Le phénomène n'est pas nouveau, mais il ne cesse de s'accentuer. Les solutions mises en place pour freiner le recul du trait de côte seront-elles suffisantes ?
Le grignotage des côtes par les éléments, mer et vents, est un phénomène naturel. L'érosion est d'autant plus importante que le littoral est sableux, plutôt que rocheux.
Les actions de l'homme intensifient l'érosion, et diminuent la capacité de résilience du littoral.
Julie MugicaIngénieure spécialisée dans les risques côtiers
Un phénomène naturel, accentué par les actions de l'homme, comme le souligne Julie Mugica, ingénieure du BRGM (bureau de recherches géologiques et minières) de Corse, spécialisée dans les risques côtiers : "Les interventions de l'homme au niveau des cours d'eau et des bassins versants vont réduire la source de sédiments transférés vers le littoral. L'urbanisation de la dune réduit aussi ces transferts. Les actions de l'homme intensifient l'érosion, et diminuent la capacité de résilience du littoral".
Des solutions provisoires
Sous l’effet des tempêtes, dans plusiers communes du littoral les arbres et les jardins ont été emportés, et les maisons sont en sursis. Si certains propriétaires choisissent de vendre, et de quitter les lieux, d'autres, refusent de céder à la fatalité.
Propriétaire d'un camping à Venzolasca, Don Luis Cipriani est allé chercher des solutions un peu partout dans le monde. Sacs de sable, piquets métalliques, ganivelles, il a investit près de 150 000 euros pour sauver son établissement.
Mais pour l'hydrobiologiste de l'université de Corte Christophe Mori, ces solutions technologiques artificielles ne peuvent être qu'un gain de temps provisoire : "On est dans une dynamique d'augmentation du niveau marin, explique-t-il, qui est démultiplié par les effets de houle et de tempête. On a donc un arrachage qui va être inévitable."
Il y aura un moment où il faudra reculer
Christophe Morihydrobiologiste à l'université de Corte
Inévitable donc, le recul du trait de côte va contraindre l'homme à s'adapter : "Il va vraiment falloir changer notre logiciel, affirme Christophe Mori. Certaines activités ne vont pas pouvoir rester sur le littoral. On ira jusqu'au bout pour les préserver, mais il y aura un moment où il faudra reculer".
Mis en place dès 1999, le réseau d'observatoire du littoral de Corse produit données et connaissance à la disposition du grand public.