Sur le Vieux port de Bastia, la disparition du parking ne ravit pas tout le monde

À Conca Marina. C'est le nom que portera l'espace public qui va remplacer le parking qui faisait face à l'entrée du Vieux port de Bastia. Sa disparition est la suite logique de la piétonnisation du site, l'un des plus appréciés des touristes. Mais les riverains et les commerçants ne voient pas que des bons côtés.

"C'est une belle chose, pour les touristes. Ils vont voir un petit St-Tropez. Mais moi qui habite sur le Vieux port depuis soixante-dix ans, je trouve que ce n'est pas trop bien pour ceux qui vivent là. Le stationnement va manquer. Il y a beaucoup de gens qui rouspètent..."

En quelques mots, Antoine, assis comme tous les matins sur un banc pas loin de la capitainerie, a résumé la situation. 

Manque de places

L'aménagement du Vieux port, commencé il y a deux ans, est entré dans sa dernière phase. Après avoir repensé le quai Sud, et piétonnisé le quai Nord, les travaux ont débuté pour faire disparaître le parking qui liait les deux quais, face à l'entrée du port. 

Et comme à chaque fois, la disparition programmée de places de stationnement suscite l'irritation de nombreux riverains. 

Jean-François vit dans l'immeuble Pouillon qui surplombe le port, et le parking. Et il craint le pire : "Dans la rue derrière le Pouillon, la rue Laurent Casanova, il n'y a jamais de place. Le soir, c'est déjà compliqué de trouver une place pour rentrer chez moi. Alors avec le parking du vieux port en moins, ça va être invivable". 

Pour les nombreux restaurateurs qui bordent le port, ce ne sont pas les problèmes de stationnement des riverains qui posent problème, mais ceux des touristes, comme le confirme Paola : "durant l'été, les touristes se plaignent déjà régulièrement du manque de places dans les environs. Alors qu'est-ce que ça va être la saison prochaine..."

Mais, comme la majorité des gens qui vivent ou travaillent à l'année sur le Vieux Port, elle reconnaît que ce dernier "va être beaucoup plus joli sans le parking. Alors ça va peut-être se révéler une bonne chose, finalement, et nous amener un surplus de clientèle..."

Projet ambitieux

Pierre Savelli, lui, n'en démord pas : ce projet sera une réussite. Il appelle les réfractaires à regarder A Conca Marina comme le dernier élément d'un tout qui s'inscrit dans le prolongement de l'Aldilonda et du Spassimare, et qui va modifier le visage de toute la ville : 

Maeva, elle, vit rue Vattelapesca, et elle sait que les prochains mois vont être compliqués. Mais elle voit les choses avec philosophie. "On va être obligés de perdre nos habitudes, et de fonctionner un peu différemment. Mais je me souviens de la piétonnisation de la Rue Napoléon. J'avais assisté à des réunions avec les riverains, parce que je travaillais là-bas à l'époque, et c'était carrément la guerre ! Pour les places qui allaient disparaître, déjà. Et aujourd'hui, plus personne ne s'en souvient..."