Deux listes pour une commune : à Biguglia, l'indéboulonnable Sauveur Gandolfi-Sheit, à la tête de la mairie depuis 44 ans, remettra le 15 mars prochain son écharpe en jeu face à Jean-Charles Giabiconi et sa liste "d'ouverture et de rassemblement".
Déjà sept mandats effectués, mais Sauveur Gandolfi-Scheit l'affirme : s'il rempile pour un huitième mandat, ce n'est pas pour goût du pouvoir ou ambition personnelle, mais bien parce que les habitants "[le lui ont] demandé" : "Le 11 janvier [...] pendant les voeux à la population, les gens me disaient "Sauveur, ne nous laisse pas tomber, il faut que tu continues", affirme ainsi cet élu LR qui occupe le poste de maire de Biguglia depuis maintenant 44 ans.
Élu pour la première fois en 1976, à l'âge de 29 ans, le médecin de profession prend alors la tête d'une commune de quelque 800 habitants. En quatre décennies, sa population a considérablement augmenté : elle a été multipliée par 10, avec désormais près de 8500 Bigugliais et Bigugliaises.
Peu de logements sociaux
Point positif pour le maire : le taux de pauvreté de la commune, de l'ordre de 15%, en deçà de la moyenne corse (autour de 20%). Un chiffre qui s'explique cependant en grande partie par le faible taux de logements sociaux construits en ville, 96 en tout, soit 3,5%. Un taux largement inférieur aux 25% imposés par la loi n° 2013-61 du 18 janvier 2013 relative à "la mobilisation du foncier public en faveur du logement et au renforcement des obligations de production de logement social".
Et un manquement qui a un coût pour la commune : près de 200.000 euros par an d'amendes légales.
Les gens m'ont dit "ne nous fait jamais ce qui s'est passé à la cité aurores", qu'on appellait la cité des horreurs. Ce sont mes administrés qui m'ont donné ce conseil, et je les ai écouté.
Un choix pleinement défendu et assumé par Sauveur Gandolfi-Scheit : "Quand j'ai été élu, j'ai fait le tour des quartiers. La majorité des gens installés à Biguglia viennent de la banlieue bastiaise, de Lupinu. Les gens m'ont dit "ne nous fait jamais ce qui s'est passé à la cité Aurore", qu'on appelait la cité des horreurs. Ce sont mes administrés qui m'ont donné ce conseil, et je les ai écoutés."
Outre les nombreux lotissements et maisons individuelles qui la compose, la ville est forte d'un tissu associatif et culturel important, et d'une forte activité économique, avec près de 800 entreprises. Les équipements et structures sportives ne manquent pas non plus : vélodrome, hippodrome, piste de BMX, Biguglia dispose de nombreux équipements sportifs et culturels. Une caractéristique rare pour une commune insulaire de cette taille.
Bientôt une piscine à Biguglia ?
Et Sauveur Gandolfi-Scheit a le projet d'en faire naître un nouveau : une piscine, financée par des investisseurs privés dont le maire sortant se garde pour l'instant de révéler l'identité. Un bâtiment dont les frais de gestion auraient été impossible à assumer annuellement pour la commune. Elle offrira en retour le terrain de construction, explique Sauveur Gandolfi-Scheit.
Malgré la perte de sa députation aux élections législatives de 2017, et malgré les critiques à son égard et les soutiens apportés par d'anciens alliés - "des traîtres"- à son adversaire Jean-Charles Giabiconi, Sauveur Gandolfi-Scheit est aujourd'hui confiant dans ses chances de réélection. Les 70% de voix obtenues en 2014, il en est convaincu, il les obtiendra à nouveau.
Et peu importe ce qu'en diront les sceptiques, à qui il donne rendez-vous le 15 mars pour connaître les résultats.
Une liste d'opposition sans étiquette
Face à Sauveur Gandolfi-Scheit, Jean-Charles Giabiconi, tête de la liste d'opposition "Biguglia per tutti". Biguglia, bastion historique de la droite, peut-elle basculer dans le giron de l'opposition nationaliste ? C'est l'ambition de ce chef d'entreprise de 46 ans, originaire de la commune, et qui bénéficie du soutien de la majorité territoriale.
"Je suis né à Biguglia, explique le militant Femu a Corsica, où j'ai toujours eu une activité associative nourrie et participé à l'activité économique sur ma commune. Les échéances de 2017 m'ont permis de créer une équipe autour de moi, et c'est donc naturellement que nous avons pris la décision de mener cette campagne."
Une équipe et une liste sans étiquette, dite d'ouverture, avec "différentes forces politiques de la ville", et la présence "de mouvements nationalistes, de gens de droite, de gauche, et sans étiquette". Leur volonté, proposer "un projet à l'image de tous les Bigugliais, et qui saura répondre aux besoins de la ville et de ses habitants."
Accroître l'attractivité de la commune
A ses yeux, la commune manque cruellement d'attractivité. "Biguglia s’est constuit par l’agglomération de lotissements, de collectifs sans véritable connexion entre les quartiers, sans construction d’un vrai cœur de ville" regrette ainsi Jean-Charles Giabiconi.
La construction de la ville a fait que les liens sociaux se sont distandus entre les Bigugliais, et nous souhaitons remettre dans notre vision de la ville une organisation qui reccréra ce lien.
Car si le maire sortant, Sauveur Gandolfi-Scheit, estime qu'un coeur de ville est bien existant à Biguglia aux alentours de la mairie avec "un bar, un restaurant, les bureaux de poste", le chef d'entreprise n'est pas d'accord. "Un cœur de ville c’est un endroit qui est fréquenté par des habitants, et aujourd’hui on se rend bien compte que c’est un endroit qui est manquant [à Biguglia]. La construction de la ville a fait que les liens sociaux se sont distandus entre les Bigugliais, et nous souhaitons remettre dans notre vision de la ville une organisation qui reccréra ce lien."
Quant au projet de piscine du maire sortant, Jean-Charles Giabiconi n'y croit qu'à moitié : "Ce n'est pas la première fois qu'on en entend parler".
Il faudra attendre le 15 mars pour connaître les résultats du duel.