Un mois et demi après leur large victoire aux élections territoriales, les dirigeants nationalistes corses Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni sont reçus lundi par Edouard Philippe à Matignon, à qui ils demandent un "dialogue sans tabou".

La rencontre avec le Premier ministre, intervient deux semaines avant le déplacement d'Emmanuel Macron en Corse, le 6 février, à l'occasion du vingtième anniversaire de l'assassinat du préfet Claude Erignac.

"On attend de façon générale l'ouverture d'un dialogue avec une méthode, un calendrier et un cadre qui soient vraiment à la hauteur des enjeux", a déclaré Gilles Simeoni, dirigeant du mouvement autonomiste Femu a Corsica et président du Conseil exécutif de la nouvelle collectivité territoriale unique de l'île.

Un dialogue "sans tabou ni préalable"​

Avec son allié indépendantiste Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse, il sera reçu par Edouard Philippe à 17h, en présence du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb et de la ministre Jacqueline Gourault, désignée "Madame Corse" du gouvernement après la victoire nationaliste.

Pour Gilles Simeoni, il faut un dialogue "sans tabou ni préalable" qui prenne en compte les "points fondamentaux": coofficialité de la langue corse avec le français, statut de résident corse permettant de protéger les insulaires de la spéculation immobilière, amnistie des prisonniers dits "politiques", reconnaissance de la Corse voire du "peuple corse" dans la Constitution, statut d'autonomie "de plein droit" de l'île de Beauté...

Un axe qui n'est pas "dissociable", selon lui, des questions liées à la naissance de la collectivité, dont le gouvernement, soucieux de dépolitiser au maximum, veut faire le premier et principal sujet.

Il faut dépolitiser le débat pour Matignon

C'est le premier rendez-vous avec le Premier ministre depuis l'écrasante victoire de la liste commune nationaliste Pè a Corsica (Pour la Corse) aux élections territoriales de décembre, avec 56,5% des suffrages.

La récente visite, le 5 janvier, de Jacqueline Gourault en Corse avait donné lieu à un dialogue qualifié de "constructif" de part et d'autre, mais cela doit être "tempéré", juge désormais Gilles Simeoni.

Si elle avait repoussé clairement certaines revendications, comme la coofficialité, la ministre MoDem avait fait un pas, en indiquant que le projet de réforme constitutionnelle pourrait "débloquer un certain nombre de sujets concernant la Corse", citant notamment la question foncière, la loi littoral, la gestion des déchets, via l'extension du droit d'expérimentation des collectivités.

De nouveaux rapprochements de certains prisonniers corses dans l'île sont également envisageables, au cas par cas, avait-elle dit.

Les deux élus corses doivent également être reçus mardi par le président de l'Assemblée nationale François de Rugy (LREM) et le président du Sénat Gérard Larcher (LR), deux acteurs clés de la future réforme constitutionnelle.

"Un des sujets, c'est +est-ce qu'on met le mot Corse dans la Constitution ?+. On réfléchit", explique une source gouvernementale.

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