Grève dans l'Education nationale : rassemblements à Ajaccio et Bastia

À l'appel de la plupart des organisations syndicales, les enseignants et les personnels de l'Éducation nationale se sont mobilisés, ce jeudi, contre le protocole sanitaire mis en place dans les établissements scolaires. À Ajaccio, environ 250 personnes se sont rassemblées devant le rectorat.

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Ce jeudi matin, à Ajaccio, près de 250 personnes se sont réunies devant le rectorat de Corse.

Parmi les grévistes massés sur le boulevard Lantivy et participant à ce mouvement national, il y a des enseignants, des professeurs des écoles et des personnels communaux et territoriaux qui travaillent dans les établissements scolaires de l'île. On croise également des parents d'élèves.

À l'appel d'une dizaine d'organisations syndicales (Snalc, Sgen-Cfdt, STC, FSU, Unsa, FO et FCPE...), tous sont venus protester contre les modalités du protocole sanitaire mis en place par le gouvernement dans le primaire et le secondaire.

"Nous réclamons des masques FFP2, des purificateurs d'air et plus de concertation afin d'avoir confiance dans ce protocole, clament à l'unisson les syndicats qui déplorent des "conditions de travail difficiles et lamentables, ainsi que des problèmes de recrutement pour faire face à la crise."

"C'est la problématique du pilotage qui se pose aujourd'hui, lance Jean-Pierre Luciani, micro en main. Depuis les marches du rectorat, le secrétaire national du STC-éducation poursuit : "un protocole explicité pour le 3 janvier qui devient caduc le lendemain et le surlendemain. Comment voulez-vous que l'on ait confiance ?"

Une question que l'on se pose également à Bastia où, au même moment, un rassemblement se déroule devant l'inspection académique. Parmi les manifestants, on note la présence de Michel Stefani, secrétaire régional du Parti communiste en Corse.

"Le protocole n'est pas respecté"

À Ajaccio, du côté des parents d'élèves, dont la principale fédération, la FCPE, a appelé à la mobilisation, la crise du Covid et sa gestion suscitent également de l'incompréhension. "L'un des problèmes concerne les autotests, confie Mélanie dont la fille, scolarisée à Vico, a dû se tester deux fois cette semaine. En tant que parents, nous sommes censés récupérer les tests gratuitement dans les pharmacies. Or, ce n'est pas le cas. De plus, il y a aussi beacoup de difficultés pour remplacer les enseignants absents." 

Un peu plus loin, Sabrina; explique ne "pas mettre actuellement sa fille au collège Laetitia car il n'y a pas de personnels pour nettoyer les salles". Et d'ajouter : "le protocole n'est donc pas respecté".

Toute proche de la retraite, une enseignante souligne quant à elle "le courage des élèves qui doivent porter le masque en permanence depuis plus d'un an".

Une délégation reçue par le recteur

En fin de matinée, plusieurs représentants syndicaux se sont entetenus avec le recteur de Corse, Jean-Philippe Agresti."On n'a rien obtenu, même pas les masques FFP2 et le remplacement des enseignants absents", confie un syndicaliste au sortir de l'entrevue.

"Nous avons été bien accueillis par le recteur qui nous a écoutés poliment, fait remarquer Antoine Pedinielli, secrétaire départemental SE-Unsa. On l'a senti compatissant à notre égard. On a aussi évoqué le report des évaluations en classe de CP qui doivent avoir lieu à partir du 17 janvier. Que ce soit pour les enseignants ou les élèves, cela n'aurait rien changé qu'elles aient lieu un mois plus tard afin de passer le pic de la crise. Mais là aussi, on a eu une fin de non-recevoir. Même constat pour le report des réunions pédagogiques."

Concernant les suites que pourrait prendre ce mouvement de protestation, rien n'est encore défini. "On va d'abord voir les premières retombées au niveau national puis régional", indique Antoine Pedinielli.

Bataille de chiffres d'un côté, réponse du ministre de l'autre

Ce jeudi, le ministère de l'Éducation nationale a officiellement annoncé 38,5 % d'enseignants grévistes dans les écoles (maternelles et primaires) et 24% dans le secondaire. Côté syndicats, on avance le chiffre de 75 % dans les écoles et de 62 % dans les collèges et lycées.

Depuis le début du mandat d'Emmanuel Macron en mai 2017, il s'agit du deuxième plus important mouvement social du monde de l'éducation en France.

En Corse, selon l'Académie, 51.82 % des enseignants ont fait grève ce jeudi dans le premier degré, 37.87% dans le second. À Ajaccio, certaines écoles, comme celle de Pietralba, étaient fermées pour la journée.

"On va aussi attendre la réponse du ministère de l'Éducation nationale, ajoute Antoine Pedinielli. En fonction de celle-ci, on ne s'interdit pas de recommencer une nouvelle journée d'action."

À l'issue du rassemblement, un professeur du lycée Fesch a lancé un appel "à suspendre les cours" dans l'établissement ajaccien et à "faire de la garderie" avec les élèves.

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