En campagne avec Jean-Charles Orsucci : "Droite, nationalistes... On veut montrer qu'il existe une troisième voie"

Pendant la campagne des élections territoriales, France 3 Corse ViaStella vous propose une série de reportages en immersion sur le terrain avec les candidats. Troisième épisode : une matinée à Ajaccio, le 29 mai, avec l'équipe de "Corse, terre de progrès".

Il est presque 10h30, ce samedi 29 mai, et le temps est au beau fixe à Ajaccio. Un présage de bon augure pour les élections de juin prochain, souffle un colistier de "Corse, terre de progrès". Avec la tête de liste, Jean-Charles Orsucci, ils mènent ce matin campagne dans la cité impériale à la rencontre des électeurs.

Premier arrêt, le marché central. Un rite de passage presque "obligatoire" pour un candidat en période d'élection, qui dispose de plus de l'avantage d'être ouvert, et donc en accord avec les réglementations sanitaires.

"C'est aussi un très bel outil, et un endroit qui, symboliquement, représente une partie des choses que nous voulons mettre en oeuvre, comme une généralisation du circuit court", précise Jean-Charles Orsucci. Le maire de Bonifacio indique d'ailleurs avoir obtenu les démarches pour en construire un à peu près similaire, quoiqu'"un peu plus petit" dans sa ville, à l'hiver prochain.

Problème, les touristes sont nombreux dans les allées du marché, ce samedi matin, et il est parfois bien difficile de les différencier avec les locaux. Résultat, les listes, imprimées par centaines, ne sont distribuées qu'avec parcimonie, et avant tout aux commerçants. "Eux, au moins, on sait qu'ils ont un ancrage ici, une famille, qu'ils sont susceptibles de voter, donc c'est plus intéressant". 

Le groupe avance de stand en stand, s'arrête, parfois, pour discuter un peu avec les vendeurs et admirer les produits. L'étal de poisson au détail fait de l'oeil à Jean-Charles Orsucci : "C'est dommage, on monte à Bastia, donc je ne peux pas vraiment en acheter." Le candidat se rabat finalement quelques mètres plus loin sur un sachet de noisettes de Cervione grillées, plus faciles et moins odorantes à transporter en voiture.

Quelques passants s'arrêtent saluer le candidat. D'autres avancent sans sembler le reconnaître. La faute au masque, estime-t-il, qui met, en plus, une certaine distance avec les gens. "Mais bon, pas le choix avec la situation sanitaire."

Le maire de Bonifacio peut au moins compter sur quelque irréductibles, comme cette Ajaccienne, la cinquantaine, qui affirme avoir "toujours voté pour lui". Si elle admet ne pas avoir lu, cette année, son programme avec grande attention, "c'est un candidat qu'on a envie de soutenir parce qu'il est vrai, et avec un vrai sourire. Pas de ceux qui font faux qu'on voit chez beaucoup de politiques", glisse-t-elle, citant au passage plusieurs autres têtes de liste. "Et puis il est beau garçon, ce qui aide", rit-elle.

Une campagne et des électeurs "sympathiques"

Le groupe quitte le marché aux environs de 11h, et poursuit son chemin, cette fois dans la rue Fesch.

S'il regrette un peu ne pas avoir croisé pléthore d'insulaires au marché, l'entourage du candidat  de "Corse, terre de progrès", est néanmoins dans l'ensemble très satisfait : "La campagne avance bien. Nous avons eu des petits soucis au moment de la présentation de notre liste, mais comme presque tout le monde, finalement, j'ai l'impression. L'objectif, maintenant, c'est de présenter le programme, les idées, et faire passer le message qu'il y a pour ces élections une liste progressiste en dehors du duel entre la droite et les nationalistes. La volonté de Simeoni et de Marcangeli, c'est de polariser l'élection. Et nous, on veut montrer qu'il existe bien une troisième voie."

Les colisitiers se félicitent par ailleurs de recevoir, depuis le début, un bon accueil des personnes qu'ils interpellent.

