La rencontre de demain, à Beauvau, entre le ministre de l'Intérieur et une délégation insulaire, va donner le coup d'envoi concret des discussions. Quatre parlementaires nationalistes pointent du doigt deux dossiers qui, selon eux, soulignent le fossé entre les discours et actes du gouvernement.
Les députés Jean-Félix Acquaviva et Michel Castellani, le sénateur Paulu Santu Parigi, et le député européen François Alfonsi entendent donner le ton de la réunion qui se tiendra demain place Beauvau, à Paris.
Avertissements
Dans un communiqué, ils dénoncent la politique du gouvernement en matière de carburants sur l'île. Ils rappellent que ce dernier n'a pas "suivi les propositions d'amendements des parlementaires insulaires aux projets de loi relatifs au pouvoir d'achat".
"Malgré nos avertissements réitérés, le gouvernement a préféré choisir une mesure conjoncturelle générale, inadaptée à la Corse, celle d'une remise complémentaire de 20 centimes d'euros d'abord, puis de 10 centimes au 1er novembre, négociée de gré à gré avec le groupe Total à l'échelle française".
Selon les parlementaires, cette négociation "constitue une grave distorsion de concurrence, contribuant à mettre à genoux des groupes indépendants de petite ou taille moyenne dans les territoires, dont le groupe Ferrandi en Corse, avec le risque encouru de suppression de 150 emplois", et ils ne cachent pas leurs inquiétudes quant à l'évolution de la situation en 2023.
Incohérence
Deuxième point d'achoppement majeur, qui, selon les trois députés et le sénateur, souligne "les décalages entre la situation vécue et l'entame du dialogue", l'application du crédit d'impôt investissement Corse.
l'Etat, selon les parlementaires, "a réduit sensiblement la possibilité d'obtenir le crédit d’impôt dans le cadre des dépenses engagées à partir de 2021 à cause d’une interprétation très restrictive de la notion d’« investissement initial".
L'Etat doit apporter des perspectives immédiates sur les sujets sensibles.
Cette lecture du gouvernement frapperait "de point fouet l'hôtellerie insulaire, essentiellement de dimension familiale, favorisant indirectement le rachat des établissements dans la mesure où le crédit d'impôt sur les travaux de rénovation serait octroyé, en cas de cession de l'établissement. De facto, un grand groupe rachetant un hôtel familial en Corse se verrait octroyer une prime de rentabilité. Le risque d'aubaine est grand".
Urgence
Jean-Félix Acquaviva, Michel Castellani, Paulu Santu Parigi et François Alfonsi l'assurent, ils poseront "ces questions urgentes de manière prioritaire sur la table demain à Beauvau. En espérant que des réponses opérationnelles seront apportées, on ne peut raisonnablement penser que l'on puisse aller plus loin sur la question de la fiscalité, notamment du statut fiscal et social pour la Corse, si, au pied du mur, l'Etat n'apporte pas de perspectives immédiates sur ces sujets sensibles".
On le voit, à la veille de l'ouverture des discussions, les négociations sont déjà ouvertes.