En Corse comme au niveau national, Jean-Luc Mélenchon représente la troisième force politique du scrutin. Malgré le rapprochement tardif avec la famille nationaliste, le leader de La France Insoumise peine à s'imposer dans l'île.
Il s’en est fallu de peu pour voir Jean-Luc Mélenchon au second tour de l’élection présidentielle.
Le candidat La France Insoumise échoue à un point de Marine Le Pen au niveau national, mais en Corse l’écart se creuse davantage.
Si le score du Rassemblement National est largement majoritaire dans l'île , Jean-Luc Mélenchon obtient un résultat honorable. Avant le premier tour, il était le quatrième candidat à avoir obtenu le plus de parrainages avec 16 soutiens dans l’île.
Pourtant, le député des Bouches-du-Rhône partait de loin. L'absence de base militante forte en Corse et de réel leader politique implanté, ainsi que le vote massif en faveur de Marine Le Pen en 2017 ne l'aidaient pas à mener campagne, comme l'ont fait ses deux principaux concurrents nationaux.
Une présence importante dans le Centre-Corse
Le candidat de gauche arrive en tête des votes dans 23 communes de Corse, principalement des villages du rural à faible démographie, comme Urtaca, Zerubia ou encore Pietroso. Julien Paolini, maire de cette commune du centre Corse et conseiller exécutif, avait d’ailleurs choisi de parrainer le candidat de La France Insoumise.
Ce sont les déclarations de Jean-Luc Mélenchon sur l’évolution du statut de la Corse qui l’avait convaincu : "J’ai été très attentif au débat sur la Corse et notamment au sujet de l’évolution de son statut. J’aurais pu parrainer plusieurs candidats par rapport à leurs positions progressistes comme Yannick Jadot ou Jean Lassalle, mon choix s’est finalement porté sur Jean-Luc Mélenchon ».
Ce choix peut s'expliquer par l'évolution tardive des idées Jean-Luc Mélenchon. Depuis octobre dernier, le leader de La France Insoumise semble avoir revu sa position sur la Corse, lui qui se voulait très centralisateur, arguant que les députés nationalistes lui avaient fait comprendre que "la France n'est plus un état unitaire". Par la suite, le candidat s'était positionné en faveur du rapprochement des prisonniers politiques grâce à la levée de leur statut de Détenu Particulièrement Signalé. « Il est difficile d’expliquer le vote global, mais c’est vrai que les positions ont évolué récemment… pas sûr qu’il tenait le même discours qu’il y a quelques années. Mais avec l’intégration de ces idées, cela méritait un parrainage » explique Julien Paolini.
Dans le Centre-Corse et notamment dans le vénacais, territoire marqué à gauche, Jean-Luc Mélenchon arrive en tête des votes dans trois communes : Riventosa, San-Petru-di-Venacu, et Poghju-di-Venacu. À Riventosa, même phénomène qu’à Pietroso, le maire nationaliste Marcel Cesari, avait parrainé Jean-Luc Mélenchon.
C’est un personnage trop polémique pour faire consensus
Andria Fazi, politologue
En Balagne, dans le Cap Corse, ou en Castagniccia, la France Insoumise arrache quelques communes, mais on est loin du raz de marée, y compris en Haute-Corse où le vote de gauche est plus important que dans le sud.
Pour le politologue Andria Fazi, le leader de la France Insoumise a pâti de sa personnalité controversée : « La gauche s’est globalement résumée à Mélenchon. Mais c’est un personnage trop polémique pour faire consensus ».
Dans les grandes villes le score est honorable mais l’électorat populaire lui a largement préféré l’extrême droite. En Corse comme au niveau national, Jean-Luc Mélenchon est donc le troisième homme de ce premier tour.
Dans l’île, cependant, l’écart avec ses concurrents est particulièrement marqué : le leader de LFI engrange 13.37% des suffrages (contre 22% au niveau national).
Par ailleurs, en dépit d’un rapprochement tardif entre la majorité territoriale et les élus de La France Insoumise, JLM n’a pas su convaincre l’électorat insulaire. Ainsi, le nombre de voix exprimées en sa faveur reste stable entre 2017 et 2022. 19 779 voix cette année, soit 2000 de moins qu’il y a cinq ans.