Fête initialement irlandaise, Halloween est désormais célébré dans le monde entier. La Corse n’y échappe pas. Commerciale pour certains, plus joyeuse pour d’autres, son essor est réel, auprès des petits comme des plus grands.
Serre-tête cornes de diable ou chapeau de sorcière, le cœur de Sabrina balance. "C'est le tout premier Halloween qu'on organise pour la petite, et on a décidé de faire les choses bien. On a acheté la citrouille, on a décoré la maison avec des fausses toiles d'araignée, mais on a un peu tardé pour acheter son costume."
La jeune maman fouille minutieusement les rayons du magasin GiFi de Furiani, à la recherche du déguisement le plus seyant pour la petite Lina, 5 ans. "Initialement, je voulais qu'elle soit en chat noir, mais son père trouvait que ça ne faisait pas assez fête des morts, souffle Sabrina. Alors on regarde ce qu'il leur reste."
Sabrina et Lina ne sont pas les seules à faire des courses d'Halloween de dernière minute, ce lundi 31 octobre : depuis l'ouverture du magasin ce matin, les clients se pressent en nombre dans les quatre rayons spécialement installés.
"Ça ne s'arrête pas, confirme un vendeur. Ils viennent pour acheter les costumes, des décorations, même des moules spécifiques ou des bols citrouille pour la maison... C'est des journées un peu chargées pour nous."
Fête d'origine irlandaise
Contraction de l'anglais "All Hallows'Eve", qui se traduit par "la veille de tous les saints" ou "la veillée de la Toussaint", la tradition d'Halloween serait née il y a 2.500 ans en Irlande. À l'origine, la fête irlandaise de Samain, était célébrée durant 6 jours, du 29 octobre au 4 novembre.
Durant cette période, les Celtes croyaient que la barrière entre les mondes physique et spirituel pouvait être franchie, rapporte le site Bretagne.com. Selon certaines théories, ils se déguisaient alors pour effrayer les êtres qui tenteraient de passer de l'au-delà au royaume humain.
Depuis, la fête, désormais plus consacrée à tenter de se faire gentiment peur entre amis et déguster des friandises plutôt qu'empêcher le retour des défunts sur Terre, s'est exportée dans le monde entier. Mais très largement célébré aux Etats-Unis, en Irlande ou au Royaume-Uni, Halloween a longtemps peiné à séduire en Corse, et plus largement sur le continent.
Les gens nous prenaient pour des fous et ne comprenaient pas ce qu'on voulait. On est vite rentrés chez nous, presque bredouilles.
"Quand j'étais adolescent, on a tenté de l'organiser une année, se souvient Arnaud, la quarantaine. On s'est déguisés, on a tenté de sonner aux portes des voisins, mais on n'a pas récolté beaucoup de bonbons. Les gens nous prenaient pour des fous et ne comprenaient pas ce qu'on voulait. On est vite rentrés chez nous, presque bredouilles."
De plus en plus populaire
Depuis quelques années, les citrouilles et sorcières gagnent néanmoins des adeptes sur l'île. Au Temple de la fête, à Biguglia, la tendance a bien été constatée : "Il suffit de regarder les rayons, on commence à être dévalisés !", indique Audrey Cacciaguerra, responsable de la boutique.
Une clientèle composée de particuliers comme des professionnels, précise-t-elle. "On voit venir des restaurateurs, des gérants de bar qui ne venaient pas forcément avant, et qui achètent de quoi décorer leurs locaux. C'est tous les ans de plus en plus. On voit vraiment que ça prend de l'ampleur."
Des clients qui s'y prennent aussi de plus en plus tôt pour préparer leur soirée : "Certains viennent même à partir du 15 octobre !" Une bonne stratégie, estime Audrey Cacciaguerra, pour être sûr de trouver ce que l'on cherche. "S'ils veulent une tenue spécifique, il vaut mieux venir plus tôt. Les autres prennent ce qu'il reste."
Les jeunes voient les Américains le célébrer, et ça leur donne envie de le faire à leur tour.
Au Temple de la fête, on ne lésine pas avec Halloween : pour faire face à cet afflux continu de clientèle, "on commande chaque année de plus en plus de produits." Et pour cause : à elle seule, la fête représente près d'un quart du chiffre d'affaires du magasin.
Pour Audrey Cacciaguerra, si Halloween a toujours été célébré, sa récente popularité en Corse découlerait directement des réseaux sociaux. "Les jeunes voient les Américains le célébrer, et ça leur donne envie de le faire à leur tour."
Célébrations entre amis
C'est le cas, notamment, de Sonia, 10 ans. Biberonnée, l'an passé, aux vidéos d'adolescents américains dévoilant leur costume et leur maison décorée, la jeune fille a supplié ses parents de la laisser elle aussi organiser une fête, cette année, avec toutes ses copines.
Même programme pour Enrique, 12 ans, et Clovis, 13 ans : invités à passer la soirée chez un ami, ils viendront vêtus d'une parure du personnage de ghost face dans le film Scream. "On va s'amuser entre nous, manger des bonbons et profiter tous ensemble".
Lara, 11 ans, se rend elle aussi à une fête. Son déguisement, elle en d'ailleurs trouvé l'idée sur TikTok : "Je vais venir en Emilie des Noces Funèbres, le film de Tim Burton", sourit-elle.
La jeune fille s'est d'ailleurs entrainée la veille pour bien réussir son maquillage : "Je n'ai que du fard à paupière bleu que j'ai dilué pour faire le teint, mais ça rend plutôt bien."
Pour les petits et les grands
Célébré par les petits, Halloween l'est aussi par les plus grands : pour Cyril et Marie-Anaïs, 24 et 25 ans, c'est l'heure des derniers achats avant l'organisation d'une fête juste à deux, ce soir. "On va regarder soit des films d'horreur, soit des épisodes des Simpson spécials Halloween", indique Cyril.
Une soirée cinéma accompagnée d'un repas là encore dans le thème : "On est encore en train d'y réfléchir, mais on pense à du pop-corn rouge pour faire sanglant par exemple", sourit Marie-Anaïs.
La jeune femme est une inconditionnelle d'Halloween : "C'est ma fête préférée ! J'aime tout, les déguisements, les citrouilles, les bonbons, j'attends toujours ça avec impatience. D'habitude, on fait une soirée déguisée entre amis, mais cette année, ce n'était pas possible, donc on fait un petit quelque chose plus intimiste pour perpétuer la tradition."
Si le couple n'a pas encore tout à fait arrêté son choix de déguisements pour cette année, "on pense plutôt à quelque chose de simple, comme des serre-têtes, pour pouvoir manger tranquillement", l'un comme l'autre assure n'avoir pas peur d'expérimenter les tenues : "une année, on a fait les vampires, une autre Alice et le Lapin dans Alice aux pays des merveilles... Et puis une fois, j'étais un hot-dog", plaisante Marie-Anaïs.
Une chose est sûre : la popularité d'Halloween n'a sans doute pas encore fini de progresser.