La construction d’un mur en briques entre une villa "les pieds dans l’eau" et la mer, à Corbara fait polémique. Si l’association U Levante s’interroge sur l’absence de servitude de passage des piétons, coté mairie, on assure que le projet est "parfaitement légal".
Un mur en briques édifié à quelques mètres seulement de la mer, au-dessus des rochers. Juste derrière, une villa en construction. Cette photo de la marine de Davia à Corbara, postée sur le site internet d’U Levante, fait polémique depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux.
"Où est la servitude de passage des piétons ?", interroge l’association de défense de l’environnement. Entre la mer et la maison, le paysage escarpé laisse en effet un passage plus que restreint, voire inexistant.
"Parfaitement légal"
Pourtant, le projet serait "parfaitement légal", selon le maire Paul Lions, qui rappelle que le dossier a suivi la procédure habituelle. "Au départ, il y a un avis donné par les élus collégialement, instruit au niveau de la communauté de communes, qui est un service commun déporté, et on respecte strictement les avis donnés par ce service instructeur. Ensuite, il y a le contrôle de légalité, donc ce permis est légal."
Car il ne s’agit pas d’une construction nouvelle, mais de la démolition et de la reconstruction d’une bâtisse datant de 1975. Et pour l’édile, la commune n’avait pas la possibilité d’empêcher la reconstruction : "La situation est ainsi : lorsque vous avez un permis de démolition, reconstruction d'une habitation qui est insalubre - ou pour un autre motif - vous pouvez pas le refuser. C'est la loi qui permet cette procédure, donc nous l'avons respectée dans un zonage qui est effectivement déjà urbanisé."
Pour Paul Lions, la municipalité hérite d’une situation vieille de plusieurs décennies. "C'est tout un littoral qui a été organisé il y a plus de 50 ans, c'est un lotissement qui remonte à 1959, indique le maire. Il y a eu des maisons construites en bord de mer, on ne peut que le déplorer nous aussi, quelque part."
Dossier "à l'étude"
Ces explications données, il regrette "la forme de communication choisie" par l’association de défense de l’environnement. Contactée, celle-ci n'a pas donné suite à nos sollicitations.
Pour le maire de Corbara, c'est l'Etat qui a désormais toutes les cartes en main pour tracer un véritable sentier du littoral et surtout cartographier le domaine public maritime.
Mais les choses ne sont pas si simples. Selon les conclusions d'une enquête publique réalisée en 2010, un sentier du littoral ne peut pas être tracé sur le bord de mer de certaines parcelles de la Marine de Davia, en raison de la géologie. Depuis, plus aucune avancée.
Sollicitée par nos soins, la préfecture affirme que le dossier est toujours à l'étude.
Limiter la spéculation, la consommation de l'espace et la dépossession foncière.
Franck Amadei, adjoint à l'urbanisme
Face à cette situtation, la commune a fini par faire un choix : modifier certaines règles du Plan Local d’Urbanisme (PLU). "Aujourd'hui, sur un projet de démolition reconstruction, on ne peut pas aller au-delà de 4 mètres 50 de hauteur, explique Franck Amadei, adjoint en charge de l'urbanisme. Auparavant, en 2021, on pouvait faire du double niveau. Maintenant, c'est terminé".
Plus d’étages donc, et plus de piscines "olympiques" non plus. "On avait des demandes de piscines qui faisaient 100 mètres carrés. Désormais, on ne peut plus dépasser 35 mètres carrés dans le secteur", indique l'adjoint.
Objectif pour les élus : "limiter la spéculation, la consommation de l'espace et la dépossession foncière".
"On est là au quotidien, on travaille beaucoup, on ne laisse pas faire n'importe quoi ", assure l'élu en charge de l'urbanisme.
Retrouvez le reportage de F.-A. Bernardi et C. Giugliano :