Elles modernisent des techniques comme le crochet, créent des étoffes bio ou recyclent de vieux tissus. Ces adeptes du "fait main" agissent aussi pour la planète. Une certaine idée de la couture.
Elle est devenue accro au crochet. Au point d'en faire son métier. Marie a ouvert une boutique après avoir redécouvert cette technique ancienne, qu'elle avait apprise auprès de sa grand-mère. "Elle m'avait montré comment faire des napperons, se rappelle-t-elle avec nostalgie, et puis j'ai tout laissé tomber à l'adolescence. Je trouvais ça ringard".
Des années plus tard, la jeune femme a créé sa marque, Mamiedeleine, en hommage à sa mamie Madeleine. Comme un porte-bonheur, elle garde dans ses tiroirs une grande nappe qu'elle avait confectionnée. Un souvenir sentimental aux côtés de ses propres créations.
Mon but, c'est de rendre le crochet hyperbranché, en associant des couleurs et des matières actuelles.
Marie
Dans son atelier bohème, installé à Peujard en Gironde, la trousse s'appelle Annie comme sa tatie, et l'étui à lunettes Léon, comme son tonton.
Si ses racines familiales ne sont jamais très loin, son inspiration est résolument contemporaine. Pas question de pratiquer le crochet "à l'ancienne". Marie le réinvente en utilisant notamment de gros crochets (n°14 pour les spécialistes) qui changent tout. Ils permettent de fabriquer des objets en trois dimensions.
Le trapilo, un fil recyclé
La jeune Girondine est le parfait exemple de cette nouvelle génération adepte du fait main, mais aussi du recyclage. Pour certains objets, elle utilise un déchet textile : le trapilo, issu de chutes de tissus lors de la coupe de tee-shirt. Il s'agit de bandes de quelques centimètres de large qui peuvent servir de fil.
Vous êtes curieux du résultat ? Regardez notre reportage.
Faire du neuf avec du vieux
La récup', cette Bordelaise en a fait sa spécialité. Voilà 27 ans que Julie a, elle aussi, créé sa marque, Le soleil est en nous. Elle récupère de vieux tissus pour imaginer des vêtements neufs. Autrefois marginale, sa pratique du "surcyclage" est désormais dans l'air du temps. La couturière fait figure de pionnière : "je suis ravie, dit-elle, de cet attrait des jeunes pour une nouvelle façon de vivre, de consommer et de créer".
J'aime les jolies matières, c'est une ressource précieuse. Je trouve ridicule de les jeter quand on peut les réutiliser.
JulieCouturière
Julie travaille sur une solide machine des années cinquante, offerte par... une grand-mère. Elle coud certaines étoffes selon la technique japonaise du sashiko. Le raccommodage devient broderie. L'occasion d'imaginer une forme, un motif, une touche créative pour embellir le vêtement abimé.
J'aime l'idée que les choses aient un sens et une histoire. Donner une seconde ou une troisième vie, c'est ma façon de voir la vie.
JulieCouturière
Julie rappelle que l’industrie de la mode est l’une des plus polluantes au monde. Selon l'association Fashion Green Hub, une femme achète en moyenne une trentaine de kilos de textiles par an. À peine un quart est réutilisé. A l'échelle internationale, ce serait l’équivalent de centaines de millions d’euros de vêtements jetés à la poubelle chaque année. Les mentalités évoluent peu à peu. Plus d'un Français sur deux aurait l'intention d'acheté un article "upcyclé" dans les mois qui viennent.
Pour découvrir quelques secrets du surcyclage, regardez notre reportage.
La couture, une seconde nature
À Bayonne, Charlotte a une autre approche, mais tout aussi soucieuse de l'environnement. Elle s'est lancée dans la création de tissus en fibres naturelles. Elle était graphiste avant de découvrir le plaisir de coudre. Elle passe un CAP, mais se heurte à une déception inattendue. La couturière ne trouve pas de motifs et de matières à son goût. Qu'à cela ne tienne, elle va fabriquer elle-même les matières qu'elle rêve de travailler.
En 2021, sa marque voit le jour. Madame Iris est née, comme un clin d'oeil à son enfance, lorsqu'elle rêvait d'être fleuriste. Ce qui explique sans doute que la nature soit beaucoup présente dans son univers. Elle dessine des fleurs et des animaux de toutes sortes, dans un style bien à elle, rafraichissant et coloré.
Un succès immédiat
En trois ans, cinquante tissus ont été réalisés dans une usine du Portugal. Sur les réseaux sociaux, une véritable commuauté de couturières, adeptes des collections, s'est créée dans le monde entier. Charlotte s'en félicite : "c'est fou de se dire qu'on peut s'offrir une petite robe en la cousant soi-même dans une matière noble, pour seulement trente euros, quand de grandes marques les vendent dix fois plus chères avec du polyester venu de Chine".
Si vous voulez avoir un aperçu de son savoir-faire, regardez notre reportage.