Une nouvelle fois le fleuve Fiumorbu est contaminé par d'importantes quantités de matières fécales en provenance de la station d'épuration de Ghisonaccia. La baignade y est interdite. Une bataille est engagée pour désigner le responsable de cette pollution.
"Toute l'eau souillée est en train de se déverser dans l'étang de Gradugine, qui est une zone protégée. On est train d'utiliser un étang comme une station d'épuration" se désole le maire de Prunelli-di-Fiumorbu.
Depuis une dizaine de jours la baignade et les activités nautiques sont interdites dans le fleuve Fiumorbu, en raison d'une pollution aux matières fécales.
Afin d'éviter que les bactéries finissent dans la mer, l'embouchure du fleuve a été fermée. C'est donc dans la zone lagunaire et l'étang qu'elles se répandent.
Une pollution accidentelle ?
En cause, la station d'épuration voisine qui rejette des eaux souillées dans le fleuve.
L'entreprise Kyrnolia, gestionnaire de la station d’épuration, ne nie pas la pollution du fleuve, mais l’explique dans un communiqué : "Le réseau d’assainissement collectif a subi un déversement non autorisé d’une quantité importante d’hydrocarbures engendrant (...)une dégradation de la capacité épuratrice de la station."
Notre commune paye pour traiter ces eaux usées qui sont jetées avec toute la partie fécale dans le fleuve.
André Rocchimaire de Prunelli-di-Fiumorbu
Pour le maire André Rocchi, cette explication ne tient pas : "Ce n'est pas accidentel. C'est récurrent depuis des années. On fait de grosses économies en ne traitant pas les boues fécales qui devraient être séchées et transportées sur le continent. Ça n'est pas fait. Notre commune paye pour traiter ces eaux usées qui sont jetées avec toute la partie fécale dans le fleuve" s'insurge-t-il.
Le préfet de Haute-Corse indique quant à lui qu'un arrêté préfectoral de mise en demeure de mise en conformité sur le plan bactérien a été pris dès la fin du mois de juillet concernant la station d'épuration de Ghisonnaccia. "L'exploitant n'a pas encore réalisé toutes les prescriptions (de la police de l'eau ndlr). C'est ce qu'on va s'attacher à surveiller dans les prochains temps, et à obtenir" déclare Michel Prosic.
Deux plaintes déposées
L'entreprise Kyrnolia indique avoir porté plainte avec la Société des eaux de Corse, une de ses filiales, le 10 août dernier, et affirme travailler "au rétablissement des fonctionnalités normales de l’usine en lien avec les autorités de contrôle pour respecter l’arrêté d’autorisation et rétablir la conformité du rejet dans le fleuve."
André Rocchi a lui aussi déposé une plainte contre X, afin que l'enquête détermine clairement les responsabilités dans cette pollution.