Elle est aux abonnés absents dans les stations de ski corses cette année : la neige, empêchant la pratique de sports d'hiver. Une situation qui a un lourd impact sur l'activité des professionnels du secteur.
Un sol terreux, des arbres verdoyants et un beau ciel bleu : le paysage de la station de ski d'Asco, réouverte en 2015 après 24 ans de fermeture, a tout pour ravir les amateurs des belles choses. Mais au pied des pistes, ils sont nombreux à faire la moue.
En cause : la neige, aux abonnés absents ces vacances de février. Un problème déjà rencontré par le passé. Mais toujours au grand dam des habitués et des travailleurs. "Je guette tous les jours la météo en espérant qu'ils vont annoncer de la neige et qu'on pourra enfin s'y rendre et en profiter, raconte Paul, qui réside à Corte, mais jusqu'ici, c'est sans succès. Les vacances vont se terminer et les enfants sont vraiment déçus de ne pas avoir pu skier."
Un dépit partagé par cette habituée de la station. Météo oblige, elle a laissé ses skis au placard, ce samedi 22 février, et les a troqués contre des bâtons et une paire de bottes de randonnée. "On fait ce qu'on fait habituellement au printemps du coup, de la marche... Le ski de rando, ça ne sera peut-être pas pour cette année, mais on le garde pour l'année prochaine" glisse-t-elle.
"On est à -60, -70% de réservations"
Les plus affectés par ce manque de neige restent cependant les professionnels qui oeuvrent sur le site. Moniteurs de ski, électrotechniciens, mais également restaurateurs et hôteliers, tous constatent des conséquences directes sur leur activité.
Normalement, à cette heure-ci, s'il y avait de la neige, il y aurait déjà 200, 300 personnes sur le site, et le parking serait déjà plein
"Sur la semaine, on est à -60, -70% de réservations, estime Patrice Guerrini, gérant d'un hôtel-restaurant à Asco. En week-end, ça se maintient encore un peu parce que les gens montent pour changer d'air. Mais c'est vrai que cette année, c'est une année particulière. Normalement, à cette heure-ci, s'il y avait de la neige, il y aurait déjà 200, 300 personnes sur le site, et le parking serait déjà plein."
Ce samedi, à peine un tiers de l'espace est effectivement occupé par des voitures. Les places restantes sont elles désespérément vides, comme plusieurs tables du restaurant.
La faute au réchauffement climatique
Une situation qui devrait se répéter d'ici les prochaines années : le modèle climatique prévoit ainsi une baisse du nombre de jours d'enneigement à 1500m d'altitude de 60% d'ici à 2050, et de 80% d'ici la fin du siècle. La faute notamment au réchauffement climatique, en "accélération depuis 2015" explique Patrick Rebillout, directeur du centre météorologique d'Ajaccio.
Pas d'assurance, pour autant, que les mêmes températures, au-dessus des normales de saison, soient recensées l'année prochaine : "Le réchauffement climatique, détaille-t-il, c'est une augmentation de température qui n'est pas linéaire. Une année va être plus chaude qu'une autre, la suivante un peu moins, et caetera".
À ce jour, la station de ski représente 20% de l'activité économique de la commune d'Asco. Alors à la mairie, on réfléchit déjà à plusieurs projets, tels que le développement des activités de pleine nature et la création d'un centre d'accueil, afin de s'adapter aux changements climatiques. Avec l'espoir, tout de même, que la neige ne se transforme pas de sitôt en or blanc de plus en plus rare à dénicher.