Le bolus continue de faire polémique chez les agriculteurs corses : "ce sont des mesures qui reposent sur l'idée qu'on est des fraudeurs"

Philippe Flori, éleveur bovin, était convoqué cet après-midi à la gendarmerie de Ponte-Leccia, en raison de soupçons de vol de veau. Après 2h30 d'audition, il est sorti sans aucun charge retenue contre lui. Pour la FDSEA, sa convocation met en lumière des mesures de traçage expérimentales inadaptées à la Corse.

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Il est un peu plus de 14 heures ce mardi 9 mai lorsque Philippe Flori se dirige vers le portail de la gendarmerie de Ponte-Leccia, accompagné de Joseph Colombani, président de la chambre d'agriculture de Haute-Corse. 

A quelques mètres, sur le bord de la route qui longe la gendarmerie, plusieurs dizaines d'agriculteurs et de proches sont venus témoigner leur soutien au jeune éleveur bovin, convoqué par les autorités pour une audition libre. 

Vol de veau ?

Tout a commencé le mois dernier, à l'abattoir de Ponte-Leccia. L'un des veaux de Philippe Flori pose problème. S'il a un passeport et une boucle d'identification conformes, on retrouve dans sa panse un bolus appartenant à un autre éleveur. 

Le bolus, c'est une enveloppe de céramique administrée à l'animal par voie orale, qui permet sa traçabilité.

Une précipitation un peu autoritaire, et aussi raciste que débile

Joseph Colombani

"Tout cela découle sans aucun doute d'une confusion due à la présence au même moment, à l'abattoir, de bêtes appartenant à un autre éleveur, mais dans une précipitation un peu autoritaire, et aussi raciste que débile, le jeune se retrouve accusé de vol de veau", révèle Joseph Colombani.  

Le bolus, au cœur du mécontentement

Pour le président de la FDSEA de Haute-Corse, cette affaire met avant tout en lumière "la nouvelle aberration de l'administration française".

"Ce sont les limites de ce fameux bolus. On est les seuls, dans toute l'Europe, à avoir une double identification pour pouvoir bénéficier des aides PAC", affirme Joseph Colombani. "C'est une mesure expérimentale, qui a été prise sans aucune consultation ou concertation, en amont, des éleveurs par les services vétérinaires. Ce sont des mesures qui reposent sur l'idée qu'en Corse, on est des fraudeurs". 

De surcroît, précise le syndicaliste, "à en croire un arrêté du 3 avril dernier, le bolus ne sera opposable que le 1er janvier 2026 ! La convocation est démesurée, elle n'a pas lieu d'être. Nous, on est là pour dire aux autorités qu'elles ne font pas les choses normalement".  

Nous avons tenté de joindre les services vétérinaires de l'Etat, sans succès. 

Protocole

Après deux heures et trente minutes, Philippe Flori est ressorti de la gendarmerie de Ponte-Leccia sans charge retenue contre lui. 

Une réunion est prévue demain matin à Borgo entre la FDSEA, les abattoirs de Corse et les services vétérinaires, afin d'établir un protocole et d'éviter que d'autres éleveurs ne se retrouvent confrontés au même problème que le jeune éleveur bovin. 

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