L'avocat général avait requis 9 années de prison contre Alexandre Rebours pour tentative d'assassinat sur un patron de camping calvais, armé d'une hachette, le 17 septembre 2020, à Calvi. Les jurés ont souligné la volonté punitive, mais ils ont écarté l'hypothèse d'une préméditation et d'une volonté de tuer.
Après un peu moins de trois heures dans la salle de délibération, la cour et les jurés rejoignent la salle des assises de Haute-Corse. Le président demande à Alexandre Rebours de se lever, pour entendre la décision.
À la question : "l'accusé est-il coupable d'avoir, à Calvi, le 17 septembre 2020, tenté de volontairement donner la mort à Dominique Desvignes ?", les jurés ont répondu non.
Ils ont également rejeté, en conséquence, la préméditation, tout comme la possibilité qu'Alexandre Rebours ait souffert de troubles psychiques ou neuro-psychiques lors de ses actes.
En conséquence, ils ont sanctionné l'accusé à sept ans de prison.
Alexandre Rebours a dix jours pour faire appel.
Passions tristes
« C’est un dossier qui frissonne de passions tristes, lancinantes, brûlantes, et nous révèle l’extrême fragilité des êtres. »
Maître de Casalta, à la barre, ce matin, lors de sa plaidoirie, avait insisté sur le caractère dramatique des événements qui ont conduit Alexandre Rebours à agresser Dominique Desvignes dans son camping, armé d'une hachette.
L'avocat a parlé d'une « agonie qui s’est écrite entre le 10 et le 17 septembre 2020, sur le vif d'une dépression, de la rumination de ces pensées, alors qu’il est tout obnubilé par sa femme, et par le poison délétère de la trahison qu’elle a distillée en lui dans un goutte-à-goutte terriblement éprouvant en livrant, un à un, la comptabilité de ses amants ».
Alexandre Rebours porte en lui l’empreinte malheureuse des choses brisées
Maître de Casalta
À l’origine de cette agonie, il y avait, selon lui, « la délatrice anonyme qui a levé le voile sur cet adultère, et sur ces humiliations répétées ».
Mais l’ancien bâtonnier du barreau de Bastia ne s'est pas appesanti sur ce corbeau qui a animé une grande partie des débats durant les jours précédents. Jean-Sébastien de Casalta semblait vouloir avant tout que les jurés acceptent l’idée que son client n’était plus lui-même au moment de l’agression, le 17 septembre, en début d'après-midi, au camping Bella Vista
Au fil de la plaidoirie, la voix enflait, les gestes se faisaient plus amples. Gérard de Nerval était même convoqué à la barre, le temps d’une citation d’El Desdichado.
« Celui-ci, lançait l’avocat en se tournant vers Alexandre Rebours, assis dans le box, s’est consumé dans l’habitude intranquille du manque d’amour. Il porte en lui l’empreinte malheureuse des choses brisées ».
L'absence de discernement en question
Un peu plus tôt, Maître Lia Simoni s’était pour sa part attardée plus longuement sur le caractère prémédité, ou non, de l’agression.
Pour l’autre avocate d’Alexandre Rebours, il était impossible pour lui de « commettre, ou de tenter de commettre, l’acte pour lequel il est accusé ».
Et Me Simoni de brandir les rapports des experts, qui ne pointent "aucune propension à la violence, pas de névrose, pas de tendance paranoïaque". Ou de citer les conclusions de l’adjudant en charge de l’enquête, qui « n’a jamais parlé de préméditation ou de tentative d’assassinat », mais soulignait en revanche l’« effet dévastateur » des messages du corbeau.
Quant à la hachette, affirmait la défense, « elle n’était pas là pour tuer, elle était là pour impressionner ».
S’il avait l’intention de le tuer, il l’aurait fait
Maître Lia Simoni
Elle avait également remis en doute les affirmations de l’accusation et de la partie civile, concernant les blessures qui auraient été causées par le coup porté, au visage, avec le côté plat de la hachette.
« Rien ne permet de connaître l’origine des lésions. La victime a été retrouvée entre la pièce du bungalow et la terrasse, et les rails de la porte vitrée peuvent présenter un élément contondant. Dans la chute, les lésions ont pu être commises sans qu’elles ne proviennent de la hache ».
Pour convaincre les jurés d'écarter la volonté de tuer, Maître Simoni avait enchéri : « tout au long de la scène il avait cette hachette, et jamais il n’a utilisé le côté tranchant, alors que monsieur Desvignes se trouvait à sa merci. S’il avait l’intention de le tuer, il l’aurait fait ».
« C’est profondément injuste, ce qui s’est passé ce 17 septembre 2020, mais on ne répare pas une injustice par une autre injustice », avait conclu Maître Simoni,
Les jurés ont choisi une voie médiane, en optant pour une peine de prison à égale distance de celle de neuf ans, requise par François Thévenot, et de celle de cinq ans, pour laquelle a plaidé la défense.