La cour d'Assises d'Aix-en-Provence ayant refusé une demande de renvoi formulée par la défense, les 14 accusés qui comparaissent pour le double assassinat de Bastia-Poretta ont récusé leurs 20 avocats ce mardi 21 mai. L'audience est donc suspendue et on ignore si le procès pourra aller à son terme.
C'est un tour de force des avocats de la défense, consécutif au rejet de leur demande de renvoi formulée à la reprise de l'audience ce mardi 21 mai. Récusés par leurs clients, ils ont dû être remplacés par des avocats commis d'office par la bâtonnière d'Aix-en-Provence.
J'imagine mal qu'un procès puisse se tenir, désormais, dans de telles conditions.
Julien Pinelliavocat de Christophe Andreani
Ces avocats commis d'office n'ayant aucune connaissance du dossier du double assassinat de Bastia-Poretta et de leurs 14 clients accusés, l'audience a dû être suspendue pour leur permettre de s'informer. "Ces avocats ne connaissent pas une ligne de ce dossier. Il est strictement impossible qu'ils en prennent connaissance dans le temps imparti à savoir 48h. Il est fort probable que ces avocats fraîchement commis d'office demanderont donc à leur tour un report. Il appartiendra ensuite à nouveau à la cour de statuer sur cette nouvelle demande de renvoi. J'imagine mal qu'un procès puisse se tenir, désormais, dans de telles conditions" commente maître Julien Pinelli, avocat de Christophe Andreani, à la sortie de l'audience.
Les motifs de la défense
La défense motive sa demande de renvoi et ce coup de force par des conditions défavorables à la tenue d'une "bonne justice", en raison d'un calendrier perturbé :
L'audience qui a repris ce mardi 21 mai était interrompue depuis une semaine en raison du mouvement de protestation des agents pénitentiaire après l'assassinat de 2 de leurs collègues dans l'Eure le 14 mai dernier.
Et surtout, la défense proteste contre l'audition décalée des enquêteurs en raison des Jeux Olympiques : "On nous explique qu'on ne peut pas décaler l'audition des policiers enquêteurs parce qu'ils sont en congés en ce moment pour être disponible pour les Jeux Olympiques. On considère qu'ils doivent être disponibles pour la cour d'Assises et pas pour les Jeux Olympiques. Et manifestement on ne nous entend pas, on nous répond qu'on verra bien qui se présentera ou pas à la barre des témoins, et que coûte que coûte il faut juger les accusés" proteste maître Franck Berton, avocat de Christophe Guazzelli.
"Compte tenu des enjeux, ce dossier mérite mieux que cela. D'autant plus qu'il avait commencé sous des auspices plutôt inattendus puisque nos clients qui n'avaient pas parlé depuis 7 ans, avaient décidé de participer et de livrer des témoignages qui, je crois, avaient retenu l'attention de tout le monde" poursuit maître Jean-Charles Vincensini, avocat de Richard Guazzelli.
L'audience reprendra ce jeudi 23 mai. Les avocats commis d'office devraient alors demander le renvoi. Reste à savoir si le président de la cour d'Assises d'Aix-en-Provence l'acceptera.