Premier entraînement, en public, pour les tenants du titre, qui préparent leur entrée dans la Coupe du monde du rugby 2023 en Corse.
Le stade Tamburini, à Biguglia, n'a plus été à telle fête depuis très longtemps. L'entraînement des Springboks a déjà commencé que les amateurs de rugby, nombreux, et les curieux, plus nombreux encore, continuent d'affluer. La file des voitures, sur le petit chemin qui mène au parking, est interminable.
La tribune est pleine, et les derniers arrivés se massent au bord de la pelouse, derrière le grillage qui les sépare des champions du monde. Ces derniers terminent leur échauffement, et s'apprêtent à passer aux choses sérieuses. Les cameramen et les photographes présents sur la touche sont priés de se retirer.
Tous les publics
Dans le public, les commentaires vont bon train.
Il y a ceux qui sont venus, attirés par le battage médiatique autour de la venue des Springboks, mais ne sont pas vraiment au fait des subtilités du rugby à XV. Un trentenaire se penche vers un ami et lui glisse à l'oreille, à l'abri des oreilles indiscrètes : "ils sont beaucoup, sur le terrain, non ?".
Il y a ceux qui aiment le sport, tous les sports, et qui n'auraient manqué ça pour rien au monde. Lorsqu'on demande à Toussaint, 78 ans, pourquoi il a fait le déplacement depuis Tomino, dans le Cap Corse, il nous répond : "vous en avez déjà vu beaucoup, des champions du monde, en Corse ?". Son frère, assis devant lui, enchérit : "et des Sud-africains de 2 mètres, vous en avez vu beaucoup ?"
Ils s'apprêtent à jouer une Coupe du monde, et ils sont les tenants du titre. À un tel niveau, rien n'est laissé au hasard. Alors choisir de venir en Corse, ce n'est pas rien
Et puis il y a ceux qui suivent le rugby, et n'en peuvent plus d'attendre le début de la Coupe du monde, le septembre prochain. Et qui croient deviner, dans le choix des exercices proposés par les coachs, les futurs choix tactiques des Springboks.
Honneur
Tous, en tout cas, s'accordent sur une chose. La présence des champions du monde à Biguglia est exceptionnelle. "C'est un honneur de les recevoir chez nous. Et puis ce n’est pas une tournée promotionnelle ! Ils s'apprêtent à jouer une Coupe du monde, et ils sont les tenants du titre. À un tel niveau, rien n'est laissé au hasard. Alors choisir de venir en Corse, ce n'est pas rien", confie Hervé.
La Corse n'est pas vraiment une terre de rugby, comme l'est le Sud-Ouest. L'île compte 14 clubs, et 1.200 licenciés. On est loin de l'engouement provoqué par le ballon rond, mais les instances régionales se démènent pour donner un coup de projecteur sur la discipline. Et la venue des Springboks est un vrai coup d'éclat.
De quoi, sans nul doute, susciter de nouvelles vocations. À voir, en tribune, les enfants qui tentent d'imiter, ballon ovale en main, leurs illustres aînés, on se dit que le contingent des rugbymen insulaires pourrait fort bien gonfler dans les prochains mois.
Une chose est sûre, le XV sud-africain peut désormais compter sur de nouveaux supporters.