Vendredi 1er décembre, un salon de coiffure bastiais coiffera ses clients gratuitement. En échange, ils seront invités à faire un don à l'association Arc-en-Ciel, qui se propose de réaliser les rêves des enfants malades. Une initiative qui est une première du genre en Corse. Et qui suscite un vrai engouement.
La cliente du salon de coiffure s'apprête à sortir, puis revient sur ses pas, et demande à Isabelle le numéro du RIB sur lequel elle pourra faire un virement. Elle ne pourra pas être là vendredi 1er décembre, mais elle veut, elle aussi, apporter son obole.
"C'est comme ça depuis plusieurs jours, on n'en revient pas de l'accueil que notre démarche rencontre chez les gens", confie Isabelle Maurizi Girard, qui tient le salon de coiffure qui porte son nom, boulevard Auguste Gaudin, à Bastia.
Joël Bazzali sourit : "La boule de neige qu'on a voulu lancer est en train de se transformer en avalanche..."
Bénévolat
Vendredi 1er décembre, durant toute la journée, les coiffeuses du salon travailleront gratuitement. "De 9 heures le matin, jusqu'à pas d'heure. Tant qu'il y aura des gens, on coiffera. Et vu les réservations, je vais devoir coiffer sur le trottoir, devant le salon !" raconte Isabelle.
Mais elles ne seront pas seules pour faire face à la demande. Des collègues, des amis, des connaissances, ont voulu participer, bénévolement, toujours. "Une amie coiffeuse, Christelle Mosconi, nous rejoindra pour la journée, et on aura aussi un coin esthétique, proposé par le salon l'Instant d'une pause. Et puis, autour du projet sont venus se greffer d'autres bonnes volontés ! La Biscutteria fournira des canistrelli, A Cantina Corsa la charcuterie, Dumè Reginensi, artiste-peintre, participe également, et Titi Salducci viendra mixer, dès le matin. On veut que les gens soient heureux de se mobiliser, et que la journée soit placée sous le signe du soleil !" Le CFA, secteurs coiffure et restauration, a également rejoint le mouvement.
Le but, c'est que les Bastiaises et les Bastiais, qui seront coiffés gratuitement, se montrent généreux, et fassent un don à l'association Arc-en-Ciel, une association qui réalise les rêves des enfants gravement malades, et hospitalisés, et qui est déclarée d'utilité publique depuis 2004.
Lumière
"Moi, je ne couperai pas les cheveux. Je serai le préposé aux cafés, c'est tout ce que je sais faire !", lance Joël Bazzali. Qu'on ne s'y trompe pas. Joël Bazzali a fait bien plus que ça. C'est lui qui est à l'origine de cette initiative.
A la Timone, j'ai reçu une belle gifle...
Joël Bazzali
Et depuis plus d'un an et demi, il y travaille d'arrache-pied, avec rigueur, pour que tout soit fait dans les règles.
"À l’époque, quand il m'a parlé de son projet, je n'ai pas hésité une seconde, se souvient Isabelle. On sentait que cela lui tenait tellement à cœur... Et puis l'idée était belle".
C'est une histoire personnelle qui a mené Joël à découvrir l'association Arc-en-Ciel. Une histoire sur laquelle il ne s'appesantira pas, par pudeur. "L'année dernière, j'ai appris à connaître les services pour enfants de la Timone, à Marseille. J'ai tissé des liens avec le personnel soignant, qui m'a fait découvrir cet environnement, et le quotidien de ces enfants, atteints de cancer, de mucoviscidose, ou d'une maladie orpheline. J'ai reçu une belle gifle..." confie Joël. "Mais j'ai aussi pu voir leur force. Et quand je suis rentré à Bastia, ces moments m'ont accompagné. Et j'ai voulu ramener un peu de lumière au milieu de toute cette pluie".
Il décide de travailler avec la Timone. Un choix qui s'imposait, alors que "beaucoup d'enfants de chez nous sont soignés là-bas". Le projet est validé, et la première initiative de collecte de fonds sous l'égide d'Arc-en-Ciel en Corse est née.
Mont Blanc
Cette association, dont le parrain est Christophe Willem, et la marraine Sophie Marceau, réalise des rêves des enfants malades. "Ça peut aller de rencontrer une personnalité publique à un séjour dans un parc à la rencontre des animaux sauvages, en passant par des choses plus ambitieuses encore, telles que monter en montgolfière, ou sur le Mont Blanc. Bien sûr, le facteur médical est primordial. Ce sont les équipes médicales qui décident si on peut envisager de mener le rêve à bien".
Si c'est le cas, tout est pris en charge pour l'enfant, et bien sûr pour sa famille. "Récemment, ils ont organisé un séjour aux Baléares, et bien sûr il a fallu assurer la continuité des soins, aménager la chambre, hors de question que l'enfant, qui est le plus souvent perfusé, ou sous chimiothérapie, stoppe le traitement".
On veut que la Corse renvoie du soleil de l'autre côté de la Méditerranée, en permettant à un rêve, voire plus, de se réaliser
En 36 ans, l'association a réalisé 982 rêves, soit une trentaine de rêves par an à peu près. C'est compliqué, et ça coûte beaucoup d'argent.
Mais les bienfaits pour l'enfant n'ont pas de prix.
"Ça redonne de l'espoir, de la couleur au quotidien, et puis ça véhicule même des ondes positives auprès des autres enfants...", estime Joël.
"On veut que la Corse renvoie du soleil de l'autre côté de la Méditerranée, en permettant à un rêve, voire plus, de se réaliser", déclarent de concert Jöel et Isabelle.
Les gens désireux de participer verseront directement l'argent à l'association par chèque ou virement. "Pas d'espèces", précise Jöel, qui veut que tout soit clair du début à la fin. Avec Isabelle, ils ne savent pas encore si cette initiative aura une suite, en raison de la somme d'investissement personnel et de travail que ça demande. Mais "on voulait surtout faire connaître cette association en Corse, et on peut donner toute l'année directement à l'association, bien sûr !"