Le stress et le mal-être au travail sont de plus en plus fréquents dans les entreprises publiques comme privées. Des situations qui peuvent parfois aller jusqu'au burn-out. Témoignages.
"Vous dormez moins, vous venez travailler avec la boule au ventre (...). Il y a un malaise et ce malaise vous ronge tous les jours", confie anonymement une salarié. "Aujourd'hui nous sommes fliqués, nous ne pouvons rien faire. On nous met des systèmes informatiques avec lesquels tout est verrouillé. On est des matricules en fait, on est plus des êtres humains", ajoute sa collègue.
Face à cela, la direction a mis en place des équipes pluridisciplinaires de soutien mais celles-ci ont du mal à faire oublier la réalité des plans de départs volontaires mis en place. "Même si ce sont des départs volontaires, cela reste des licenciements ce qui veut dire que des postes ne sont pas remplacés et que les effectifs restant doivent se partager le travail que l'on faisait avec vingt, vingt-cinq personnes en plus", détaille Michèle Leca, Secrétaire du CHSCT d'Air France en Haute Corse.
Selon elle, les plans d'action devraient être accompagnés de mesures de suivi, ce qui n'est ajoute-t-elle "pas le cas".
Vers le burn-out
Pourtant les entreprises sont conscientes d'un problème qui leur coûte cher, du fait des arrêts de travail ou de la productivité moindre des salariés concernés.
"Ce sont des situations dans lesquelles le travail ne va plus jouer son rôle de protecteur. Ce sont des situations où l'on va avoir une charge de travail excessive ou des rôles pas clairs confiés aux salariés et qui peuvent les amener à être en concurrence", explique Florence Nesa, psychologue du travail.
"Les risques psychosociaux touchent tout le monde, y compris les cadres, qui sont une catégorie particulièrement touchée car ils sont parfois obligés de mettre en place des directives qui ne prennent pas en compte la réalité du travail", ajoute Christine Simoni, psychologue du travail et ergonome.
Dans les cas extrêmes, certains connaissent le brun-out, un cas d'épuisement physique et mental. "Cela vient petit à petit", explique anonymement une salariée bastiaise, "les nuits deviennent blanches, vous n'êtes plus productive (...) et vous perdez toute confiance en vous. C'est un peu la descente aux enfers, les antidépresseurs, les somnifères... "
Le burn-out, très fréquent dans les professions médicales, touche aussi les administrations comme les impôts ou la police. Fin novembre, une fonctionnaire s'est suicidée au commissariat de Bastia.
Le gouvernement envisage de reconnaître le burn-out comme maladie professionnelle.
Reportage de Pierre Nicolas, Daniel Bansard et Christophe Gineste.
Intervenants : Deux interviews anonymes ; Michèle Leca, Secrétaire du CHSCT d'Air France Haute Corse ; Florence Nesa, Psychologue du travail homologuée Carsat ; Christine Simoni, Psychologue du travail et ergonome (AC Formation) ; Interview anonyme ; Laurent Massoneau, Syndicat Unité Officiers F.O. (par téléphone)