Quatre détenus de la prison de Borgo sont le jury du prix "Hors les murs" dans le cadre du festival Arte Mare. Un prix qui met en compétition trois films corses. Un moyen de faire entrer la culture en milieu carcéral.
Le cinéma s’est frayé un chemin derrière les grilles de la maison d'arrêt de Borgo. Quatre détenus sont devenus jury le temps du festival Arte Mare. En compétition, trois films corses qu’ils ont dû départager : Solenzara de Stephan Rigoli, Caïd d’Ange Basterga et Diquà dai monti de Benoît Bouthors. « Il est toujours bon de faire entrer de la culture en prison, notamment cinématographique par le biais de films d’auteurs », explique un détenu de la prison de Borgo, membre du jury « Hors les murs » 2017.
Le prix a été initié il y a quatre ans par le réalisateur Jean-André Bertozzi. L’idée était de nouer un lien entre le milieu carcéral et celui de la culture. Une expérience humaine, surtout pour les détenus, confrontés à la responsabilité de juger. « Il y a une très grande émotion de leur part de voir que leur opinion sur un film fondé était reconnue.
Certains réalisateurs, à la fin du festival Arte Mare marquent dans leur dossier de presse qu’ils ont été primés dans le cadre du prix « Hors les murs ». C’est une reconnaissance de la part de la société civile vis-à-vis d’eux », indique-t-il.
« Pour nous c’est autant d’enrichissement »
S’ouvrir à tous les publics, c’est l’ADN du festival Arte Mare. « Nous sommes ravis d’offrir aux détenus de la prison de Borgo la possibilité de se projeter dans les œuvres qu’on leur propose, d’assumer leur point de vue. Pour nous c’est autant d’enrichissement », estime Michèle Corrotti, présidente du festival Arte Mare.
Un enrichissement partagé puisque le projet s’inscrit dans une démarche de réinsertion. « C’est quelque chose de complètement inhabituel. Et ça leur permet de toucher du doigt une forme culturelle qu’ils n’auraient pas été amenés à connaître en dehors de la détention », précise Franck Leloup, Directeur d'insertion et de probation du service pénitencier de Corse.
Reste désormais à élargir le prix « Hors les murs » pour qu’il s’adresse à davantage de détenus.