Collectif des médecins libéraux de Haute-Corse : "La situation est préoccupante. On va être obligés de bouger, et fort. Bien au-delà de la grève nationale"

Manque de médecins, mépris affiché pour leur profession par le gouvernement, volonté d'instaurer une médecine à deux vitesses, ... Le collectif, qui compte 230 médecins en Haute-Corse, dénonce une dégradation de l'offre de soin, et promet des mesures radicales pour se faire entendre. L'ensemble des groupes de l'assemblée de Corse apporte "son soutien entier à la profession".

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Depuis deux jours, le téléphone du docteur Cyrille Brunel ne cesse de sonner. Coups de fil et SMS, venus de tout le département, témoignant d'une seule chose : "énormément de colère".

Chez les membres du collectif des médecins libéraux de Haute-Corse, dont il est le porte-parole, on en veut beaucoup à la Caisse d'assurance maladie et à l'agence régionale de santé.

Après la réunion qui s'est tenue le 20 septembre, ils espéraient qu'une partie de leurs doléances seraient entendues. La réponse est arrivée en fin de semaine dernière, et "aucune de nos propositions n'a été retenue, même celles qui ne coûtaient pas le moindre euro", souffle le médecin spécialisé dans le sport. "Ils ont opposé à nos idées des mesures qui ont déjà été mises en place il y a plusieurs années, et qui ne fonctionnent pas. Le ton était très professoral, à la limite du méprisant. L'idée, c'était que leur solution était parfaite, et qu'il fallait juste qu'ils fassent preuve de beaucoup de pédagogie pour qu'on le comprenne..."

Mépris

C'est au mois de juin dernier que le collectif de médecins de Haute-Corse a vu le jour. Ils étaient alors un peu moins d'une centaine de membres, rassemblés pour faire entendre leur inquiétude face à la "dégradation préoccupante de l'offre de soin", alors que jamais le manque de médecins généralistes et spécialisés ne s'est fait autant sentir, en Corse comme dans tout le pays.

Renoncer, ce serait renoncer pour nos patients

Docteur Cyrille Brunel

Nous avions alors rencontré le docteur Brunel, désireux de faire connaître au plus grand nombre les motivations du collectif, et les dangers de la politique sanitaire menée par le gouvernement d'Emmanuel Macron...

Trois mois plus tard, rien n'a changé, selon le collectif. Pire, la fin de non-recevoir qui leur aurait été opposée par la CPAM et l'ARS démontrerait une volonté de continuer sur la voie choisie par Emmanuel Macron, coûte que coûte.

Une démarche qui fait boule de neige

Le problème, c'est que la démarche du collectif a été entendue, et qu'aujourd'hui, ils sont plus de 230, généralistes et spécialistes, à l'avoir rejoint, soit la moitié des médecins du département.

Et ils sont décidés à ne pas se laisser faire. "Renoncer, ce serait renoncer pour nos patients. Ce sont eux qui seront les premières victimes des problèmes d'accès aux soins. On va être obligés de bouger, et fort. Bien au-delà de la grève nationale prévue vendredi 13 octobre prochain". Le docteur Brunel nous montre le contenu de certains SMS, où les praticiens évoquent la possibilité de se déconventionner, ou de faire du dépassement tarifaire systématique. "C'est la première fois qu'on voit ça, ça témoigne d'un vrai ras-le-bol".

Soutien des élus

L'ensemble des groupes politiques de l'assemblée de Corse a publié un communiqué, le 5 octobre dernier, faisant état de leur "entier soutien à la profession et à ses justes revendications". 

Ils demandent, "sans délai, une réponse de l'ARS et des CPAM de Corse sur les différents points : simplification administrative, renforcement de l'attractivité et augmentation des capacités d'adaptation de la profession"

Contactée, l'Agence régionale de Santé a répondu ce jeudi 12 octobre. L'ARS indique que "les  directeurs des CPAM de Haute-Corse et de Corse-du-Sud et la directrice générale de l'ARS ont transmis aux autorités nationales les revendications du collectif comme ils s'y étaient engagés, dans la mesure où les revendications relèvent d'un traitement national et en particuler, au titre des négociations conventionnelles."

"C’est ce qui a été mis en avant dans le courrier de réponse transmis au collectif le 6 octobre suite à la réunion du 20 septembre, poursuit la communication. Le courrier a également eu pour objectifs d’assurer les médecins libéraux de toute la reconnaissance des représentants sur le territoire insulaire de l’Assurance Maladie et de l’Etat et du souci de ces derniers d’être à l’écoute des projets et initiatives des communautés professionnelles dans les micro-territoires pour les accompagner dans leur choix d’organisation et dans les innovations. Et la Corse, de ce point de vue, est particulièrement dynamique."

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