De sa naissance en 1960 avec la fusion entre le Football Club Ajaccien et le Gazélec Club Corse à sa mise en liquidation judiciaire en janvier 2023, en passant par la montée éphémère en Ligue 1 en 2015, retour sur les étapes marquantes de la vie du club.
C’est en 1960 que le club voit le jour, à la suite de la fusion entre le Football Club Ajaccien, rival historique de l’AC Ajaccio, et le Gazélec Corse Club. Ce dernier était à l’origine un club monté par des agents EDF et GDF en 1956, d’où son nom de "Gazélec".
Les années 60, le début de l’histoire
Dès les premières années, c’est l’engouement autour du club. Sur les conseils d’Albert Batteux légendaire entraîneur du stade de Reims, Pierre Cahuzac, ancien joueur international devient entraineur-joueur de l’équipe en 1961. Le club remporte sous son égide le championnat de Corse et accède au championnat de France amateur.
Le Gazélec y connaît de nombreux succès avec quatre titres de champion en 1963, 1965, 1966 et 1968. Des matches mythiques sont joués durant cette décennie, notamment contre l’Olympique de Marseille. Marc Cases dit Kanyan, recruté par Cahuzac en Nouvelle-Calédonie, dribble alors Jean-Paul Escale, gardien de renom pour marquer d’une talonnade. Un geste devenu culte, qui lui vaudra des remontrances en interne. Un but jugé trop moqueur et pourtant si efficace. Le GFCA s’imposera au Vélodrome 5 buts à 1.
Suivront également des matchs amicaux avec des joueurs de légende. En deux mois, septembre et octobre 1967, s’enchaînent deux matches remarquables. Le premier contre le stade de Reims où Raymond Kopa, ballon d’or en 1958, joue la première mi-temps avec la formation rémoise, et la seconde avec le GFCA.
Le second match oppose le Dynamo de Moscou et le GFCA à Mezzavia. Sur le terrain, la quasi totalité des internationaux soviétiques de l’époque, parmi lesquels Lev Yachine, seul gardien à avoir remporté un ballon d’Or dans l’histoire. L’avant-centre des diables, Charly Taverni, inscrira un doublé.
La performance est d’autant plus notable qu’à l’époque, l’équipe est composée en grande partie d’électriciens et de gaziers, dont des joueurs de plus de 35 ans qui forment la charnière centrale. La stratégie de Pierre Cahuzac, véritable patron sur et en dehors du terrain, s’impose.
Des décennies en dents de scie
A partir des années 1970 et jusqu’au début des années 1990, le club rencontre des hauts et des bas, oscillant entre deuxième et troisième division.
Il connait notamment plusieurs parcours en coupe de France et affrontera même en mars 1990 le mythique Olympique de Marseille de Jean-Pierre Papin, Didier Deschamps ou encore Enzo Francescoli, dans un stade Mezzavia bondé accueillant plus de 12 000 spectateurs.
En 1992, le Gazélec atteindra les quarts de finale de l'épreuve en s'inclinant face à l’AS Monaco d’Arsène Wenger, finaliste cette année-là de la Coupe des Coupes.
Les années 2010 : l'accession en National et en Ligue 2
En 2011, après avoir retrouvé le championnat National, le Gazélec accède à la Ligue 2, sous la férule de Dominique Veilex et obtient de nouveau le statut professionnel.
La même saison, le club accède en demi-finale de la Coupe de France, éliminant le futur champion de France de Ligue 1 Montpellier dans un match relocalisé à Timizzolu, ainsi que Troyes, club de Ligue 2 et Toulouse, formation de l'élite.
Mais le parcours gazier s’arrête, malgré un match héroïque des Diables Rouges face à l'Olympique Lyonnais (défaite 3 à 0), vainqueur de l’édition.
2015, la parenthèse Ligue 1
En 2015, les 18 victoires engrangées durant la saison permettent au Gazélec d'accéder pour la première fois de son histoire à l'élite du football français. Le club possède alors en Ligue 2 le plus petit budget du championnat avec 4,5 millions d'euros.
Après une très mauvaise entame de championnat, le club ajaccien enchaîne quelques résultats positifs avec une série de matches sans défaite entre octobre et janvier. Il se prend même à rêver d’un maintien en première division. Le GFCA signe sa plus grande victoire contre l’Olympique Lyonnais à Mezzavia 2 buts à 1.
Mais le club termine finalement avant-dernier de la saison et redescend en Ligue 2.
Depuis 2019, la descente aux enfers
Dès 2019, les difficultés s’accumulent pour le GFCA. Le club chute en National 1.
En 2020, après le confinement lié à l’épidémie de Covid-19 et une saison blanche, le club est relégué administrativement en National 3.
En janvier 2023, après plusieurs mois de déboires extra-sportifs, le GFCA a été officiellement placé en liquidation judiciaire.
Cette décision du tribunal de commerce d’Ajaccio implique le retrait immédiat des deux formations séniors qui représentaient le Gazélec cette année : l’équipe fanion de National 3 et la réserve qui évoluait en Régional 2.
Seule lueur d'espoir désormais pour le GFCA : la possibilité de sauver l'association, une entité distincte de la SAS, qui gère uniquement la section jeunes du club ajaccien. Celle-ci compte 340 licenciés.
Son avenir se jouera en partie le 14 février prochain devant le tribunal judiciaire.
Retrouvez le reportage de Lionel Luciani :