La première édition du festival "Camera Pulitica" s'est tenue du 20 au 24 novembre au Spaziu Carlu Rocchi de Biguglia. Derrière ce nouveau rendez-vous pour les cinéphiles : l'équipe d'Arte Mare, qui a toujours promu le cinéma méditerranéen engagé.
Le Spaziu Carlu Rocchi de Biguglia a accueilli pendant quatre jours les amoureux du 7e art. Cette année, l'équipe d'Arte Mare a voulu consacrer un festival à la réflexion citoyenne, en programmant 17 films longs et courts. À cette occasion, la présidente du festival, Michèle Corrotti, a répondu à nos questions.
Pourquoi avoir créé un festival resserré sur le film politique ?
En 2014, nous avions proposé une édition d'Arte Mare consacrée au film politique. C'est un rendez-vous qui avait été assez exceptionnel et qui nous avait fait toucher du doigt l'engouement du public corse pour la politique et sa traduction sur l'écran. Nous avions gardé cet esprit en tête.
Le "Spaziu Carlu Rocchi" est un lieu propice à la discussion grâce à ses différents espaces : la belle salle de projection, la médiathèque, le forum. Nous nous sommes dit qu'un festival politique trouverait bien sa place ici.
Nous voulions que ce soit un festival du film engagé afin d'élargir le propos et le sujet. Ce ne sont pas seulement des films qui montrent des manœuvres politiques avec des élections, mais ils traitent aussi de la société qui peut s'engager dans la vie commune et partagée. Ce qui est finalement la définition première du mot 'politique'.
Au-delà des films, il y avait aussi des débats. Quel était le but ?
C'était une forme de pari fou. C'est l'idée que l'on peut parler de politique, exprimer son avis, ses questionnements, ses doutes à voix haute et les partager avec les autres. Il n'est pas question de détenir une quelconque vérité mais le but de ce nouveau rendez-vous est de se réunir et d'oser parler ouvertement.
Car finalement on s'aperçoit que sur les réseaux sociaux, il y a parfois une parole très libérée, même outrancière. À l’inverse, il y a peu d'espaces publics pour dire les choses sans crainte. On a toujours l'idée que l'expression représente cette chappe et ce poids qui pèse sur la parole. Ce nouveau festival est une proposition, on sait qu'il va falloir l'installer dans le temps, mais c'est assez stimulant.
C'était la première édition, en êtes-vous satisfaite ?
La programmation a été très bien reçue, que ce soit celle des films et de nos invités. Il y a une partie de la manifestation qui s'est déroulée au collège de Biguglia, avec des élèves très motivés et l'autre autour de Roselyne Bachelot qui était notre invitée d'honneur.
Nous avons senti une forte curiosité et un engouement. C'est quelqu'un qui a exercé beaucoup de métiers, qui a de la bouteille en étant ministre tant de fois. Elle a donc énormément de choses à raconter. Pour tous ces débats et ces rencontres, il a fallu aller chercher des chaises de partout, tellement il y avait de monde et d'intérêts pour ces discussions. Nous sommes ravis.
Concernant les films, nous avons eu une grande tempête de trois jours, il a fallu composer avec cette météo. Il y a quand même eu 120 personnes lors de l'ouverture du festival. Au total, sur les quatre jours, nous avons dépassé les 1000 entrées. Je pense que l'accueil a été assez chaleureux pour nous donner envie de continuer.
Une deuxième édition est-elle déjà prévue ?
Pour la deuxième édition, nous pensons offrir une carte blanche à Thierry de Peretti, le parrain du festival. Nous pensons reprendre ce qui a fonctionné et intéressé, comme par exemple, la belle causerie d'Alain Luciani sur Abraham Lincoln et John Ford. Nous lui avons d'ailleurs déjà demandé de réfléchir à sa prochaine causerie.
Nous allons composer aussi autour du thème de l'environnement, avec la question de l'eau, en particulier. C'est un thème crucial, donc il est bien possible qu'une journée de cette deuxième édition, soit consacrée à celle-ci.
Nous déclinerons les thématiques par journée, il y en aura donc une consacrée à l'environnement, nous voulons ensuite rester en lien avec l'actualité. Ne figeons pas les choses à l'avance, nous nous donnons le temps de nous adapter.