Moi, j'ai toujours eu de la chance. J'ai fait trois campagnes, et je n'ai jamais reçu la moindre agressivité.

Jean-Charles Orsucci

"Les gens sont très sympathiques et ouverts au dialogue. Même ceux qui nous disent, "moi je ne suis pas pour vous", ils sont dans la discussion. Quand ils se déchaînent, c'est sur les réseaux sociaux, mais pas en visu", glisse Vanessa Sampieri, dixième sur la liste "Corse, terre de progrès". 

"Moi, j'ai toujours eu de la chance, renchérit Jean-Charles Orsucci. J'ai fait trois campagnes, et je n'ai jamais reçu la moindre agressivité." Et ce, malgré son étiquette "macroniste" : s'il n'a pas accepté l'investiture La République en Marche, - afin d'ouvrir sa liste, notamment, à d'autres tendances gauches -, il bénéficie néanmoins du soutien du parti fondé par le président de la République, qui lui a donné "carte blanche" pour mener campagne. Et il entend bien en porter "les idées et valeurs".

On dit de moi que je suis sympathique, mais que mon problème, c'est que je suis avec Macron. Pour moi cette étiquette, c'est une bonne chose.

Jean-Charles Orsucci

"On dit de moi que je suis sympathique, mais que mon problème, c'est que je suis avec Macron. Mais pour moi cette étiquette, c'est une bonne chose. Les presque 13.000 voix obtenues aux élections européennes de 2019 par LREM [avec pour tête de liste Nathalie Loiseau, ndlr], si ma liste arrive à les récupérer pour cette élection, moi je les prends", tranche-t-il.

Remobiliser les électeurs

Pour les colisitiers de "Corse, terre de progrès", à l'approche des élections, le principal défi est de mobiliser la population. "C'est compliqué, parce qu'on sent qu'entre la crise sanitaire, et récemment la rouverture des commerces, les gens n'ont pas vraiment la tête à ça, indique Marie Luccioni, référente La République en Marche pour la Corse, et en sixième position sur la liste. Certains ne sont même pas au courant qu'il va y avoir des élections."

Preuve en est d'ailleurs le faible nombre de procurations enregistrées, pour l'heure, dans la cité impériale : seulement 150, pour une ville de près de 69.000 habitants. Avec le risque d'un taux de participation en deça des 50% : en 2017, il avait été d'un peu plus de 52% pour les deux tours. 

"Ce doit être l'enjeu de tous les candidats de recréer l'engouement", tranche Jean-Charles Orsucci. 

Le maire de Bonifacio arrive à la permanence ajaccienne de Laurent Marcangeli, maire de la cité impériale, et tête de liste Un Soffiu Novu pour les élections territoriales. Il entre rapidement pour saluer les quelques personnes qui s'y trouvent. "On a rendez-vous pour la fusion, il n'est pas là Laurent ?", plaisante le groupe. "Les locaux étaient bien vides, tout de même", remarquent-ils une fois remis en marche.

La liste "Corse, terre de progrès" a fait le choix de ne prendre aucune permanence. "On s'est posé la question, un temps, reconnaît Vanessa Sampieri. Déjà pour une question de moyens, et puis, cela ne sert à rien, les gens ont pris l'habitude du distanciel et de la campagne sur les réseaux sociaux."

Plannings chargés

Après près d'une heure et demie de déambulation à Ajaccio, le groupe s'arrête finalement sur les coups de midi à la terrasse de la brasserie "La Taverne", à quelques pas seulement de la préfecture de Région. Les colistiers ont prévu de se rendre aux centres commerciaux de Baleone, dans l'après-midi, pour poursuivre la distribution de liste, et rencontrer, idéalement, plus d'électeurs insulaires.

Mais en attendant, Jean-Charles Orsucci vote pour une petite pause restauration bien méritée. "Après l'effort, le réconfort", sourit le candidat. Il en faudra bien pour tenir jusqu'à la dernière ligne droite : à moins de trois semaines du scrutin, le temps libre commence à se faire de plus en plus rare.

 

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