revenus aux frais des administrations publiques », souligne-t-elle.

Les pouvoirs publics doivent ainsi « de toute urgence changer de logique, en régulant l’installation des médecins et en mettant fin à la fièvre des dépassements d’honoraires ». L’UFC Que Choisir demande, notamment, l’instauration d’un conventionnement territorial des médecins, ne leur permettant plus de s’installer en zones sur-dotées ; la fermeture de l’accès au secteur 2 à l’origine du développement incontrôlé des dépassements d’honoraires. 

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