L'amande de Corse, une filière qui n'en finit pas de se construire

Comme chaque année depuis 25 ans, Aregno accueille a fiera di l'amandulu. Un rendez-vous très prisé des producteurs et des touristes, qui met en valeur la très belle qualité de l'amande corse. La région est la principale productrice du pays. Pour autant, la filière peine à se structurer.

Pendant des années, Roger Choix a cultivé le pruneau, à Borgo, sur l'exploitation familiale d'une cinquantaine d'hectares. Et puis récemment, lui et sa mère ont décidé de changer d'activité. Ils se sont lancés dans l'amande.

Pour lui, l'amande, en Corse, a de nombreuses qualités à faire valoir. La première, son très beau calibre, "deux ou trois fois plus gros que les amandes espagnoles ou américaines". Un calibre qui séduit les chocolatiers et les fabricants de dragée, à la recherche de cette qualité.

Roger le reconnaît, c'est un marché de niche, l'amande en Corse, mais il a choisi de voir cela du bon côté. "Cela permet de faire vivre le producteur. Sur le marché mondial, les acheteurs paient le kilo 3,5 euros au producteur. Et en Corse, il se négocie plus cher, aux environs de 7 euros".

Coopératives continentales

À la foire de l'amande d'Aregno, les locaux, et les nombreux touristes, vont d'un stand à l'autre, profitent des dégustations, et font le plein de nougat, de pâte à tartiner, quand ils n'achètent pas l'amande non transformée, pour la cuisiner une fois rentrés chez eux. 

Comme Roger, ils sont près de 80 producteurs et commerçants à avoir rejoint le village de Balagne pour faire découvrir leur production durant tout le week-end.

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La foire de l'amande d'Aregno attire de nombreux curieux. ©FTV

Roger Choix espère récolter 5 à 6 tonnes d'amandes cette année. Et vise une production bien plus importante, une cinquantaine de tonnes, dans les cinq ans à venir.

Ces amandes partiront ensuite dans le Gard. Roger a fait le choix de faire partie d'une coopérative située à Nîmes. Une bonne partie des producteurs d'amandes, 39 sur l'ensemble de la Corse, ont fait ce choix-là. Seuls quelques-uns ont préféré rester indépendants.

Privilégier la filière locale

Régis Esteban, lui s'occupe de la Confiserie de la cité impériale, à Ajaccio. Sa famille est dans le métier depuis trois générations. Il connaît bien le marché, et déplore, pour sa part, que les amandes corses quittent l'île en aussi grande quantité. "La confiserie s'appuie sur les noisettes de Cervione, sur le miel corse. Pour les amandes corses, c'est plus difficile. On doit faire avec ce qui reste."

Selon lui, c'est la conséquence d'une filière qui peine à se structurer. "Ça fait vingt ans qu'on nous la promet, cette structuration, mais on attend encore". Et pourtant, la noisette de Cervione a prouvé à quel point cela pouvait être bénéfique.

"Ce qui manque, sur l'île, c'est une casserie. Aujourd'hui, vous achetez un kilo d'amandes en coque, vous les mettez dans des sacs, vous les envoyez sur le continent, vous les faites casser là-bas, et puis vous les faites revenir... Ça fait des coûts énormes !"

C'est un frein indéniable pour le développement économique. "Pour qu'une société soit viable, avec des employés, un laboratoire, il faut s'appuyer sur une filière locale. Ou alors on se contente de faire un marché, le dimanche, de temps en temps...Si on avait une casse d'amande sur place, tout le monde en bénéficierait. On aurait une pépinière de producteurs, des structures commerciales, et tout le développement que cela sous-entend".

Et puis surtout, souligne Régis Esteban derrière son stand, "ça permettrait aux gens de s'enraciner dans leur culture, leur terre. Et au final, c'est ça, le plus important."

En tout cas, au vu du monde qui a visité la foire, durant tout le week-end, l'amande corse a tout pour plaire. Reste à trouver comment la valoriser d'une manière qui satisferait l'ensemble des acteurs de la filière.

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