Bastia : en conflit avec sa voisine commerçante, un crêpier en grève de la faim

Depuis le 28 février dernier, le crêpier de la Rue Saint-Roch, à Bastia, a entamé une grève de la faim. Il dénonce notamment un “harcèlement” de sa voisine commerçante qui se plaint des odeurs. Cette dernière assure avoir essayé de dialoguer depuis deux ans. En vain.

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Pour Frédéric Filippi c’est une obligation. Depuis le 28 février dernier, le crêpier de la rue Saint-Roch à Bastia, a entamé une grève de la faim. “Vu que je n’ai pas réussi à me faire entendre, j’ai décidé de mettre ma vie en danger pour la deuxième fois. D’arrêter de m’alimenter jusqu’à obtenir satisfaction, soit l’arrêt définitif des poursuites judiciaires”, explique-t-il.  

Ces poursuites ont été lancées par sa voisine, commerçante dans le prêt-à-porter, Michelle Pagni. Selon ses dires, elle subit des nuisances olfactives depuis sept ans et l’installation “d’un chariot avec deux ou trois machines à crêpes” sur le domaine public. “J’ai essayé de parlementer avec lui pendant deux ans mais je n’ai reçu que des refus. Il m’a dit que si je ne supportais pas l’odeur de graillon, je pouvais prendre ma retraite. Je n’ai pas désespéré, je suis retournée le voir, il m’a rembarrée, insultée”, précise-t-elle.  

“Entre 5.000 et 6.000 euros de vêtements invendus” 

Problème, “l’odeur de graillon” s’est incrustée sur les vêtements que la commerçante vend. “À ce jour j’en suis entre 5.000 et 6.000 euros d’invendus parce que mes vêtements ne sont plus vendables, l’odeur s’incruste jusque dans ma réserve. Des clients m’ont ramené des habits. J’étais à bout d’arguments, c’est pour ça que je lui ai dit que s’il ne faisait rien, je saisirais le tribunal. 

Le tribunal a ainsi nommé un expert impartial venu de Paris. Il se rend dans la rue Saint-Roch et préconise l’installation d’un extracteur d’odeurs. “Il ne veut rien entendre, il ne veut rien faire”, regrette la commerçante.  

Dans l'assignation en justice, figure la requête suivante : “Monsieur Frédéric Filippi devra être condamné à réaliser les travaux destinés à mettre fin aux désordres tels que décrits par l’expert judiciaire. Cette condamnation devra intervenir sous astreinte de 100 euros par jour de retard, au regard de son inertie et de sa volonté de ne pas s’exécuter. 

“Je ne veux en aucun cas qu’il ferme” 

De son côté, Frédéric Filippi reste dans l’incompréhension. “Le commerce que je tiens a toujours été une crêperie. Ma propriétaire a fait des crêpes pendant plus de 20 ans et la commerçante ne s’est jamais plainte des odeurs. Je ne comprends pas pourquoi, le jour où j’arrive les odeurs dérangent. Je considère que cela devient du harcèlement et que l’on m’empêche de travailler. 

Une idée que Michelle Pagni réfute. “Je ne veux en aucun cas le faire fermer. Au contraire, je veux qu’il travaille, mais en toute sérénité. Je veux qu’il montre qu’il est de bonne volonté. Il n’a rien fait depuis sept ans et là il me jette en pâture. 

Pour l’heure, la date du jugement n’a pas été fixée. Un rassemblement de soutien au crêpier a été organisé ce mercredi. Il a réuni une soixantaine de personnes.  

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