Coronavirus : "La Corse est en état d'urgence absolue", un collectif appelle à la massification des tests de dépistage

Le collectif Anti-Covid-19 Corsica, qui rassemble 12.000 signataires, appelle à des dépistages massifs de la population insulaire, ainsi qu'à l'extension aux médecins libéraux du décret qui autorise la prescription de chloroquine en milieu hospitalier.

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Les membres du collectif anti Covid-19 Corsica en sont convaincus : face à la pandémie du nouveau coronavirus, la Corse est "en état d'urgence absolue".

Fondé le dimanche 22 mars par plusieurs membres de la communauté universitaire de Corse, le collectif a depuis été rejoint et co-signé par plus de 12.000 personnes. Parmi elles, notamment, l'ensemble du conseil de l'ordre des médecins et des pharmaciens, assure Antoine Aiello, professeur à l'Université de Corte et membre fondateur du collectif.

Le collectif, par la plume d'Antoine Aiello, a adressé hier, vendredi, une lettre au ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran. Pour Anti-Covid-19 Corsica, le constat est clair : il faut dès à présent mettre en oeuvre des mesures "à même de réduire les risques de surmortalité" dans l'île, où la situation est "particulièrement critique".
 

Lire la lettre ouverte du collectif Anti-Covid-19 dans son intégralité


Massification des tests de dépistage

Dans un premier temps, il est nécessaire, estime le collectif, d'instaurer une massification immédiate des tests permettant de dépister le Covid-19. À ce jour, en Corse, seul le laboratoire du profession Jean Canarelli, à Ajaccio, est habilité à les réaliser. Une situation qui pourrait très prochainement évoluer : le centre hospitalier de Bastia indique avoir reçu le matériel nécessaire pour produire des tests de dépistage, et pourrait débuter les prélèvements dès ce week-end.

L'Université de Corte, déjà dotée des équipements essentiels, a également proposé ses services. Son président, Dominique Federeci, a envoyé mercredi une lettre à l'Agence régionale de santé de Corse demandant que le laboratoire de recherche de la faculté soit agréé. Il passerait ainsi laboratoire de dépistage et de diagnostic.
 
Mais l'agrément se fait toujours attendre. "Nous ne l'avons pas encore reçu, confirme Antoine Aiello, professeur et président honoraire de l’Université de Corse. Vendredi soir, la directrice de l’ARS nous a demandé de préciser des caractéristiques sur notre laboratoire, qui est pourtant connu. Le président de l’Université va les lui transmettre dans la journée, et on espère avoir l'agrément d'ici lundi."
 
 

Des prélèvements déjà réalisés

D'autant plus que le laboratoire, précise Antoine Aiello, effectue déjà, et depuis deux semaines, des tests sur le Covid-19. "Mais il s'agit de tests dans un cadre très précis : celui de la recherche. Il nous faut cet agrément pour que l’issue de ces derniers puisse être exploitée dans le domaine médical afin de poser un diagnostic auprès d’un médecin."

"Aujourd'hui, les pays qui arrivent à s'extraire de la trajectoire de l'Italie - qui recense, ce 27 mars, 86.498 cas confirmés de contamination et 9.134 décès, soit le bilan le plus meurtrier au monde -, ce sont l'Allemagne, la Corée du Sud et le Japon" insiste le professeur.
 

Il faut absolument tester la population, isoler les gens qui sont contagieux, et arrêter la propagation
 

Des pays qui effectuent tous des dépistages importants au sein de leur population. L'Allemagne, par exemple, en réaliserait plus de 500.000 par semaine. La France en est encore bien loin : elle n'en produit à ce stade que 10.000 par jour en moyenne. Un total qui grimperait à 29.000 par jour à partir de la semaine prochaine, selon les dernières annonce du ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran.

"Ce n'est pas suffisant. Il faut absolument tester la population, isoler les gens qui sont contagieux, et arrêter la propagation" insiste Antoine Aiello. 

 

Extension de l'arrêté de prescription de chloroquine aux médecins libéraux

Second point défendu par le collectif : l'extension du décret n°2020-314 du 25 mars à l'ensemble des médecins libéraux. L'arrêté autorise pour l'heure la prescription de l’hydroxychloroquine, molécule dérivée de la chloroquine et au centre du protocole mené par le professeur Didier Raoult à Marseille, aux patients atteints par le Covid-19 "dans les établissements de santé qui les prennent en charge, ainsi que, pour la poursuite de leur traitement si leur état le permet et sur autorisation du prescripteur initial, à domicile."
 

Il est important que la Corse puisse bénéficier de moyens qui lui permettre de s'extraire d'une pandémie qui va faire des ravages

 
"Nous ne sommes pas médecins, souligne Antoine Aiello, mais certains de nos co-signataires le sont et le demandent". Avant de conclure, catégorique : "Il est important que la Corse puisse bénéficier de moyens qui lui permettre de s'extraire d'une pandémie qui va faire des ravages."
 


"Plus tôt le traitement sera donné, plus il sera efficace"

Anti-Covid-19 n'est pas seul à demader une généralisation de la prescription de la chloroquine face au coronavirus.

Philippe Douste-Blazy, médecin et ministre de la Santé sous la présidence de Jacques Chirac (mars 2004 - mai 2005), appelle ainsi dans une vidéo que nous avons pu nous procurer à ce que "tous les médecins français, hospitaliers et libéraux, puissent prescrire s'ils le souhaitent [le traitement du professeur Raoult] aux malades du Covid-19", symptômatiques ou non.
 

"Plus tôt le traitement sera donné, plus il sera efficace" estime le médecin. Pour lui, le protocole médicamenteux ne doit pas être reservé aux malades atteints de formes sévères ou "pire, de détresses respiratoires, pour qui on le sait, il est souvent déjà trop tard".
 

Je fais cet appel parce que nous n'avons pas le temps d'attendre des essais cliniques qui seraient parfaits certes, mais qui arriveraient beaucoup trop tard pour beaucoup de malades


"Je fais cet appel parce que nous n'avons pas le temps d'attendre des essais cliniques qui seraient parfaits certes, mais qui arriveraient beaucoup trop tard pour beaucoup de malades", indique Philippe Douste-Blazy. Le médecin en reste cependant assuré : "Nous avons un devoir de résistance. Oui, nous gagnerons ce combat." 
 
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