Deux élèves par classe sont concernés par des problèmes de dyslexie, à des degrés de sévérité plus ou moins élevé. A l'heure du numérique, des psychologues, des professeurs et des orthophonistes se sont réunis mercredi à Bastia pour partager leurs expériences.
Manon a six ans quand elle apprend qu'elle est atteinte d'une dyslexie de degré moyen. Dix ans plus tard, au lycée, elle rencontre des difficultés : fatigue, manque de concentration et de compréhension, notamment dans les matières linguistiques.
"C'est horrible, je ne comprends pas, absolument pas; je le travaille, je peux le travailler tant que je veux, je ne vais pas comprendre, je ne vais pas arriver à le parler et du coup c'est décourageant, même paniquant", explique la jeune fille.
Sa mère connait bien cette souffrance puisque c'est toute la famille qui est atteinte de ce trouble. Au-delà de la pathologie, ce sont les difficultés morales qui pèsent au quotidien.
"Je suis une maman, je n'ai pas envie d'être méchante envers mes enfants dans leur parole, mais je pense qu'il faut appeler un chat un chat; et c'est pour cela qu'ils sont présents aujourd'hui parce que l'on ne doit pas avoir honte de ce que nous sommes, nous avons des capacités et il faut aller de l'avant."
Les plus et les moins du numérique
Réunis en colloque à Bastia, des spécialistes mettent en garde sur la multiplication d'écran dès le plus jeune âge. Téléphones, tablettes et ordinateurs peuvent être un facteur aggravant."Si l'enfant est confronté tous les jours à seulement entrer en communication avec cet objet finalement inanimé, le langage, le vocabulaire, le lexique peut moins se développer ce qui peut engendrer plus tard des troubles du langage écrit", selon Nathalie Pedesert, orthophoniste.
Mais le numérique, lorsqu'on respecte certaines règles, peut également être une solution pour Sylvain Picot, ergothérapeute à Bastia. Il utilise ces nouveaux supports pour compenser le handicap.
"Si un enfant est en difficulté pour lire, l'utilisation d'une synthèse vocale va permettre de lire le texte et lui faciliter la tâche dans son travail à l'école".
En France en moyenne, 2 enfants par classe sont dyslexiques et 8% à 10% de la population est concernée par ce trouble, selon l'Organisation Mondiale de la Santé. Des chiffres qui seraient en hausse ces dernières années.