À Lucciana, sur le cordon lagunaire de la Marana, une dizaine de maisons sont menacées par l'érosion du littoral. Le rivage s'amincie à chaque tempête, à tel point que les habitations les plus proches de la mer commencent à être vidées.
Sur la fine bande de sable qui sépare la mer de sa maison, Denise Benigni observe impuissante. "Je suis désespérée, c'est ma maison familiale, j'y ai passé mon enfance. Si elle disparaît, je me retrouve sans rien, c'est dramatique", se désole-t-elle.
Sur le cordon lagunaire de la Marana, à Lucciana, l'érosion du littoral menace une dizaine d'habitations. Dans les années 1920, lors de l'achat des premières maisons, la mer était à 300 mètres.
Aujourd'hui, l'eau est presque au pied des bâtiments. À chaque épisode météorologique elle ronge un peu plus les sols. "À ce rythme-là, en sachant qu'il peut encore y avoir des tempêtes, je serai obligée de partir à la fin de l'hiver", s'inquiète Denise Benigni.
"Le littoral bouge et va de plus en plus bouger"
Selon le directeur du conservatoire du littoral en Corse, Michel Morraciole, cette érosion est due au recul de l'embouchure du Golo, "de plusieurs centaines de mètres en un demi-siècle", et aux événements météorologiques exceptionnels "lors desquels le rivage peut reculer jusqu'à plusieurs dizaines de mètres."
Et le réchauffement climatique ne peut qu'accentuer le phénomène. "Il y a une élévation du niveau de la mer ainsi qu'une fréquence et une intensité des tempêtes plus importantes. Nous sommes dans des phénomènes de grande ampleur, qui dépassent l'échelle humaine", souligne Michel Morraciole.
Impossible donc, selon lui, de résister. "Le littoral bouge et va de plus en plus bouger. Il faut des stratégies d'adaptation à moyen et long terme", préconise-t-il.
La zone va être classée habitats en péril
L'année dernière, les riverains se sont rassemblés en collectif. Ils demandent des solutions comme le dépôt de sacs pour limiter la montée des eaux. Plusieurs courriers sont envoyés à la mairie et la préfecture. Sans succès.
Mercredi, le maire de Lucciana s'est rendu sur place. "Le constat est prégnant. Il est temps de s'interroger sur ce qu'il est possible de faire", indique José Galetti. Il compte mobiliser les acteurs institutionnels afin de discuter des moyens à mettre en place, mais aussi prendre contact avec d'autres sites frappés par l'érosion du littoral "pour voir les résultats des actions qui y ont été menées." Les services de l'État ont annoncé que le préfet recevra les personnes sinistrées, la semaine prochaine, pour une réunion de travail.
Si pour les habitants de la Marana quitter les lieux reste inimaginable, les maisons les plus proches du rivage commencent à être vidées. La zone va être classée habitat en péril.