La révision de la programmation pluriannuelle de l'énergie est débattue à l'Assemblée de Corse ce jeudi 29 avril. Elle englobe le projet d'installation de la nouvelle centrale du Ricanto à Ajaccio dont le mode d'alimentation inquiète encore élus territoriaux et associations.
La question de l'alimentation de la future centrale du Ricanto à Ajaccio au cœur des débats de la session de l'Assemblée de Corse ce jeudi 29 avril. Alors que les élus doivent débattre sur le rapport du projet de révision de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), le thème a également fait l'objet d'une question orale de Xavier Lacombe du groupe Per l'Avvene.
La structure, initialement prévue pour 2023, devrait finalement voir le jour fin 2025. Si Frédéric Maillard, président d'EDF PEI (production électrique insulaire) et le projet de révision de la PPE assurent qu'elle devrait fonctionner au gaz naturel, des incertitudes subsistent dues, notamment, à des rumeurs d'un choix de l'État et d'EDF PEI se portant finalement sur un fonctionnement au biocarburant. "On peut penser que l'arrivée du gaz naturel en Corse notamment à Ajaccio semble plus qu'hypothétique et les associations Aria Linda et A Sentinella ont exprimé à juste titre et à plusieurs reprises leurs fortes craintes sur la concrétisation de cette ambition", estime Xavier Lacombe.
Question orale de Xavier Lacombe sur l'alimentation en gaz naturel de la nouvelle centrale du Ricantohttps://t.co/NIeyT3Y9h0
— Per l'Avvene (@PerlAvvene) April 29, 2021
L'élu territorial s'interroge : "quel est le plan B, si comme nous le pressentons toutes et tous dans cette Assemblée, le gaz ne devait pas arriver à Ajaccio ? Et avez-vous eu, ou pas, des engagements de l'État sur l'arrivée du gaz en Corse et surtout à Ajaccio ?"
"Il n'y a pas de contraintes techniques insurmontables"
Dans une volonté de "rassurer", Jean Biancucci, conseiller exécutif et président de l'agence d'urbanisme, d'aménagement et de l'énergie, débute sa réponse en affirmant une nouvelle fois que "la nouvelle centrale d'Ajaccio sera alimentée au gaz naturel, c'est ce qui est prévu."
Pour appuyer ses propos, il rappelle les différentes étapes validant déjà ce projet. Il souligne que depuis février 2020, "un appel d'offres pour l'alimentation des centrales d'Ajaccio et de Lucciana a été lancé par l'État. Cette procédure est strictement de son ressort et est cadrée par des règles de droit. Cet appel d'offres a vocation à détailler techniquement l'alimentation des centrales."
Selon le président de l'Agence d'urbanisme, d'aménagement et de l'énergie, "aucun élément probant, en dehors des bruits de couloir, ne nous permet à ce jour de remettre en cause les engagements de l'État dans ce dossier." Et note que "d'un point de vue technique, il n'y a pas de contraintes insurmontables que ce soit pour Lucciana et Ajaccio". D'un point de vue politique et déontologique et technique, "je ne vois pas pourquoi ce qui peut se faire à Lucciana ne pourrait pas se faire à Ajaccio. À moins qu'il n'y ait une opposition de certains élus ajacciens", conclut-il.
4,5 milliards d'euros sur la période 2020-2028
La Corse bénéficie du statut zone insulaire non interconnectée (ZNI) au réseau métropolitain français, et dispose d'une législation spécifique et a sa propre programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Un objectif principal affiché : atteindre l'autonomie énergétique de l'île à l'horizon 2050 assuré par une production d'énergie 100 % renouvelable.
Lire le rapport projet de révision de la PPE
Adoptée en 2015, la première PPE porte sur deux périodes 2016-2018 et 2019-2023. Sa révision vise à permettre des ajustements de la période 2019-2023 et de définir la stratégie pour 2024-2028. Investissements nécessaires : 4,5 milliards d'euros.
- 2,5 milliards d'euros pour les opérations relatives aux bâtiments
- 1,5 milliard d'euros pour les transports
- 500 millions d'euros pour la massification des énergies renouvelables
Cette programmation inédite devrait dans le même temps permettre la création de 3.800 emplois.
Au volet sécurité d'approvisionnement de cette révision apparaît le renouvellement de la centrale du Vazzio et l'alimentation en gaz des centrales thermiques d'Ajaccio et de Lucciana. Ainsi, la signature du protocole d'accord "pour la mise en œuvre optimisée de la PPE", signé le 4 juillet 2019 entre la ministre de la Transition écologique et solidaire d'alors, François de Rugy, président du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, a notamment acté : la sortie définitive du fioul dès 2023, la nécessité de l'entrée en fonction de la centrale du Ricanto en 2023 et l'élaboration d'un cahier des charges ouvert sur la technologie pour l'infrastructure permettant d'amener le gaz.
La PPE, prévoit une centrale au Ricantu de 112 mégawatts soit une puissance deux fois moindre que le projet initial.