Tradition très populaire en Europe et en Amérique, le carnaval, du latin "carnelevare", qui peut se traduire par "ôter la viande", est fêté durant les jours qui précédent le début du Carême. Des célébrations qui diffèrent selon que l'on soit à Rio, à Venise, à Brando ou encore en Sardaigne. Petit tour d'horizon.
Venise, le Carnaval masqué
Les origines du Carnaval de Venise remontent au XIe siècle. Cité pour la première fois en 1094 dans un édit du premier doge de Venise. Son objectif, célébrer la grandeur et affirmer la puissance de la ville. Les festivités se veulent aussi un moyen "d'unifier les quartiers de la ville, les sestieri, où les disparités sociales sont considérables", rapporte le magazine Geo.
Tout au long de ces deux semaines de fêtes, les artistocrates et les pauvres s'entremêlent, abolissant, le temps du festival, les frontières de classe, et transgressant les règles.
À partir du XIIIe siècle, les visages se dissimulent derrière un masque vénitien, permettant à chacun de prendre part aux festivités en tout anonymité. L'utilisation des masques sera bannie au XIXe siècle, puis la manifestation interdite par Napoléon en 1797. Rapidement réhabilité, le Carnaval de Venise ne retrouve sa popularité qu'à partir des années 1970, et fait figure, dès 1980, d'un événement touristique aussi important que spectaculaire.
Cette année, le Carnaval de Venise se déroule du 11 au 21 février. Envol de l'ange, défilé des plus beaux costumes, procession des Maries ou encore lâcher des ballons sont au programme.
Sardaigne, les traditions ancestrales
Su Karrasecare, le Carnaval sarde, est célébré dans chaque communauté selon ses propres codes, vocations, et particularités. Il tient pour particularité sa représentation de la relation qui unit l'homme et la nature, par le biais notamment d'iconographies que sont les masques et déguisements aux allures animales revêtus par les festivaliers. Le plus ancien et le plus ancestral est celui organisé de la Barbagia.
Le coup d'envoi est traditionnellement donné avec l'allumage des feux en l'honneur de Saint-Antoine. Selon la légende chrétienne, celui-ci aurait volé le feu aux dieux - à l'instar du titan Prométhée dans la mythologie grecque - pour l'offrir aux hommes.
Le Carnaval en Sardaigne commence traditionnellement le 17 janvier, et se termine 40 jours avant Pâques.
Nouvelle-Orléans, une semaine de fête en musique
Les premières mentions de ce festival remontent à 1699 : il s'agit alors d'une cérémonie organisée en l'honneur de l'explorateur René Robert Cavelier.
Au total, ce sont six semaines de festivités qui sont organisées, du 3 février au 9 mars. Les visiteurs, nombreux, peuvent assister aux défilés des "Krewes", organisations ou confréries secrètes apparues au XIXe siècle, qui les financent. Trois couleurs prédominent sur les chars, les costumes, et les bracelets et colliers lancés à la foule : le violet, le vert et l'or.
Journée la plus spectaculaire : celle de Mardi Gras, avec d'impressionnantes parades colorées à admirer dans le quartier français; la Nouvelle-Orléans s'anime au rythme remontent à 1699 Ville la plus peuplée de Louisiane,
Rio, l'extravagance et la samba
Il est l'un des plus célèbres carnavals, et attire chaque année plus de deux millions de spectateurs venus du monde entier. Le premier Carnaval de Rio s'est tenu en 1840, sous l'influence, notamment, du Carnaval de Paris. On y danse alors la valse et la polka, avant que ne soit introduit plus d'un demi-siècle plus tard la samba, en 1917.
Une danse devenue si populaire, qu'elle est désormais au cœur du Carnaval le plus médiatisé de la ville, à savoir le défilé des écoles de samba, tenu dans un lieu qui leur est spécialement dédié : le Sambodromo. Un défilé sous forme d'un concours géant, avec groupes de différents niveaux et juges spécialisés.
Tous les ans, chaque école choisit son thème pour le Carnaval, et l'applique à ses chars et costumes. Les différents chars participants sont ensuite jugés sur la base de plusieurs critères : samba, chars, ou costumes notamment. Les décomptes des notes sont annoncés au public en toute fin de défilé, désignant ainsi l'école championne de l'année. Il se tient cette année du 17 au 25 février.
Nice, le plus vieux Carnaval de France
Il faut remonter à 1294 pour en retrouver la première mention. Charles d'Anjou, Comte de Provence, fait alors savoir qu'il a passé à Nice "Les jours joyeux du Carnaval", rapporte la ville sur son site internet.
En 1539, l'organisation et la réglementation des festivités sont confiées aux "abbés des fous". Elles consistent alors en quatre bals tenus dans la ville, et accessibles en fonction de sa classe sociale : pour les nobles, pour les marchands, pour les artisans, et enfin pour les ouvriers.
En 1830, Nice devient "capitale de la villégiature hivernale", et le Carnaval, prend une nouvelle forme, plus actuelle. Mené par des notables de la cité à l'occasion de la venue du roi de Piémont-Sardaigne, Charles-Félix, il comprend cette fois des voitures et des calèches, et inclut un défilé de chars.
En 1873, un comité du Carnaval est créé, scellant la première "vraie" édition moderne des festivités. L'objectif, assurer la promotion de la ville et attirer le tourisme hivernal. Défilé de chars, mascarades, cavalcades... Le Carnaval se transforme en un véritable spectacle, attirant, au fil des ans, foule et multiples personnalités. Les batailles de fleurs sont créées trois ans plus tard, en 1876.
Le Carnaval de Nice fête cette année ses 150 ans. Plusieurs centaines de milliers de spectateurs sont attendus sur trois semaines de festivités, du 11 au 26 février.
Corse, l'étrange procession de Brando
Dans le petit village de Porettu, hameau de Brando, chaque année en février, les habitants revêtent leurs peaux de bêtes et leurs habits traditionnels. Une très vieille tradition païenne remise au goût du jour il y a une vingtaine d'années par des bénévoles du village, pour une fête qui symbolise la fin de l'hiver et le réveil de la nature.
Les déguisements sont conçus à base de végétaux et fabriqués par les petites mains du village. Les masques, des visages humains aux traits volontairement exagérés, sont autant des instruments d'anonymat que de dérision.
Les participants processionnent tout autour du village devant le public, dansent au son des violoneux, marient un roi et une reine, puis procèdent, le soir, au procès de Rampuffu, le roi du Carnaval, qui est enfin condamné au bûcher.
Le Carnaval s'est tenu cette année ce samedi 11 février.