Jean-François Federici, jugé depuis lundi par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône pour sa participation présumée à un double assassinat commis en février 2011 à Corscia, a été condamné vendredi à 30 ans de réclusion criminelle.
Au terme de 3 heures de délibéré, la cour d'assises des Bouches-du-Rhône a condamné vendredi soir Jean-François Federici à 30 ans de réclusion criminelle, la même peine qu'en 2014, pour sa participation aux assassinats de François-Antoine Mattei, 63 ans, et de son cousin, Jean-Baptiste Mattei, 43 ans, commis en février 2011 à Corscia.
Fiché au grand banditisme, en fuite depuis 2012, Jean-François Federici, avait été condamné en 2014 à 30 ans de réclusion criminelle pour ce double assassinat. Lors de son arrestation en février 2016 dans le Var, il avait fait opposition de cette condamnation par défaut, ce qui lui avait permis d'être présenté devant une Cour d'Assises.
Ses avocats ont indiqué qu'ils allaient faire appel de cette nouvelle condamnation.
Perpétuité requise
Pour l’avocat général Pierre Cortès, la culpabilité de Jean-François Federici est établie. Les trois témoignages qui disculpent l’accusé sont trop tardifs, selon lui. Il affirme que la famille Federici est coutumière des faux témoins.
Dans son réquisitoire, Pierre Cortès dénigre les contre-expertises ADN, qualifiant les experts de la défense de "consultants". L’avocat général requiert donc la prison à perpétuité pour Jean-François Federici, comme en première instance, lorsque l’accusé était en cavale.
"Je suis déçu, je pouvais attendre qu’il soit sévère mais complètement loyal. C’est-à-dire qu’il fasse la démonstration d’une culpabilité. Au lieu de cela, il a nourri son réquisitoire de références à d’autres procès pour tenter d’établir la culpabilité de notre client. A mon avis c’est insuffisant", estime l’un des avocats de la défense.
Une question d'ADN
Au troisième jour d'audience au procès de Jean François Federici à Aix en Provence, la cour d'assises a auditionné Martin Jean Fleur Costa.
Il est présenté par l'accusation comme le guetteur lors du double assassinat des cousins Mattei en février 2011 à Corscia. En première instance, M. Costa avait été acquitté. Le parquet avait fait appel de cette décision. Mercredi, les débats ont porté sur des traces ADN.
La BRI à la barre
Les policiers de la brigade de recherche et d’intervention de Bastia étaient entendus mardi, pour le deuxième jour du procès de Jean-François Federici. Ils sont catégoriques : ils ont vu l’accusé dans la voiture de son cousin, Pierre Federici, en compagnie de ce dernier et d’autres hommes le 17 février 2001, jour de l’assassinat de François-Antoine Mattei, 63 ans, et de son cousin, Jean-Baptiste Mattei, 43 ans.Ils l’ont "rêvé", selon Jean-François Federici. L’après-midi du 17 févier 2011, celui_ci affirme s’être rendu à Loreto pour voir ses neveux. Et pour cela, il a pris des précautions car ils étaient recherchés par la police. A la barre, les neveux en ont témoigné, ainsi qu’un ami de l’accusé.
Pierre Federici, lui, appuie la version de son cousin et déclare ne pas l'avoir vu ce 17 février.
Condamné
Jean-François Federici est soupçonné par la justice d'être le principal instigateur de ce double assassinat présenté par les enquêteurs comme un épisode d'une interminable vendetta en Haute-Corse entre les familles Mattei, du village de Corscia, et Costa, du village de Moltifao.A l'ouverture de l'audience lundi, Jean-François Federici, 59 ans aujourd'hui, a de nouveau nié, comme il l'avait fait en 2011, toute participation à ces assassinats, assurant s'être promené et avoir rencontré ses neveux durant l'après-midi du 17 février 2011 à Loreto.
Pour l'accusation, les assassinats de François-Antoine et de Jean-Baptiste Mattei étaient une riposte à l'exécution de Florian Costa, abattu le 5 décembre 2010 au volant de son véhicule, dans lequel se trouvaient ses deux jeunes enfants.
Les enquêteurs présentent ces actions comme constitutives d'une "spirale mortifère", une "vendetta" opposant les familles Mattei du village de Corscia et les Costa du village de Moltifao, alliés des Federici.
Pierre Federici, le frère de Jean-François, un ancien braqueur de banques devenu gérant de pressing à Bastia, a déjà été condamné dans cette affaire, en dépit de ses dénégations, pour avoir acheminé des membres du commando sur les lieux.