Les quelque 50 habitants de la résidence "L'Empereur", à Bastia, n'ont plus d'eau chaude de manière régulière depuis novembre 2020. Ils tirent la sonnette d'alarme et font part d'un quotidien pénible.
Des douches froides pour certains, des bassines d'eau chauffée dans la cuisine pour d'autres. Depuis près de six mois, la cinquantaine d'habitants de la résidence "L'Empereur", située rue Impératrice Eugénie, à Bastia, n'a plus d'eau chaude de manière régulière. Le quotidien devient difficile à tenir. Après une longue attente, ils tirent la sonnette d'alarme.
A commencer par Jean-François*. Il habite la résidence depuis deux ans et a vu la situation évoluer au fil des mois : "Tout d'abord l'eau chaude n'a pas été fournie régulièrement au quotidien. Et, ce, sans savoir si elle serait approvisionnée le soir, le matin ou à un autre moment de la journée. Mais, depuis quelque temps, nous n'avons plus d'eau chaude du tout", raconte-t-il.
Pour cause, les premières difficultés d'approvisionnement sont dues à une vanne défaillante dans la chaudière. De l'eau tiède pouvait encore être fournie. Dernièrement, un dégât des eaux a touché le local de la chaufferie. En l'espace de quelques heures, près d'1m20 d'eau a inondé la pièce et a provoqué un arrêt du chauffage collectif et de l'eau chaude sanitaire.
"On revient au Moyen Âge"
Jean-François fait partie de ceux qui ont opté pour les casseroles chauffées par des plaques de cuisson : "Je suis un actif, alors la douche est devenue une nouvelle organisation au quotidien. Je ne peux plus recevoir des invités, par exemple. Tout est devenu ingérable."
Une grande partie des occupants des lieux sont des personnes âgées : "C'est difficile pour elles. J'ai pris l'initiative de les contacter, de demander de leurs nouvelles. Mais, elles sont en perdition. Sans eau chaude, la situation est catastrophique pour ces personnes."
"Lorsque vous ouvrez le robinet d'eau chaude, il faut gaspiller 6 litres pour avoir un peu d'eau tiède. On va avoir une note salée à la fin du mois", soupire une propriétaire, âgée de 73 ans : "Au quotidien, il faut chauffer l’eau. On revient au Moyen Âge. Je me lave avec de l’eau froide désormais. C’est fatigant."
Même son de cloche pour Isabelle*, qui habite là depuis deux ans avec son compagnon : "On a un flexible qui a lâché au niveau de la chaudière. Il y a eu un dégât des eaux, l’eau est rentrée dans la chaudière, il faut maintenant purger. Ça arrive, on entend. C’est concevable. Sauf que là, les problèmes durent depuis novembre. Je pars le matin : pas d'eau chaude. Je rentre le soir : pas d'eau chaude."
De l'eau froide à l'eau tiède
Tous demandent des comptes au Kalliste, l'ancien syndicat de l'immeuble. Celui-ci se défend d'être l'unique responsable de la situation : "Il y a eu deux assemblées générales en fin d'année dernière et les votes ont été insuffisants pour reconduire notre mandat. Nous ne sommes donc, logiquement, plus le syndicat de la copropriété depuis le 31 décembre 2020. Un administrateur provisoire a, depuis, été désigné", explique Didier Albertini, responsable du service copropriété du Kalliste.
Je ne pense pas être critiquable.
"On aurait pu ne rien faire. Notre mission s'est arrêtée. Mais, nous avons décidé de les aider bénévolement. J'essaye de faire mon travail avec professionnalisme et je ne pense donc pas être critiquable", répond Didier Albertini. Le Kalliste a, en effet, joué les intermédiaires entre les prestataires et l'administrateur provisoire.
"Pour ce qui concerne le dégât des eaux, une entreprise est intervenue aujourd'hui. Le remplissage de la cuve aura lieu demain. La situation devrait revenir à la normale d'ici jeudi", explique-t-il.
Ce retour à la normale est à relativiser. Seules les conséquences liées au dégât des eaux seront réparées. La vanne défectueuse de la chaudière, elle, ne sera pas remplacée : "Nous avons interpellé Engie à Bastia. L'entité a transmis à la maison mère. Mais le devis ne nous a pas été retourné", précise Didier Albertini. Un délai qui s'explique, selon lui, par la nouvelle orientation stratégique voulue par le fournisseur.
"On a peur que la situation ne soit réglée que partiellement", accorde Jean-François. Une crainte qui semble donc fondée. La cinquantaine d'habitants de la résidence vont devoir s'armer de patience avant de ranger les casseroles dans les placards.
*Les prénoms et noms ont été modifiés à la demande des interlocuteurs.