"Ça m'a fait me rendre compte que je bois beaucoup plus que je ne le pensais", le Dry January, un défi de plus en plus suivi

Ne plus boire d'alcool pendant un mois : le "Dry January" ou "Défi de janvier" s'est démocratisé en France. Et la Corse n'échappe pas à la tendance : ils sont de plus en plus nombreux, chaque année, à expérimenter une période sans boissons alcoolisées.

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Audrey préfère être honnête : "Depuis le début, je compte les jours. Ce soir, ça fera une semaine, mais je lutte déjà pour ne pas craquer." Pour 2025, en guise de bonne résolution, cette Bastiaise s'est lancé un défi : un mois entier sans une goutte d'alcool.

Un challenge qu'elle entreprend en même temps que son compagnon et plusieurs de ses amis. Motivant, mais pas moins complexe pour cette fêtarde auto-proclamée qui rêve déjà de pouvoir reprendre ses apéros "normaux"... Pas question pour autant pour Audrey de vriller : cette année, c'est sûr, elle réussira son "Dry January".

Janvier sec

Littéralement "janvier sec", les prémices du Dry January remontent à 1942, en Filande. Plongé dans la guerre de Continuation (1941-1944), le pays promeut alors une campagne de santé publique appelant à un "janvier sobre". L'objectif : lutter contre l'ivresse de ses soldats, et donc l'affaiblissement des troupes.

C'est cependant en 2011 qu'on trouve l'origine de l'actuel Dry January. Pour mieux préparer un semi-marathon en février, une Britannique décide de faire une pause avec l'alcool. Impressionnée par "l'énorme impact" de cette décision sur sa santé physique et mentale - comme elle le détaille dans une vidéo Youtube -, elle rejoint deux ans plus tard l'association Alcohol Change, qui lance la toute première édition du Dry January au Royaume-Uni. 4.000 personnes répondent à l'appel. Un chiffre qui n'a eu de cesse depuis d'augmenter, année après année.

Il faut attendre 2020 pour que l'initiative s'implante officiellement en France. Dans un pays où la consommation d'alcool est très répandue - et tout particulièrement celle du vin -, le Dry January ne remporte pas les faveurs de tout le monde... Mais a néanmoins réussi à s'implanter comme un mouvement d'ampleur, largement suivi par la population. En 2024, selon une enquête Frontiers, ce sont 4.500.000 personnes qui y ont pris part, et même 5.100.000 selon Selvitys

Outre le Dry January à la britannique, un collectif d'associations françaises consacrées à la lutte contre les addictions propose également cette année le "Défi de janvier", décliné en application et sur internet. Même principe : ne pas boire d'alcool pendant un mois. Au 7 janvier, plus de 12.300 personnes se sont inscrites pour y participer.

Qu'on parle de Dry January ou de Défi de janvier, c'est en tout cas, à en croire une étude Ifop, plus d'un Français sur quatre - soit 17 millions de personnes - qui envisagent, cette année, de se priver de boissons alcoolisées en janvier.

"J'ai des semaines entières où je bois tous les jours"

La Corse n'échappe pas à la tendance : sur l'île, ils sont un certain nombre à avoir interrompu, ou tout du moins réduit, leur consommation d'alcool depuis le début de l'année.

Une manière de se "défier" pour Leana, la vingtaine : "Ce n'est pas toujours facile parce que l'alcool c'est quelque chose de très social, on a tendance à se sentir toujours un peu en dehors de la fête quand on n'en boit pas. Mais je pense que c'est important de réapprendre à s'amuser sans en avoir forcément besoin", estime cette Bastiaise.

L'alcool c'est quelque chose de très social, on a tendance à se sentir toujours un peu en dehors de la fête quand on n'en boit pas.

Pour elle qui a commencé à boire quand elle avait 15 ans, le Dry January est aussi un moyen de faire le point sur son rapport à la boisson. "Je l'ai fait pour la première fois l'année dernière un peu pour suivre des amis et parce que ça me donnait bonne conscience. Mais ça m'a aussi fait me rendre compte que je bois beaucoup plus que je ne le pensais. Entre les apéros, les repas entre amis ou en famille, les anniversaires, j'ai des semaines entières où je bois un peu - ou beaucoup - tous les jours."

