Ramadan en Corse : "c'est un lien important, pour toute la communauté"

Depuis le 2 avril, les musulmans de Corse, comme partout ailleurs dans le monde, sont entrés dans le mois du ramadan. Un mois de jeûne qui marque l'un des temps forts du calendrier religieux de l'Islam.

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Tarek longe l'étal de fruits et légumes disposé devant la devanture de l'épicerie, et se dirige vers le comptoir à viandes, sur lequel sont disposées des boîtes de pâtisserie. Il s'attarde devant les gâteaux au miel, avant d'une prendre une quinzaine. "Pour ce soir", sourit-il. "C'est ma mère qui m'a demandé de m'occuper du ravitaillement". Tarek n'a plus rien avalé depuis six heures, mais l'approche de l'heure du déjeuner ne lui fait pas peur. "C'est une question de discipline, et de volonté. Et puis on a connu pire. Il y a quelques années, le ramadan s'est déroulé durant le mois de juillet, et c'était plus compliqué..." 

Sofiane*, qui réapprovisionne le présentoir à épices, hoche la tête. "Il faisait une chaleur terrible, et on n'a pas le droit de boire durant le jeûne. Les journées étaient longues, et quand le soleil se couchait, on était épuisés !"

Sofiane a une soixantaine d'années. Et Tarek, un peu plus de trente ans. Tous deux sont d'origine marocaine, et musulmans pratiquants. Depuis le 2 avril dernier, ils font le ramadan. Et nos questions les amusent. Ce que l'on voit comme des contraintes, ils le voient comme un moment fort du calendrier religieux de l'Islam, celui où "l'on se détache du superficiel, et on se concentre un peu sur le spirituel", souligne Tarek. Et les moments difficiles, ils se les rappellent sur un ton presqu'amusé. Sans jamais s'en plaindre. 

Un pilier de l'Islam

Le ramadan, c'est l'un des cinq piliers de l'Islam, avec la profession de foi, le pèlerinage à la Mecque, la prière et l'aumône obligatoire. Chaque année, les musulmans jeûnent, durant un mois, pour commémorer la révélation du Coran "comme direction pour les hommes".

On doit être la meilleure personne possible, durant ce mois de ramadan.

Tarek

Ce jeûne, qui débute chaque matin, dès le lever du soleil, avec la prière du Fajr, dure jusqu’à la tombée de la nuit, marquée par la quatrième prière de la journée, Al-Maghrib. Une pratique qui, explique Tarek , « purifie l’esprit ». « C’est également un signe de charité, en permettant de se mettre à la place de ceux qui n’ont rien ».

"On ne doit ni boire, ni manger", précise le trentenaire. Mais on ne doit pas non plus avoir "des pensées, ou des pratiques sexuelles, jusqu'au soir". "Tu oublies la cigarette !", rappelle Sofiane. "C'est vrai, je ne fume pas, alors j'oublie", s'amuse Tarek, avant de rebondir : "on doit être la meilleure personne possible, durant ce mois du ramadan. Donc on se doit d'éviter les mensonges, les insultes, et tout ce qui est répréhensible". 

Communauté

Les gâteaux au miel, Tarek ne les a pas achetés pour celles et ceux, autour de lui, qui ne respecteraient pas le jeûne. Ils seront dégustés après la tombée de la nuit, durant le repas du soir, l'Iftar, qui est l'un des moments forts du ramadan. "On mange tous ensemble, entre amis, avec les voisins, la famille..." Les deux hommes se rappellent le ramadan 2020, qui s'était déroulé du 24 avril au 23 mai. Un ramadan pénible à vivre, en plein confinement. "Il y avait quand même un avantage, reconnaît Sofiane. On était coincés à la maison, on ne faisait pas d'efforts dans la journée, et donc on était beaucoup moins fatigués. Mais on était privés de la récompense, le soir, de manger tous ensemble, de prier ensemble"

Quand on leur demande si le ramadan est très respecté en Corse, au sein de la communauté musulmane, les deux hommes répondent oui spontanément. "Même par ceux qui croient, mais modérément. Même par ceux qui ne sont pas vraiment pratiquants. C'est comme vous à Noël, tout le monde va à l'église le soir, même ceux qui n'y vont jamais le reste de l'année !" assène Tarek, pas mécontent de son analogie. 

Mais une messe d'une heure, ce n'est pas la même chose qu'un mois de jeûne. "Tout le monde ne le respecte peut-être pas totalement, du début à la fin", reconnaît Tarek. "Mais c'est un lien fort pour toute la communauté, et la majorité des musulmans, d'une manière ou d'une autre, se débrouille pour y prendre part." 

*Le prénom a été modifié.

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