La cour d'assises des Bouches-du-Rhône a acquitté Guy Orsoni des meurtres de Thierry Castola et Sabri Brahimi. Guy Orsoni a été condamné à huit ans de prison pour association de malfaiteurs. Les autres peines s'échelonnent de 1 à 5 ans de prison.
L'ex-leader nationaliste corse Alain Orsoni a été condamné mardi à un an de prison et son fils Guy à 8 ans par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, qui a en revanche prononcé un acquittement général pour deux assassinats commis en 2009 en Corse.
Au total, 12 hommes étaient jugés depuis le 11 mai à Aix-en-Provence pour leur implication à des degrés divers - selon l'accusation - dans les assassinats de Thierry Castola et Sabri Brahimi et dans la tentative contre Francis Castola, commises en 2009 à Ajaccio et dans sa région. Ces faits, selon l'avocat général Pierre Cortès, s'inscrivaient dans une "lutte de clans" opposant le "clan Orsoni", mené par le fils Guy, à des membres de la bande dite du "Petit Bar" et leurs proches.
Réquisitions sévères
Malgré des réquisitions sévères - 30 ans pour Guy Orsoni, et des peines allant jusqu'à 28 ans de réclusion pour ses co-accusés -, tous ceux qui étaient poursuivis pour ces deux assassinats et cette tentative, ou même pour des associations de malfaiteurs en vue de commettre ces faits précis, ont été acquittés de ces chefs.
"Mon fils a pris 8 ans pour rien", a déploré après l'énoncé du verdict Alain Orsoni, qui, tout au long des sept semaines d'audience, a mis toute son énergie à défendre Guy. Le verdict de la cour d'assises a été accueilli sans exubérance par les accusés, dont beaucoup, soulagés, sont tombés dans les bras de leurs proches.
L'Avocat de Guy Orsoni, Me Hervé Temime a fait part de son "immense satisfaction par rapport à des acquittements très spectaculaires". "C'est une décision pleine de sens et de courage, malheureusement Guy Orsoni est condamné de façon immodérée pour une association de malfaiteurs", a-t-il regretté.
'Une Corse malade d'une gangrène mafieuse'
Les condamnations prononcées portent sur des chefs d'accusation connexes aux deux assassinats et à la tentative - association de malfaiteurs en vue d'obtenir des faux papiers, pour Guy Orsoni et d'autres, détention d'armes, destruction d'une caméra de vidéosurveillance ou menaces de mort dans le cas d'Alain Orsoni. Elles s'échelonnent de un an à 8 ans de prison.
La cour d'assises a également prononcé deux acquittements - un qui avait été requis par l'avocat général, et un autre visant le seul accusé qui était en fuite lors du procès. Aucun mandat de dépôt n'a été prononcé, les peines étant dans la plupart des cas couvertes par la détention provisoire des accusés.
Quatre accusés, dont Guy Orsoni, comparaissaient détenus, dont un, qui a été acquitté dans cette affaire, pour des faits liés à d'autres affaires. Le tribunal a ordonné la remise en liberté d'un des trois autres. Après une cavale de quasiment deux ans, Guy Orsoni est quant à lui incarcéré depuis 2011 et son interpellation en Espagne.
Dans son réquisitoire, l'avocat général Pierre Cortès avait dénoncé "une Corse malade d'une gangrène mafieuse", évoquant aussi une "Corse silencieuse qui souffre d'une gangstérisation de l'île".
Aucun indice matériel très net, ni aucun témoignage, en dehors de ceux émanant de témoins anonymes, ne sont venus au cours de l'instruction ou de l'audience appuyer très clairement la thèse de l'avocat général. A Aix-en-Provence, les rares témoins qui semblaient étayer l'accusation - dont l'un des accusés, finalement acquitté - ont tous eu tendance à revenir sur leurs premières déclarations.