Rejoindre le mouvement l'an dernier a eu pour elle l'effet d'un petit électrochoc. Pas assez pour lui faire totalement arrêter l'alcool, "mais je fais plus attention quand même pour ma santé". Rigoureuse et motivée, Leana l'avoue néanmoins : "Je ne tiendrai pas le mois entier sans rien boire du tout. J'ai des anniversaires donc je sais que forcément, je boirais à ce moment-là. Mais ce ne sera que deux ou trois fois, et je ne prendrai que deux verres plutôt qu'une bouteille, ce qui est déjà un progrès", sourit-elle.

Pour Christophe, la trentaine, le mois de janvier est idéal pour se lancer, parce qu'il comporte "bien moins de tentations" que ceux de fin d'année. "Je ralentis tous les ans automatiquement ma consommation d'alcool parce qu'il y a moins de sorties et donc moins d'occasions pour boire. Ça me permet de calmer le jeu après toute une période d'excès."

Un temps de "pause" aux effets bénéfiques quasi immédiats, assure-t-il : "Quand tu passes le mois de décembre à boire des bouteilles de vin et des Capo Spritz au marché de Noël, dès que tu t'arrêtes, tu vois la différence. Déjà au niveau de la peau, ça donne un plus beau teint, et au niveau de la forme aussi, je suis bien moins fatigué."

Une impression confirmée par les spécialistes : moins consommer d'alcool permettrait ainsi d'avoir un meilleur sommeil - 71 % des participants au challenge ont déclaré mieux dormir, selon une étude de l'Université de Sussex -, réduirait le taux de mauvais cholestérol en moyenne de 9,4 % pour les personnes qui arrêtent de boire pendant un mois, - selon des chercheurs britanniques -, assurerait une plus jolie peau, améliorerait la concentration... Et faciliterait même la perte de poids - compte tenu du nombre élevé de calories des boissons alcoolisées -.

"Que représente ce verre de vin pour vous ?"

Au-delà de l'aspect esthétique, selon le ministère de la Santé, 49.000 décès par an sont imputés à la consommation d'alcool. Elise Charlot, directrice régionale d'Addictions France en Corse le rappelle : "Les dernières recommandations de la Haute Autorité Santé encouragent plutôt à ne pas boire du tout". 

Il faut redécouvrir que l'on peut avoir des moments tout aussi conviviaux, voire plus, sans avoir besoin de boire.

Si l'arrêt pur et simple de la boisson n'est pas au goût de tout le monde, "l'idée, avec des challenges comme le Défi de janvier, c'est de prendre conscience que la consommation d'alcool, si elle est généralisée, ne doit pas forcément représenter la norme. Il faut redécouvrir que l'on peut avoir des moments tout aussi conviviaux, voire plus, sans avoir besoin de boire."

Au-delà de ne pas boire, Elise Charlot appelle surtout à "prendre du recul" sur sa consommation. "Il faut réfléchir à ce que l'alcool représente pour nous. La question à se poser, au-delà de la quantité consommée, c'est aussi la fréquence : peut-être qu'on ne parle que d'un verre de vin par soir, mais que représente ce verre pour nous ? Si on se rend compte qu'on a tous les soirs une vraie attente, une impatience avant de pouvoir consommer ce verre en question, alors c'est qu'il y a peut-être un impact psychique et il est important d'y faire attention."

La question à se poser, au-delà de la quantité consommée, c'est aussi la fréquence : peut-être qu'on ne parle que d'un verre de vin par soir, mais que représente ce verre pour nous ?

Un message pas forcément évident à faire passer, reconnaît la directrice régionale d'Addictions France, dans un pays "où l'alcool fait partie de la culture nationale, et est autant mis en avant que la baguette et le croissant, et la Corse n'est pas moins concernée."

Et si un mois entier semble trop compliqué à accomplir, "une semaine, c'est déjà bien", souligne Elise Charlot. L'objectif étant finalement de ne pas limiter cette initiative au mois de janvier, mais de réfléchir à sa consommation d'alcool toute l'année. Une bonne manière de protéger sa santé... Et bien souvent de faire des économies, aussi.

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