La rentrée politique du parti nationaliste au pouvoir en Corse a été l'occasion de souligner l'absence de réaction du gouvernement au rapport Autonomia voté le 5 juillet dernier par l'Assemblée de Corse. Et de rappeler en quoi il serait urgent d'avancer sur ce dossier épineux.
Dans les propos des représentants de Femu a Corsica, pas d'hostilité envers le gouvernement, ou de menace voilée. Ce n'est pas vraiment le genre de la maison.
Et puis, malgré les apparences, le processus de discussions entre l'île et Paris est toujours en cours. Alors pas question d'insulter l'avenir.
Silence radio
Pour autant, depuis le vote, à l'Assemblée de Corse, du rapport Autonomia qui traçait les grandes lignes du projet, plus aucun signe de la part du gouvernement.
Depuis le 5 juillet, le Gouvernement et l'Etat français n'ont apporté aucune ébauche de réponse à cette délibération fondamentale
François Martinetti
Un silence d'autant plus agaçant pour les militants de Femu qu'Emmanuel Macron avait tracé un calendrier qui pressait les élus corses de se mettre d'accord en début d'été. Et que les délais ont été respectés.
"Depuis le 5 juillet, le Gouvernement et l'Etat français n'ont apporté aucune ébauche de réponse à cette délibération fondamentale. Ce silence interroge dans une Corse qui a besoin d'une solution politique porteuse d'espoir pour régler les urgences impératives d'un peuple menacé dans son existence même (...), et d'une société menacée dans sa cohésion au quotidien", estime François Martinetti, le secrétaire national du parti.
Urgence
Explosion démographique due au solde migratoire, spéculation foncière, difficultés du tourisme, recul de la langue, érosion de l'identité culturelle, dérives mafieuses, trafic de drogues, chute du pouvoir d'achat, décorsisation des emplois... Femu a Corsica, en cette rentrée politique, dresse un bilan inquiétant de la situation en Corse.
Seule l'autonomie permettra de répondre de manière très concrète aux urgences auxquelles doit faire face la société corse
François Martinetti
Le message adressé au gouvernement, et peut-être plus encore aux Corses, est clair : c'est la validation du projet Autonomia par Paris qui permettra à l'Exécutif insulaire d'améliorer de manière substantielle le quotidien sur l'île.
"Ce projet, souligne François Martinetti, est adapté aux enjeux, aux réalités, et aux nécessités actuels et futurs de la Corse (...). Ce projet n'est pas celui de Fà Populu Inseme, de Femu a Corsica, ou de quelque autre formation politique. Il est désormais celui de la Corse, estampillé du sceau de ses institutions démocratiques".
Sans autonomie, point de salut ?
Faut-il comprendre que sans autonomie, Gilles Simeoni et l'exécutif, aux responsabilités depuis 2015, sont impuissants à changer les choses ?
François Martinetti refuse une telle lecture de la situation : "on travaille, on avance, on essaie de répondre au quotidien à toutes les inquiétudes, à toutes les attentes, mais il ne fait guère de doutes que ce statut nous permettrait de mieux adapter les politiques nationales à notre territoire. Aujourd'hui, les phénomènes sont tellement massifs, dans le domaine social ou dans celui de la spéculation, par exemple, que seule l'autonomie permettra de répondre de manière très concrète aux urgences auxquelles doit faire face la société corse".
En attendant, Femu a Corsica entend bien prouver qu'il ne reste pas inactif. Ainsi, durant la conférence de presse, le mouvement nationaliste a pris soin de mettre en avant ses démarches sr le terrain, à travers les Giri citadini et paisani, qui se sont déroulés à travers la Corse durant le premier semestre 2023.
Terra, lingua, populu, autonomia
Cette rentrée a également été l'occasion de présenter la journée de rassemblement qui aura lieu le dimanche 3 septembre à Aleria, sous le nom de "Terra, lingua, populu, autonomia !". À partir de 17 heures, se tiendront sous chapiteau une série de conférences, de débats et d'analyses, en présence de plusieurs élus étrangers, qui viendront partager leur expérience de l'autonomie.
L'autonomie, encore et toujours.
Si, à l'Elysée, la question ne semble pas être une priorité, Femu a Corsica, de son côté, continue de mettre la pression, en espérant que le fil de la discussion, maintes fois interrompu, soit bientôt renoué.