Lundi 23 décembre est jour de deuil national partout en France, en hommage aux victimes du cyclone Chido. Le dernier bilan fait état de dizaines de morts et des milliers de blessés, un bilan toujours provisoire et très probablement sous-estimé. La confusion règne, et les Mahorais de métropole, souvent sans nouvelles de leurs proches, tentent d'agir. À Strasbourg, un appel aux dons est lancé.
Ils n'ont rien trouvé de mieux qu'un garage, mis à disposition par un ambulancier mahorais, pour tenir leur premier week-end de permanence. C'est petit, mais c'est mieux que rien pour commencer à entreposer les dons qui affluent depuis samedi. " C'est vrai qu'on aurait besoin d'un local plus grand. Si quelqu'un a une piste, ça nous arrangerait. On travaille dans l'urgence, c'est compliqué avec la période des fêtes" dit Hourlène Madi, installée en Alsace depuis 2007. Ils sont une trentaine à s'être mobilisés spontanément autour d'elle. "On ne peut pas rester ici, à manger et à boire, et ne rien faire du tout. On avait besoin de se retrouver pour agir ensemble".
Hourlène Madi a pu parler à ses parents, qui l'ont contacté après quatre jours d'attente angoissée. Ils ont tout perdu, mais ils sont vivants. Elle n'a en revanche, aucune nouvelle de ses frères et sœurs. Les nerfs sont à vif. Une de ses amies a perdu un proche, elle l'a appris sur les réseaux sociaux.
"Là-bas, ils manquent de tout, explique Hourlène Madi. Chaque famille avait un potager, des arbres fruitiers. Tout a été emporté". Alors, chaque week-end désormais, les bénévoles strasbourgeois tiennent une permanence pour recueillir des dons. Produits d'hygiène, couvertures, matériel médical, sacs de riz et conserves en tout genre, produits pour bébé... Et puis surtout de l'eau potable, des packs d'eau !
L'eau manque
Dimanche, le ministre des Outre-mer François-Noël Buffet annonce que : "l'eau sera à 90% rétablie d'ici la fin de journée, au plus tard demain matin", lundi. "90% des réseaux, c'est quasiment plus de 70% de la population qui a déjà accès à l'eau dans des conditions particulières, deux jours sur trois, huit heures par jour", a-t-il ajouté, relate l'Agence France presse (AFP). Car la crise de l'eau à Mayotte ne date pas du cyclone. Cela fait plus de 10 ans que les robinets sont à sec, raconte Hourlène Madi. Les Mahorais subissent les conséquences du changement climatique. Les élus de l'archipel ne cessent d'alerter leurs collègues parlementaires, dit-elle, mais rien n'y fait. Les usines de dessalement d'eau de mer ne fonctionnent plus qu'à 50% de leur capacité, et aucune solution n'est proposée, ajoute-t-elle. Résultat : l'eau est hors de prix. "J'étais là-bas il y a un mois et demi, et j'ai vu qu'une bouteille qui coute un peu plus d'un euro en métropole est vendue plus de 5 euros à Mayotte".
À Strasbourg, on s'active donc pour collecter des palettes entières d'eau en bouteille. Le tout devrait partir par bateau dans quelques semaines. "On aimerait pouvoir remplir un container de 40 pieds" précise Hourlène Madi. Mais le transport aussi à un prix. Autour de 9 000 euros. Une cagnotte est lancée, et si les fonds récoltés ne suffisent pas, "on se débrouillera" affirme-t-elle, déterminée.
Impossible d'oublier les images qu'elle a vues, à la télé. "On regardait Mayotte la 1ʳᵉ en direct, raconte-t-elle. On a vu l'œil du cyclone, on a vu les toits s'envoler. On a surtout vu la caméra qui tournait, dans la salle de rédaction. Les téléspectateurs appelaient pour dire aux journalistes de se mettre à l'abri. Ils ont répondu qu'ils étaient en sécurité. Quelques secondes plus tard, on a vu les images de cette salle avec les vitres qui ont explosé, le plafond qui s'est écroulé. Et puis plus rien, un grand silence. On est traumatisés" Elle parle vite, ses mots se bousculent entre deux sanglots, comme pour évacuer un trop-plein de douleur. Dans l'urgence, son collectif improvisé va remettre sur pied une association qui s'était quasiment dissoute depuis le Covid. Agir est devenu une nécessité.
La permanence pour récolter des dons est reconduite jusqu'en janvier
- samedi 28 et dimanche 29 décembre 2024 de 14h à 18h
- samedi 4 et dimanche 5 janvier 2025 de 14h à 18h
- samedi 11 et dimanche 12 janvier 2025 de 14h à 18h
1 rue Emile Mathis
67201 Eckbolsheim
Dimanche soir, la cagnotte affichait près de 800 euros de dons. Pour tout renseignement complémentaire, vous pouvez joindre le collectif au 0632175658 ou au 0602737189.