La Méditerranée se réchauffe 20% plus vite que la moyenne mondiale. Les prévisions les plus pessimistes envisagent une augmentation du niveau de la mer de 2,5m d’ici 2100. Un rapport pointe les "dangers" encourus par les populations.
"70% de la population méditerranéenne vit en zone urbaine et essentiellement en zone côtière", rappelle François Guerquin, directeur de Plan Bleu, un organisme travaillant au sein du Programme de l'ONU pour l'environnement et du Plan d'action pour la Méditerranée (PAM, regroupant les 21 pays riverains et l'Union européenne). Pour France 3 Corse ViaStella, il revient sur les conclusions du "Rapport sur l'état de l'environnement et du développement en Méditerranée" (RED 2020), publié tous les dix ans environ. Pour lui, "l'avenir de la Méditerranée est à un point de bascule."Un réchauffement 20% plus rapide que la moyenne mondiale
Le rapport souligne par exemple que la zone se réchauffe "20% plus rapidement que la moyenne mondiale", que ce soit la température ambiante ou celle de l'eau.L’une des conséquences de constat, c’est l’augmentation du niveau de la mer : "La mer monte à un rythme accéléré de 2,6 à 2,9 mm par an, ce qui implique une augmentation de 0,43 m à 2,5 m d’ici 2100."
La mer monte à "un rythme accéléré"
Les conséquences seront lourdes pour les populations côtières, bien sûr, mais aussi pour la biodiversité avec une salinisation des zones humides et des sols. Sur la carte des risques côtiers, on voit que la côte orientale de la Corse est particulièrement exposée."20 millions de personnes en Méditerranée vivent en-dessous de 5 mètres du niveau de la mer. La montée des eaux est un problème pour ces 20 millions de personnes", insiste François Guerquin.
La Corse fait en outre partie des zones où la surface bâtie a le plus augmenté ces trente dernières années sur le littoral, dans la zone de 150 mètres autour de la côte.
Des risques météorologiques importants
Les évolutions du climat vont aussi accroître le risque de sécheresse, avec une baisse des précipitations (on projette jusqu’à 30% en moins d’ici 2030) et des saisons d’incendies qui s’allongent. Résultat probable : une prolifération d’espèces invasives menaçant la biodiversité et la pêche.15% des décès attribuables à des causes environnementales évitables
La pollution de l’air est aussi mise en cause dans ce rapport qui concerne 21 pays du bassin méditerranéen : 15% des décès de cette zone seraient déjà attribuables à des causes environnementales évitables, selon les données compilées.Les pays de la Méditerranée ne sont pas sur la bonne voie et les trajectoires actuelles doivent absolument être modifiées.
Sur certains points, la Corse est bonne élève, c’est l’une des zones dont les eaux de surface sont les moins polluées, elle a aussi su conserver d’importants herbiers de posidonie. Mais au niveau global, les tendances ne poussent pas à l'optimisme. "Malgré les efforts, les pays de la Méditerranée ne sont pas sur la bonne voie et les trajectoires actuelles doivent absolument être modifiées", relève de son côté Gaetano Leone, coordonnateur du PAM. "Les transitions vers des trajectoires durables nécessitent de modifier en profondeur les comportements à tous les niveaux et dans tous les domaines, les principaux moteurs des pressions et dégradations croissantes étant nos modèles de production et de consommation", conclut le rapport, en appelant notamment à "intégrer les sphères environnementale, économique et sociale" dans cette transition.