Samedi soir, un incident survenu sur un manège à la foire de Calenzana a fait quatre blessés. En France,le contrôle et l'entretien des machines et installations des fêtes foraines et parc d'attractions sont soumis à un cadre juridique strict. On fait le point dans cet article.
Des blessés légers et des festivités qui ont pu reprendre dès le lendemain matin... Mais une grosse frayeur pour les passagers du manège comme pour le reste des personnes présentes à la foire de Calenzana. Il est aux environs de 23h30, ce samedi 25 mai, quand survient un incident sur une des attractions.
En cause, selon le gérant : un pompon suspendu qui n'aurait pas été remonté avant le lancement du manège, et se serait accroché aux chaînes des nacelles, engendrant la panique. Une erreur humaine, donc, alors que le manège rentre, toujours selon ce dernier, bien dans les normes de rigueur.
Une enquête est en cours pour déterminer les circonstances de cet accident, confirme ce mardi 28 mai la directrice de cabinet du préfet de Haute-Corse, Magali Chapey.
Les investigations, menées par les forces de l'ordre et sous l'autorité du procureur de la République de Bastia, viseront notamment à déterminer s'il s'agit d'un problème technique du manège, d'une défaillance ou d'un défaut de matériel ou d'une autre cause. "Les conclusions seront rendues à l'exploitant qui sera tenu de se remettre en conformité", précise-t-elle.
En France, les manèges, machines et installations pour fêtes ou parc d'attractions sont soumis à un cadre juridique strict, destiné à garantir la sécurité des personnes qui les pratiquent.
L'article 1 de la loi n°2008-136 du 13 février 2008 impose ainsi que ces équipements "doivent être conçus, construits, installés, exploités et entretenus de façon à présenter, dans des conditions normales d’utilisation ou dans d’autres conditions raisonnablement prévisibles par le professionnel, la sécurité à laquelle on peut légitimement s’attendre et ne pas porter atteinte à la santé des personnes."
Des contrôles techniques stricts et précis
Avant même leur mise en service, ils sont de fait soumis à un contrôle technique, assumé par un organisme agréé par l'Etat. Il en existe 10 en France.
Stabilité de l'installation, fixations, mécanismes, présence et solidité des garde-corps ou barrières, des ceintures, du bon entretien du système de freinage ou encore des installations électriques... L'ensemble de la structure est analysé minutieusement afin de vérifier son bon fonctionnement et son aptitude à assurer la sécurité du public - aussi bien celui qui l'utilise qu'alentours -. Des essais peuvent également être organisés dans le cadre de ces contrôles.
Une fois cet examen validé, un premier agrément est délivré pour une durée de cinq ans. Celui-ci est essentiel pour pouvoir exploiter la structure, et doit être conservé par l'exploitant, qui est par ailleurs tenu de faire connaître par voie d'affichage le nom de l'organisme de contrôle technique et la date de sa dernière visite.
Renouvellement périodique
Ces vérifications doivent par la suite être renouvelées périodiquement : tous les ans pour les attractions à sensations fortes comme les montagnes russes ou les Grands huit - ou comme le manège en question à Calenzana -, et tous les trois ans pour les manèges plus calmes, à l'instar des auto-tamponneuses, ou plus généralement des manèges pour enfants.
Les attestations peuvent - et doivent - être contrôlées par la municipalité. En leur absence, ou en cas de suspicion légitime de risque pour la sécurité du public, le maire peut interdire la mise en service des manèges. À noter qu'avant même l'installation d'attractions sur un territoire communal, tout exploitant doit présenter à la mairie un dossier de demande d'implantation sur le domaine public.
La zone déterminée doit se situer sur un sol adapté, de manière à ne pas entraîner de dangers liés à l'environnement, et doit permettre au public d'accéder et de sortir du manège "en toute sécurité". Un dégagement suffisant doit également être réfléchi afin de permettre l'accès aux véhicules de secours et aux bouches d'incendie entre les diverses attractions foraines.
Inspections journalières
Outre ces contrôles techniques détaillés, "l'environnement du manège doit faire l'objet d'une inspection chaque jour, plusieurs fois par jour, pour s'assurer qu'aucun élément extérieur ne puisse être à l'origine d'un incident", indique le guide de préconisations pour la sécurité des manèges, machines, et installations pour fêtes foraines et parc d'attractions (du 18 avril 2016, par la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises).
Plus encore, poursuit le guide, l'ensemble des personnes impliquées dans l'exploitation d'un dispositif de divertissement "doit bénéficier d'une formation expliquant les règles de fonctionnement de l'attraction."
Une formation qui doit notamment porter sur les prescriptions de montage, maintenance, limitations de vitesse, procédures d'embarquement et débarquement, restrictions applicables aux passagers, les procédures d'arrêt d'urgence, ou encore l'évacuation des passagers.
Des accidents peu fréquents
Les investigations se poursuivent pour déterminer les causes de cet incident survenu à la foire de Calenzana. Mais dans tous les cas, les accidents de machines et attractions sont relativement rares en Corse comme sur le reste du territoire national, rassure Magali Chapey, directrice de cabinet du préfet de Haute-Corse.
"Nous avons une réglementation qui a été renforcée au fil des ans, et des contrôles avant installation, périodes, et tout au long de l'exploitation qui sont mis en place". Suffisants, donc, pour rendre les accidents de ce type pour le moins marginaux, et rassurer les amateurs de parcs et fêtes foraines.