En Corse, il n'existe plus que quelques entreprises artisanales expertes dans la pose de toit en lauze. Il n'existe pas non plus de filière de formation. Et il ne reste plus qu’une seule carrière dans toute l'île pour extraire le précieux schiste.
Le travail de la lauze va-t-il disparaître ? Non, répond une équipe d’artisans à la retraite. Réunis au sein d'une association, ils ont décidé de se mobiliser afin de faire perdurer le métier de poseur de lauze.
Depuis 1999, l'association Promolauze se bat pour la création d'une véritable filière. Son but est de valoriser une technique ancestrale de couverture et de relancer la production. Selon son président Michel Guillaumin, la mise en place d'une véritable filière pourrait générer 500 emplois, et 70 millions d'euros de chiffre d'affaire.
A 78 ans, Michel Guillaumin refuse que la pierre schisteuse et les derniers artisans sachant la travailler disparaissent. Avec soixante ans d'expérience, ce septuagénaire est un des référents incontournables du secteur, un spécialiste, souvent sollicité pour son savoir-faire. Longtemps il a oeuvré au Centre de formation des apprentis de Haute-Corse, mais le constat est là : la filière attirait peu et a disparu.
Même s’il a formé une vingtaine de personnes pour couvrir les toitures, l'avenir du métier est bien incertain. Quant à la filière de production, la Corse ne compte désormais plus qu'une carrière à Pie-d’Orezza. Mais là aussi le temps est compté. Son gisement de lauze sera épuisé dans dix ans.
Et la lauze corse est déjà concurrencée par l’importation de lauzes de Gênes ou d'Argentine, bien moins couteuses pour des particuliers confrontés aussi à la disparition des aides pour réhabiliter le bâti ancien.
"Artisan-poseur de lauze, un métier en voie de disparition", un reportage de Solange Graziani et Guillaume Leonetti.