Lors de la prochaine saison la D3 féminine sera créée. Et des 13 ligues régionales, une seule est exclue de ce nouveau championnat. La ligue corse. Une injustice pour le Féminine Esprit Club Bastiais, qui mène la fronde.
Ses joueuses affronteront le FC Lyon demain après-midi en Coupe de France à Erbajolo. Mais ce n'est pas la seule bataille qu'Alain Mosconi espère remporter ce week-end.
Le coprésident du Féminine Esprit Club Bastiais, ce samedi matin, soumet une motion au vote, lors de l'assemblée générale de la Ligue Corse de Football. Et il espère bien qu'elle sera approuvée, et votée, par l'organe fédéral.
Cette motion dénonce les modalités de la création, et de l'accession, à la toute nouvelle D3 féminine qui verra le jour l'année prochaine. Des modalités "iniques, injustes, et inacceptables", selon Alain Mosconi.
Une nouvelle division
Pour comprendre le courroux du dirigeant du club féminin phare sur l'île, il convient de reprendre les choses du début.
En France, les niveaux, pour le football féminin, ne sont pas les mêmes que pour les hommes. Il existe une D1, une D2, et puis le championnat régional. Pour avoir le droit d'accéder à la D2, l'antichambre de l'élite, les championnes de Régionale doivent participer à des barrages.
Toutes, sauf la championne de Corse. La raison, le nombre d'équipes prenant part au championnat. L'île ne compte que 8 équipes féminines, et la FFF en réclame dix minimum pour s'ouvrir les portes de la L2.
Un état de fait que Jean-René Moracchini, le président de la LCF, avait dénoncé à plusieurs reprises à Paris. "On me promettait que la création de la D3 féminine allait changer les choses", précise le dirigeant insulaire.
13 pour 12 places
Le problème, c'est que cette fameuse D3 n'a rien changé.
Les clubs insulaires ont appris, à la lecture de l'article 8 du texte produit par la fédération française, que cette nouvelle division serait composée de 12 équipes, alors que le pays compte 13 ligues régionales. Et que la Corse, pour la première saison, la saison 2023/2024, serait celle qui resterait sur le bord de la route.
Le nombre restreint d'équipes féminines, les 500 licenciées insulaires, ou les contraintes géographiques... Quelles qu'en soient les raisons, pour Alain Mosconi, c'est une évidente discrimination :
"Soit il y a un malentendu, soit il y a une cabale à notre endroit, mais dans tous les cas il faut que les choses changent. On est métropolitains quand ça les arrange. Les filles de Corse ne sont pas des sous-citoyennes, elles doivent accéder à la D3 comme les autres".
Lot de consolation
Pour être tout à fait juste, les portes ne sont pas définitivement fermées.
Lors de la deuxième année de D3, en 2024/2025, les championnes de Corse de Régionale pourront tenter leur chance, en prenant part aux barrages. Mais pour Alain Mosconi, c'est un lot de consolation scandaleux : "cette année, les championnes des autres régions arrivent en D3 sans contrainte, et nous, l'année prochaine, nous devrions passer par une épreuve".
Pour le coprésident du FECB, aucun doute, "ce qui est mis en place est mécaniquement fait pour désavantager les footballeuses corses par rapport à celles du continent".
Alain Mosconi propose une solution, qui, celle-ci, ne léserait personne. L'intégration des 13 ligues régionales à la D3 dès la première saison, et 3 relégations pour 2accessions pour la saison suivante, ce qui ramènerait la division à 12 équipes, comme le veut la FFF.
Un précédent encourageant
Jean-René Moracchini est moins virulent dans ses propos. Le président de la ligue corse voit plutôt dans les modalités de cette D3 "une certaine maladresse, plus qu'une volonté de nuire au football insulaire".
Pour autant, selon lui, il faut parvenir à intégrer cette D3. C'est absolument nécessaire pour le développement du football féminin insulaire : "Ce serait un coup de fouet, une motivation supplémentaire. De toute évidence, cela ne pourrait qu'aider les clubs, et inciter les jeunes filles à venir adhérer à ce sport". C'est pour cela que la ligue a soutenu et voté à l'unanimité la motion.
Jean-René Moracchini, qui a une longue expérience de ces questions, se veut optimiste. Et rappelle que, "dans les années 60, on s'est battu, au niveau du football masculin cette fois, pour que le championnat de division d'honneur puisse participer aux championnats nationaux ! Cela nous était également interdit, à l'époque, et pour sensiblement les mêmes raisons. On a vu, au final, ce que cela a donné. Nos clubs ont accédé au plus haut niveau national, et même à la finale de la ligue de l'UEFA..."
Voilà qui trace un chemin plutôt séduisant pour football féminin corse, qui ne demande qu'à grandir, si on lui en laisse la chance.