Bustanicu, une tragédie encore dans les mémoires

Septembre 1976 : à Bustanicu dans le Boziu, deux bergers sont retrouvés assassinés. Le coupable, un légionnaire de 19 ans, sera condamné à la réclusion à perpétuité. Mais cette tragédie marquera surtout le début d’une révolte qui débouchera sur la fermeture de la légion étrangère de Corte. 

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Ils s’appelaient Saveriu et Pasquinu Ruggeri. Les deux frères bergers étaient estimés par les habitants de leur village, Bustanicu. Une tranquille petite commune du Boziu, dans le centre Corse.

Le 26 septembre 1976, les corps des frères Ruggeri sont retrouvés dans leur bergerie de Camperunacciu. Ils ont été assassinés par un soldat de 19 ans qui venait de déserter la légion étrangère de Corte. Le coupable est arrêté mais cela ne suffit pas aux habitants du Boziu. Armés de fusils, ils se soulèvent et réclament la fermeture de la légion à Corte.

 

« Toute personne qui avait les cheveux courts et qui ressemblait à un militaire était pourchassée »



À l’époque, Antoine Feracci dirigeait l’agence cortenaise de Nice Matin. Le journaliste se souvient de la « psychose » qui sévissait en ville. En ville, les buzinchi pourchassaient « toute personne qui avait les cheveux courts et qui ressemblait à un militaire, surtout s’il était en civil », car les légionnaires devaient porter l’uniforme. Un jour, sur le cours Paoli, un homme est attrapé, il échappe de peu à la pendaison.

 

 

"Legione fora"



Devant la Cour d’Assises de Bastia, le légionnaire est reconnu coupable et condamné à la réclusion à perpétuité. Mais les habitants du Boziu n’ont qu’une idée en tête, mettre la légion dehors.

Des centaines de personnes descendent dans la rue. Les tags « legione fora » fleurissent sur les murs.  La sous-préfecture est mitraillée, la voiture du sous-préfet plastiquée. Au bout de deux ans, cédant à la pression populaire, la légion quitte la citadelle de Corte.

 

Camperunacciu, lieu de mémoire



Pendant trente ans, aucun bustanicais n’a osé ouvrir la porte de la bergerie de Camperunaccia. Il leur est toujours difficile de parler de la tragédie.
Mais il y a dix ans, une quinzaine de villageois a décidé de restaurer les lieux. Manu Filidori s’en souvient avec émotion. « Tout était resté comme le jour où ils sont morts, comme si la veille, quelqu’un avait habité là ».

Aujourd'hui, les proches des deux bergers veulent rénover le toit de la bergerie. Pour que le Boziu se souvienne de Saveriu et Pasquinu.
 


 
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