Les producteurs corses de clémentines ont financé cinq vols devant acheminer des travailleurs saisonniers marocains à partir de vendredi. En plein contexte Covid, un protocole exceptionnel a été mis en place par les autorités françaises, marocaines, et la préfecture de Haute-Corse.
Les agrumiculteurs insulaires s'en inquiétaient depuis plusieurs mois : avec la pandémie de Covid-19 et les restrictions de passage aux frontières, comment sauver la récolte des clémentines de Corse, en majeure partie assurée chaque année par des saisonniers en provenance du Maghreb ?
Une anxiété à laquelle les autorités françaises ont apporté réponse fin septembre. Le Centre interministériel de crise, rattaché au Premier ministre, a ainsi validé un protocole permettant l’acheminement en Corse par voie aérienne de 902 travailleurs agricoles marocains.
Une procédure négociée conjointement avec la préfecture de Haute-Corse et les autorités marocaines.
Le premier vol au départ de Casablanca a atteri a l'aéroport de Bastia-Poretta ce vendredi 9 octobre, avec à son bord 153 de ces ressortissants marocains.
Tous seront testés à la Covid-19 "au départ et à l'arrivée, puis sept jours après leur arrivée", a souligné Didier Leschi.
Un coût d'opération qui avoisine le million d'euros
Leurs contrats devraient durer entre trois et quatre mois, et tous seront remunérés "selon la réglemenation française" assure François Xavier Ceccoli, gérant d’une station de conditionnement de clémentines."Donc au SMIC français, aux heures supplémentaires françaises et aux charges françaises. Auxuqelles s’ajoute le logement, qui est évidemment à la charge du producteur", précise-t-il.
Le coût total de l'opération estimé avoisine le million d'euros. Plus de 500.000 euros ont été mobilisés pour l'achat seul des billets aller-retour.
Le marché de la clémentine, deuxième puissance économique agricole en Corse
La clémentine de Corse est détentrice d'une indication géographique protégée depuis 2007. Une distinction que les 159 producteurs insulaires s'attachent depuis à préserver.La filière représente aujourd'hui la deuxième puissance économique agricole de l’île, derrière la viticulture, et emploie chaque année entre 1.200 et 1.400 saisonniers uniquement pour les récoltes.
Ainsi, en 2018, 31.250 tonnes de clémentines insulaires ont été commercialisées. Un total qui a chuté à 22.500 tonnes, l'année suivante, soit un recul de près de 30%.
La faute, notamment, aux intempéries du printemps 2019. De fortes précipitations ont alors été enregistrées de mars à mai, gênant la nouaison [phase initiale de formation du fruit, ndlr].